Malgré les difficultés, la Banque TD (T.TD) entend redoubler d'ardeur aux Etats-Unis au cours des prochaines années, a indiqué jeudi le président et chef de la direction de l'institution, Ed Clark.

Malgré les difficultés, la Banque TD [[|ticker sym='T.TD'|]] entend redoubler d'ardeur aux Etats-Unis au cours des prochaines années, a indiqué jeudi le président et chef de la direction de l'institution, Ed Clark.

À l'occasion de l'assemblée annuelle des actionnaires, qui se tenait à Montréal, les dirigeants de la troisième banque en importance au pays ont aussi affirmé qu'ils voulaient occuper une plus grande place au Québec.

Puis, sous la pression d'actionnaires québécois, la TD est devenue la dernière des grandes banques canadiennes à annoncer, jeudi, qu'elle adoptait les principes dits d'Equateur, de sorte qu'elle devra tenir compte des considérations environnementales, sociales et de gouvernance dans ses décisions de financement de projets.

Dans son discours devant les actionnaires, M. Clark a dû admettre que les activités bancaires de la TD aux États-Unis étaient «difficiles» en raison de la forte concurrence, du recul général du rôle des banques et des risques croissants sur les prêts, des facteurs qui ont tous contribué à réduire les marges bénéficiaires.

«Le récent effondrement du taux d'intérêt du financement de deuxième ordre crée un risque de crédit qui pourrait se propager à d'autres parties du marché, a reconnu Ed Clark. Mais selon nous, bien que cette conjoncture rende difficile la croissance du bénéfice à court terme, elle créera également des possibilités à exploiter. Nous connaissons les services bancaires de détail et nous sommes convaincus de notre capacité à livrer concurrence aux meilleures institutions américaines.»

La TD veut reproduire chez TD Banknorth, sa filiale américaine, ce qu'elle a réussi chez TD Canada Trust: améliorer son efficience. D'ici 2008, Banknorth croit pouvoir réduire ses frais d'exploitation de 5 à 8 %.

Bien sûr, tout ne va pas mal aux États-Unis: le courtier TD Ameritrade a enregistré en 2006 des profits record pour une quatrième année d'affilée. Il reste que certains analystes préfèrent la stratégie de la Banque Scotia, qui mise sur les pays en émergence plutôt que sur les Etats-Unis, un marché jugé mature.

Le 18 avril, les actionnaires de TD Banknorth devront se prononcer sur la proposition de la maison-mère de privatiser l'entité, au coût de 3,6 G$ CAN. La semaine dernière, Banknorth a annoncé le licenciement de 400 employés et la fermeture de 24 succursales.

Au Canada, y compris au Québec, la tendance est tout autre.

Au cours des trois dernières années, la TD a ouvert 63 nouvelles succursales au pays, dont 15 au Québec.

En 2007, 30 succursales ouvriront leurs portes, dont sept au Québec. La Banque veut accroître sa présence au Québec, où elle est sous-représentée par rapport à d'autres institutions.

«Votre Banque entrevoit plusieurs occasions de croissance ici, au Québec, et partout au Canada», a déclaré aux actionnaires le président du conseil d'administration de la TD, John Thompson.

Propositions d'actionnaires

À l'assemblée de jeudi, le régime de retraite Bâtirente, de concert avec le Fonds Esther-Blondin, a enregistré une victoire avec la confirmation que la TD respecterait désormais les principes d'Equateur, après une campagne qui a duré plus d'un an.

Les deux groupes ont aussi connu un succès d'estime avec une proposition pressant le conseil d'administration de la TD de tenir compte des critères de développement durable pour la rémunération des hauts dirigeants. La mesure a recueilli pas moins de 12,8 % d'appuis, un niveau très élevé.

«On est très contents», a commenté Laëtitia Tankwe, gestionnaire de risques extra-financiers à Bâtirente, en notant qu'il s'agit d'un sujet «très sensible». Elle s'est réjouie que la Banque ait accepté de «poursuivre le dialogue» sur la question.

L'accueil réservé aux propositions du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires d'Yves Michaud a été plus mitigé: celle demandant plus d'information sur les experts embauchés pour fixer la rémunération des hauts dirigeants de la TD a recueilli 10,1 % d'appuis, mais celle prônant un lien entre le traitement des dirigeants et les succès financiers de l'institution n'a reçu que 3,3 % des votes.

Quant à la proposition prônant un minimum d'un tiers de femmes au conseil d'administration, elle n'a obtenu que 4,8 % d'appuis. Il fait dire que quatre des 15 membres actuels du c.a. de la TD sont des femmes, soit 27 %.

Enfin, à propos des frais de service, Ed Clark a convenu que le ministre des Finances, Jim Flaherty, avait soulevé là «une question légitime».

La TD offre gratuitement ses services aux aînés, tandis que les étudiants ont accès à des forfaits à coût modique, a-t-il tenu à souligner. Pour répondre aux préoccupations liées au manque d'accessibilité, M. Clark a promis d'installer des guichets automatiques à proximité de tous les grands campus au Canada.

Il s'est cependant empressé d'ajouter que seul le marché, à ses yeux, devrait régir les frais bancaires, et non le gouvernement.

À la Bourse de Toronto, jeudi, le titre de la Banque TD a clôturé à 69,84 $, en hausse de 16 cents.