Depuis quelques années, c'est dans l'air du temps. La nouvelle marotte des employeurs est d'accuser de tous les maux les jeunes de la «génération Y». Et en même temps de se creuser les méninges pour trouver un moyen de les retenir dans leur entreprise!

Depuis quelques années, c'est dans l'air du temps. La nouvelle marotte des employeurs est d'accuser de tous les maux les jeunes de la «génération Y». Et en même temps de se creuser les méninges pour trouver un moyen de les retenir dans leur entreprise!

Car les Y aiment changer d'emploi. Tant que ça? Peut-être moins qu'on ne croit, selon une étude réalisée auprès de 27 000 étudiants collégiaux et universitaires du Canada par la firme DECODE, en collaboration avec Brainstorm Consulting et Universum.

Contrairement à la croyance populaire selon laquelle les Y ont tendance à démissionner facilement, 54% des répondants ont indiqué qu'ils souhaitaient rester dans la même entreprise pendant toute leur carrière.

Profil et parenté

Mais ces données n'ébranlent pas Carol Allain, auteur du livre Génération Y -Qui sont-ils, comment les aborder? «Il y aura toujours un pourcentage de jeunes qui recherchent la stabilité et qui auront le même profil que leurs parents, dit-il. Toutefois, ce pourcentage reste inférieur à celui des générations précédentes.»

Par ailleurs, si l'étude remet en cause quelques préjugés envers les Y, elle confirme aussi plusieurs traits de cette génération déjà soulignés par les spécialistes. On dit que les Y sont exigeants, veulent des défis et monter rapidement dans la hiérarchie. L'étude le confirme, car 64% des participants ont déclaré s'attendre à une promotion dans les 18 mois.

Et s'ils ne l'ont pas, ils iront voir ailleurs, confirme Jean-Claude Gagné, associé à la Banque de développement du Canada, consultation.

«Pour ces jeunes, la fidélité à un emploi n'est pas une notion. Changer d'emploi fait partie de leur quotidien.»

Mais il semble que le problème se pose surtout dans les entreprises dont la croissance est faible et qui offrent peu de possibilités d'avancement.

Luc Mainville, président et chef de la direction de LAB Recherche, connaît bien ceux que l'on appelle aussi les Echo Boomers. À l'exclusion des cadres, l'âge moyen de ses 300 employés est de 25 ans.

«Nous n'avons pas vécu de problèmes avec cette génération comme d'autres l'ont vécu, dit M. Mainville. Ces jeunes veulent avancer dans leur carrière. À cause de la croissance importante que l'on connaît ici, ceux qui se voient dans quelques années avec des responsabilités de gestion savent que c'est possible. La voie est tracée pour ceux qui veulent évoluer avec nous.»

Objectif qualité de vie

Selon l'étude, le facteur no1 considéré par les répondants dans le choix d'un emploi après l'obtention de leur diplôme est l'équilibre travail-vie personnelle.

«Ils veulent des conditions de travail très souples qu'ils peuvent moduler selon leurs besoins, dit Jean-Claude Gagné. Leurs passe-temps sont importants, ils veulent prendre des vacances en famille et s'occuper des enfants.»

Ces valeurs sont parfois difficiles à comprendre pour des baby-boomers qui ont créé leur entreprise en travaillant sept jours sur sept. Ils devront pourtant s'adapter. Si, pour le moment, seulement 20% des jeunes Y sont sur le marché du travail à temps plein, dans quelques années, ce sera le cas de 45% d'entre eux, indique Carol Allain.

Inutile, donc, de faire des reproches à ces travailleurs d'un nouveau genre; c'est plutôt le milieu du travail qui doit changer. «Plus l'entreprise démontre sa capacité d'évoluer et de porter des idées nouvelles, plus elle est attirante pour les jeunes», ajoute M. Allain.

Pas étonnant alors que, parmi les entreprises qualifiées d'attrayantes par les répondants de l'étude, on trouve Google et Apple. Les employés de Google, considéré comme l'un des employeurs les plus attirants sur la planète, sont plus que gâtés.

«C'est une entreprise où on peut vivre, dit M. Allain. Tout le côté sensoriel de la personne est activé, et les employés ont accès à une panoplie d'installations, du nettoyeur à sec à la piscine.»

Évidemment, les PME n'ont pas toujours les moyens d'offrir des gâteries à leur personnel. Mais elles doivent reconnaître que les gens ont une vie en dehors du travail, croit Luc Mainville.

«Les gens travaillent fort, nous avons des blitz à donner, mais ils apprécient le fait qu'on ne les pousse pas au bout du rouleau.»