Vous magasinez un prêt hypothécaire? Et tout ce brouhaha économique envers l'inflation et la possibilité de hausses de taux d'intérêt vous fait hésiter entre un contrat à court ou à long terme?

Vous magasinez un prêt hypothécaire? Et tout ce brouhaha économique envers l'inflation et la possibilité de hausses de taux d'intérêt vous fait hésiter entre un contrat à court ou à long terme?

Pourtant, il n'y aurait pas vraiment de quoi s'inquiéter d'une remontée prochaine des taux hypothécaires, affirment des analystes économiques et des spécialistes de ce marché.

«Malgré toutes les spéculations sur la possibilité de hausses de taux des banques centrales pour contrer l'inflation, c'est très peu probable que ça puisse se réaliser. En fait, les économies américaine et canadienne sont bien trop affaiblies depuis quelques mois pour subir une hausse de taux», selon Dale Orr, principal économiste du Canada chez la firme internationale Global Insight, qui livrait hier son aperçu de conjoncture canadienne.

«Nous nous attendons à ce que la Fed (Réserve fédérale américaine) et la Banque du Canada maintiennent un statu quo relatif de leurs taux directeurs pour plusieurs mois, probablement jusqu'au milieu de l'an prochain.»

Perception semblable de la part de Mathieu d'Anjou, économiste principal au Mouvement Desjardins, l'un de plus importants prêteurs hypothécaires au Québec.

«En raison de la faiblesse de l'économie, une remontée du taux directeur au Canada, si elle survenait, serait tout au plus de l'ordre de 25 à 50 points de base (0,25% à 0,5%) d'ici la fin de l'année. Ça s'annonce bien peu par rapport à la baisse de 125 points de base (1,25%) depuis le début de cette année», a souligné M. d'Anjou.

Et pour les emprunteurs hypothécaires? «Leur choix entre un prêt à court terme ou à long terme devrait dépendre de leur flexibilité financière individuelle, plutôt que d'une préoccupation envers une remontée des taux ou non», répond Mathieu d'Anjou.

«L'écart entre les taux hypothécaires variables à très court terme et ceux sur d'un terme de cinq ans, par exemple, demeure important, autour de 100 points de base. Par conséquent, les emprunteurs qui ont un peu de marge de manoeuvre face à une éventuelle hausse de taux, minime sans doute, ont tout avantage à s'en tenir à une hypothèque à court terme, sinon variable.»

Le même conseil prévaut parmi les spécialistes du marché des prêts hypothécaires.

«Les prêts à très court terme et à taux variables demeurent les plus avantageux pour les emprunteurs qui ont une certaine flexibilité budgétaire. Quant au risque de remontée des taux, les économistes nous disent tous qu'il demeure minime en raison de la faiblesse de l'économie», indique Lorraine Trudeau, directrice chez le courtier hypothécaire Multi-Prêts.

Cette firme boucle quelque 20 000 transactions par année au Québec, pour une valeur empruntée proche des 5 milliards de dollars.

D'ailleurs, note Mme Trudeau, le marché hypothécaire demeure «très bon» malgré le ralentissement dans certains segments de l'immobilier résidentiel. Et les institutions prêteuses multiplient encore les rabais hypothécaires pour maintenir ou augmenter leur part de marché.

Toutefois, note Mme Trudeau, il y a encore un grand nombre d'emprunteurs hypothécaires qui, en raison de leur budget serré, recherchent la stabilité d'un terme de cinq à sept ans.

Et pour plusieurs d'entre eux, la hausse vertigineuse du prix de l'essence a comprimé encore plus leur situation financière immédiate.

«C'est sûr que des acheteurs de maison en banlieue qui sont dépendants de l'automobile sont plus préoccupés par le coût de l'essence dans leur budget. Par conséquent, certains d'entre eux sont davantage attirés par la stabilité d'une hypothèque à plus long terme», explique Mme Trudeau.

«Mais ils doivent aussi considérer que cette relative sécurité financière peut coûter cher, au moins 1% à 1,25% de plus en taux d'intérêt. Et un tel surcoût d'intérêt, c'est aussi de l'argent qu'on ne reverra plus dans notre avoir personnel.»