Les déboires planétaires de Quebecor World n'entravent pas les visées de grandeur de Pierre Karl Péladeau.

Les déboires planétaires de Quebecor World n'entravent pas les visées de grandeur de Pierre Karl Péladeau.

Le dirigeant a réitéré mardi qu'il voit de nombreuses occasions de croissance «à l'extérieur du Québec» dans le sans-fil.

Quebecor est même prêt à investir plus que les 500 M$ prévus initialement pour lancer son réseau au Canada anglais, a admis M. Péladeau, sans préciser de montants.

«Tout ce que nous pouvons dire pour l'instant, c'est que nous avons l'appui du conseil et de nos actionnaires, ce qui est très important», a souligné le président et chef de la direction pendant une téléconférence.

En dépit de l'enthousiasme du grand patron, l'expansion nationale de Quebecor dans le sans-fil est loin d'être chose faite, disent plusieurs analystes.

L'entreprise devra d'abord acquérir des fréquences -qui seront mises aux enchères dans trois mois par Industrie Canada-, puis financer et mettre sur pied un réseau, avec ou sans partenaire.

Les coûts d'une telle opération pourraient s'élever à 2 milliards, en incluant les pertes subies au départ, d'après certaines estimations.

Le Québec d'abord

Selon un analyste qui a requis l'anonymat, Quebecor devrait plutôt se concentrer au Québec, où il pourra réaliser d'importantes synergies grâce à ses activités existantes.

«Je ne crois pas qu'ils vont aller ailleurs au Canada et je ne crois pas qu'ils devraient le faire», a-t-il dit.

Troy Crandall, analyste en télécoms chez MacDougall, MacDougall & MacTier, souligne de son côté que le groupe pourrait avoir du mal à trouver du financement s'il décide d'investir massivement dans un nouveau réseau.

Les problèmes de l'imprimeur Quebecor World -avec lequel la maison mère a coupé les ponts- de même que la crise actuelle du crédit, risquent de compliquer les choses, estime-t-il.

Iain Grant, analyste au SeaBoard Group, est plus optimiste. «Ça fait un an qu'ils regardent et explorent le sans-fil, et j'imagine qu'ils ont déterminé que le marché était aussi attirant à l'extérieur du Québec.»

Selon M. Grant, les coûts pour lancer un réseau sont plus faibles qu'il y a 10 ans.

Le partage accru des tours de transmission de signaux cellulaires, rendu obligatoire par une récente décision d'Industrie Canada, facilitera l'arrivée de nouveaux fournisseurs, a-t-il expliqué.

«Si on regarde les marchés qui croissent le plus vite, comme l'Inde, il est loin d'être inhabituel pour des concurrents, même les plus féroces, de partager des équipements.»

Le faible taux de pénétration du sans-fil au Canada -environ 60%- de même que les prix élevés facturés aux clients laissent la porte grande ouverte à l'arrivée de nouveaux concurrents, ajoute Iain Grant.