Bellus Santé (BLUS), l'ancienne Neurochem, risque d'être expulsée du NASDAQ parce que sa capitalisation boursière est trop faible. Un symptôme qui illustre à quel point la crise du crédit fait mal aux biotechs québécoises.

Bellus Santé [[|ticker sym='BLUS'|]], l'ancienne Neurochem, risque d'être expulsée du NASDAQ parce que sa capitalisation boursière est trop faible. Un symptôme qui illustre à quel point la crise du crédit fait mal aux biotechs québécoises.

Bellus Santé a reçu un avis du NASDAQ l'avertissant que sa capitalisation boursière avait chuté sous le seuil réglementaire de 50 millions US pendant 10 jours consécutifs. Bellus a 30 jours pour redresser la situation, sans quoi elle sera expulsée de la Bourse new-yorkaise.

Le titre de Bellus a perdu 5 cents US, ou 7,58% hier, pour clôturer à 61 cents US au NASDAQ. À Toronto, où il s'échange aussi, il a perdu 3 cents, ou 3,85%, pour clôturer à 75 cents.

Au banc des accusés, l'entreprise de Laval parle de la crise du crédit. «Les marchés sont difficiles et on souffre du contexte financier», a expliqué Lise Hébert, vice-présidente, communications, soutenant que les activités de l'entreprise progressent à leur rythme normal.

Dirigée par le Dr Francesco Bellini, Bellus Santé est l'ancienne Neurochem. Neurochem a travaillé des années sur un médicament contre la maladie d'Alzheimer dont la commercialisation a finalement été refusée par les autorités. L'entreprise a alors décidé de commercialiser sa molécule sous forme de produit naturel plutôt que de médicament; elle a changé de nom et est repartie en neuf.

L'entreprise a indiqué hier qu'advenant une exclusion du NASDAQ, elle visera une inscription au NASDAQ Capital Market, l'équivalent de la Bourse croissance du TSX. Notons par ailleurs que le TSX possède des règles d'admissibilité différentes et que Bellus estime ne pas être menacée d'exclusion à la Bourse de Toronto.

Même si Bellus n'est plus une biotech au sens strict, le grand patron de l'entreprise Theratechnnologies et président du conseil d'administration de Bioquébec, Yves Rosconi, croit que ses difficultés illustrent une chose: ça va mal au royaume des sciences de la vie.

M. Rosconi rappelle que Bellus peut compter sur la réputation de Francesco Bellini -l'homme a été derrière Biochem Pharma, le plus gros succès pharmaceutique de l'histoire du Québec- et sur le soutien financier de Power Corporation.

«Si ça arrive à eux, imaginez les autres», lance-t-il.

Plusieurs entreprises de biotechnologies vivent actuellement une situation ironique: leur valeur en Bourse n'atteint même pas les montants qui traînent dans leurs coffres. Pour la valeur ajoutée, il faudra repasser.

Ce qui arrive aux biotechs est facile à comprendre. Ces boîtes n'ont souvent aucun revenu et brûlent de l'argent dans l'espoir de découvrir des médicaments. Elles ont donc besoin de liquidités... et de gens prêts à leur faire confiance.

Or, par les temps qui courent, les liquidités et la confiance sont à peu près aussi faciles à trouver que le vaccin contre le sida.

«À la fin de 2007, de 40 à 45% des entreprises de biotechnologies n'avaient pas assez de liquidités pour tenir un an, rappelle Yves Rosconi. Est-ce qu'on s'entend pour dire que si vous aviez des problèmes de financement en 2007, ce n'est probablement pas en 2008 que vous les avez réglés? Imaginez combien de faillites il y a ou il va y avoir.»

Sylvain Boucher, associé chez Ernst&Young qui suit le secteur des sciences de la vie, dresse aussi un portrait plutôt sombre du secteur. Peut-on parler de crise? «Le financement est loin d'être facile, répond-il. On va sûrement voir de la consolidation. C'est quelque chose qui va survenir de gré... ou de force.»