Les consommateurs font naturellement porter le blâme des changements climatiques aux entreprises et aux gouvernements, et ils s'attendent que ce soit d'eux que vienne le leadership dans la lutte contre le réchauffement planétaire.

Les consommateurs font naturellement porter le blâme des changements climatiques aux entreprises et aux gouvernements, et ils s'attendent que ce soit d'eux que vienne le leadership dans la lutte contre le réchauffement planétaire.

Plutôt que d'être un fardeau, il s'agit pour les entreprises d'une excellente occasion d'affaires.

C'est le constat qui émane d'une recherche présentée hier matin dans un atelier du congrès annuel d'ESOMAR, l'Association internationale des professionnels des études de marché et d'opinion.

Utilisant les données du sondage Climate Change Monitor 2007 de la firme GlobeScan, les auteurs montrent que parmi les citoyens de 18 pays sondés, la moitié se sentent coupables de leur impact personnel sur les changements climatiques.

Or, seulement 36% des gens se disent prêts à faire des changements significatifs à leur style de vie afin de combattre les changements climatiques. Pis, 58% des gens croient que les individus ne peuvent pas faire grand-chose contre les changements climatiques.

L'étude montre que «les attitudes des gens en tant que citoyens ne sont pas toujours cohérentes avec leurs comportements en tant que consommateurs».

Si la population est consciente de la nécessité de changement pour faire face au réchauffement planétaire, elle ne veut pas que ce changement lui soit imposé.

Une occasion pour les entreprises

C'est là une occasion pour les entreprises de prendre des initiatives que les consommateurs suivront volontiers, croient Lloyd Hetherington et Fabian Echegaray, deux des auteurs de l'étude.

«Les gens ne changeront pas leur comportement de manière significative, mais ils demanderont du changement de la part d'un tiers pour atteindre le même but», ont-ils dit en substance dans leur présentation aux congressistes.

Il appartient donc aux entreprises de mettre de l'avant des innovations technologiques et écologiques qui séduiront les consommateurs. La technologie est d'ailleurs perçue par les répondants du sondage comme la première solution aux changements climatiques.

Selon les auteurs, les consommateurs sauront récompenser les entreprises qui, à leurs yeux, font les plus grands efforts dans la lutte contre les changements climatiques.

«Les gens demandent de plus en plus d'information sur les sociétés, sur leur comportement, sur leur consommation d'énergie», a noté Lloyd Hetherington, vice-président à la direction de GlobeScan Canada, dans une entrevue accordée à La Presse Affaires.

«Le facteur environnemental fait partie des considérations d'achat de la plupart des consommateurs. Il s'en vient presque aussi important que les autres, ajoute-t-il. Le vert devient la norme.»

Les entreprises doivent même viser au-delà des attentes actuelles des consommateurs.

Lloyd Hetherington donne l'exemple de Toyota, qui a commencé à mettre au point sa technologie de voiture hybride bien avant que la demande pour ce genre de véhicule ne le justifiât. Cela a donné la Prius, et les ventes ont suivi.

Une autre présentation du congrès mettait en vedette Nokia, qui lance une vaste campagne de recyclage de téléphones cellulaires même si seulement 3% des gens recyclent leur vieil appareil, selon une étude commandée par le fabricant finlandais.

Dave Riley, représentant de Nokia au Royaume-Uni, a souligné que si Nokia ne le faisait pas dans ce but, la société s'attendait néanmoins à des retombées positives sur le plan commercial.

«Il y a un lien entre la réputation des entreprises et la performance dans le marché», ont d'ailleurs indiqué MM. Hetherington et Echegaray dans leur présentation.

L'exception canadienne

Selon les résultats du sondage GlobeScan, le Canada est l'un de ces pays d'exception où la volonté de faire face aux changements climatiques est présente et où les comportements individuels sont conséquents.

«En tant que consommateurs, ils agissent et ils croient que cela fera une différence», explique M. Hetherington.

«Considérant cela, les entreprises peuvent être plus dynamiques dans la mise en marché de produits qui seront perçus comme pouvant faire une différence, explique M. Hetherington. Les Canadiens sont prêts pour du leadership en la matière.»

UNE PREMIÈRE À MONTRÉAL

Le 61e congrès annuel de l'Association internationale des professionnels des études de marché et d'opinion (ESOMAR), qui a lieu cette semaine au Palais des congrès de Montréal, était organisé pour la première fois hors de l'Europe. Question de montrer que le poids du membership européen diminue, que l'association est plus globale que jamais, selon ce qu'a expliqué la directrice générale Véronique Jeannin à La Presse Affaires. Un millier de participants de 60 pays sont réunis afin de discuter des enjeux entourant la recherche sur les marchés, les consommateurs et les entreprises.