Des Bourses qui s'écrasent, un huard difficile à suivre et une bulle des ressources naturelles qui explosent. Ajoutez à ce cocktail des Américains incapables de payer leur hypothèque et des banques à vau-l'eau. 2008 passera à l'histoire comme une année très pénible d'un point de vue économique. En cette fin d'année, Stéphane Paquet y va d'une série de chiffres qui ont marqué cette annus horribilis.

Des Bourses qui s'écrasent, un huard difficile à suivre et une bulle des ressources naturelles qui explosent. Ajoutez à ce cocktail des Américains incapables de payer leur hypothèque et des banques à vau-l'eau. 2008 passera à l'histoire comme une année très pénible d'un point de vue économique. En cette fin d'année, Stéphane Paquet y va d'une série de chiffres qui ont marqué cette annus horribilis.

-9,3% en une séance

Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'automne a été rock&roll en Bourse. Un rock aux sonorités graves, tirant vers le bas. À Toronto, la pire journée a eu lieu le 1er décembre, alors que l'indice principal a fondu de 9,3%. Il s'agissait de sa pire perte en pourcentage depuis le krach d'octobre 1987. En fait, depuis le début de l'année, le S&P/TSX a reculé de 38%, le S&P500 de 40% et le Dow Jones de 35%.

BCE perd 13,10$

Investisseurs canadiens, dites-vous qu'il y a un petit peu de vous autres, là-dedans. Ces 799 milliards, 288 millions et 695 et 471 dollars représentent la perte de valeur à la Bourse de Toronto entre le début 2008 et la fin novembre.

Pour mettre les choses en perspective, sachez que ces quelque 800 milliards équivalent grosso modo à la moitié du PIB canadien, c'est-à-dire la valeur de tous les biens et services produits sur le territoire en un an. Autres comparaisons: c'est quatre fois les dépenses de programmes fédéraux ou encore 30 fois ce que rapporte la TPS au fisc canadien. Bref, c'est beaucoup!

-1,93 million d'emplois

Depuis le début de l'année, l'économie américaine a éliminé 1,93 million d'emplois. En fait, comme les données n'incluent pas décembre, on peut déjà présumer que le cap des 2 millions sera franchi allégrement.

De ce côté-ci de la frontière, malgré la crise du secteur manufacturier en général et de l'auto en particulier, l'économie canadienne a créé pas moins de 132 700 emplois en 2008. Avant de nous réjouir trop vite, rappelons que le cycle économique canadien est souvent six mois en retard sur celui des États-Unis et que le Canada a perdu 70 600 jobs en novembre.

Elle est trop facile, celle-là. Je vous laisse deviner, avec quelques indices: États-Unis, Fed, Bernanke... taux. Si vous n'avez pas encore pigé, pensez au Japon des années 90.

6,1 milliards de radiation

La crise financière a eu son impact chez les banques canadiennes qui devraient, pour cette raison, radier pour 6,1 milliards de dollars d'actifs cette année. L'estimation est celle de Kevin Choquette, de Scotia Capitaux, qui souligne que la CIBC devrait en avoir pour 4,5 milliards à elle seule.

On ne pourra pas reprocher au financier Bernard Madoff, 70 ans, d'avoir fait les choses à moitié. Tant qu'à escroquer les gens comme l'accuse le FBI, aussi bien s'en prendre aux riches et célèbres et monter une fraude pyramidale de 50 milliards. Question comme ça pour réfléchir entre la dinde de Noël et le champagne du 31 décembre: elle était où, la SEC, le gendarme des marchés pendant que monsieur Madoff jouait aux pharaons et montait sa pyramide?

La main de l'État chinois a l'habitude d'aller jouer dans l'économie. C'est encore plus vrai depuis que Pékin a annoncé un plan de relance de l'économie de 4000 milliards de yuans, soit au taux actuel plus de 700 milliards de dollars canadiens. Cette somme représente 78% des revenus fiscaux de la Chine en 2007.

Pékin entend dépenser la manne au cours des deux prochaines années. Déjà, au début du mois, l'agence officielle Xinhua rapportait que les provinces sont à la recherche de projets d'investissement. Avec ce ralentissement chinois, ce sont les derniers fragments de la théorie du découplage des économies qui ont foutu le camp!

De janvier à novembre, le nombre de maisons en situation de forclusion aux États-Unis étaient en hausse de 44% par rapport à 2007, soit 2,9 millions de résidences. Ce nombre inclut tant les propriétaires en défaut de paiement, ceux qui ont franchi l'étape de la mise aux enchères, que ceux qui ont remis leurs clés à la banque, selon l'organisme Realty Trac.

75 milliards d'hypothèques

Les marchés financier et immobilier canadiens ont beau mieux se porter qu'au sud de la frontière, le ministère des Finances a débloqué 75 milliards pour «soutenir la disponibilité du crédit à long terme». Ainsi, Ottawa est prêt à racheter jusqu'à 75 milliards de dollars de prêts hypothécaires.

Fait à noter, Ottawa a prévu que l'exercice lui permettrait de faire de l'argent. L'an prochain, le gain devrait même être de 1,1 milliard, compte tenu que les hypothèques sont financées à un taux plus élevé que celui accolé à la dette canadienne.

Le taux directeur islandais à 18%

Aux prises avec un système bancaire en faillite, l'Islande a haussé son taux directeur à 18% à la fin octobre, une hausse de six points d'un seul coup.

Moins de deux semaines plus tôt, la Banque centrale d'Islande avait fait passer son taux de 15,5% à 12%. Pour la stabilité, faudra repasser!

347 millions pour le pauvre Ontario

Comme ils disent à Toronto, l'Ontario fait maintenant partie des «have-nots», ces provinces sans le sou qui reçoivent un chèque de péréquation. Ottawa a annoncé que l'Ontario recevrait en 2009 un chèque de 347 millions, une première dans son histoire. Le Québec, lui, en recevra 8,36 milliards.

-0,4% de croissance

Ils travaillent fort, aux Finances à Ottawa! Jim Flaherty a déjà présenté un budget au printemps dernier, un énoncé en novembre, une autre mise à jour cette semaine... Résultat, selon les dernières prévisions, qui se basent sur un consensus des grandes banques, le PIB réel du Canada devrait reculer de 0,4% en 2009. En novembre, on tablait plutôt sur une hausse de 0,3%. Déjà, l'énoncé précisait que cela constitue «la plus faible croissance du PIB réel sur une moyenne de deux ans au Canada depuis le début des années 90».

149,4 cents le litre d'essence

Ça semble faire une éternité et pourtant, dans la semaine du 30 juin, le prix moyen du litre d'essence a fracassé un record à Montréal. Son plus bas? La semaine dernière, avec un prix moyen de 78,1 cents le litre. Comme le prix moyen pour l'ensemble de l'année est de 121,9 cents, soit quelque 15% de plus qu'en 2007 et que la consommation est restée presque stable, les Québécois ont payé près de 1,5 milliard de dollars de plus en essence cette année.

Fin février, il fallait 102,54 cents US pour acheter un huard. Le 20 novembre, 77,15 cents US étaient suffisants, un écart de 25,39 cents en neuf mois. Essayez de planifier des exportations ou des achats aux États-Unis maintenant!

-76,02% de valeur

Ceux qui ont misé sur les entreprises inscrites à la Bourse de croissance TSX cette année ont été quittes pour toute une... décroissance. Entre son sommet de janvier et son creux de la fin novembre (à 691,95 points), l'indice des petites capitalisations a perdu plus des trois quarts de sa valeur. Deux raisons sautent aux yeux: alors que le crédit s'est raréfié, les titres plus spéculatifs ont été les premiers frappés. Ensuite, comme plusieurs entreprises font de la prospection minière et que la valeur des minerais a fondu, les titres de ces sociétés se sont retrouvés au fond de la mine... et certains risquent de ne jamais remonter à la surface. Selon l'Association de l'exploration minière du Québec, 40% des entreprises minières juniors sont en situation critique.

291$US pour Google

Le 12 novembre, le titre de Google est passé sous les 300$US pour la première fois depuis plus de trois ans. Le 6 novembre 2007, le titre du moteur de recherche a atteint son sommet, à 741,79$US. Hier, il a fini la séance à 310,17$.

L'inflation à 231 000 000%

Vous avez bien lu, il n'y a pas d'erreur dans le titre. En fait, il peut y en avoir une: les données sur l'inflation au Zimbabwe datent de juillet. Depuis, les économistes croient que la hausse des prix va encore plus vite, notant qu'ils doublent quotidiennement. L'espérance de vie suit une tendance contraire: en 1990, elle était de 63 ans, contre 40,9 ans en 2005, selon l'ONU.

700 milliardsUS pour les banques

Des Américains la trouvent dure à avaler, celle-là. Leur gouvernement, qui semble s'inspirer du modèle économique français, a croqué à pleine bouche dans les banques américaines pour s'accaparer une partie de leur capital.

Le plan Paulson, adopté en octobre après moult rebondissements, prévoyait à l'origine que l'État rachèterait des créances douteuses aux banques. Dans les faits, Washington a aussi imité l'Europe en injectant des capitaux dans les banques, les grandes comme de plus petites.

C'est aussi dans cette cagnotte que, hier, le président Bush a décidé de puiser pour aider General Motors et Chrysler: 13,4 milliards dans un premier temps, qui devraient être suivis de quatre autres milliards en février.

Cette question a tellement préoccupé les Américains que le mot le plus recherché cette année sur le site internet du dictionnaire Merriam-Webster a été... «bailout» ou, si vous préférez, plan de sauvetage. Et le troisième? Socialisme!

Bien malin qui aurait pu prédire, il y a un an, que les Américains se retrouveraient autour de la dinde des Fêtes sans trois des cinq grandes banques d'affaires qui ont fait la pluie et le beau temps sur Wall Street. Dans la chronique nécrologique, il y a d'abord eu Bear Stearns en mars, puis ce fut au tour de Lehman Brothers et Merrill Lynch en septembre. Ne restent plus Goldman Sachs et Morgan Stanley, qui ont toutes deux obtenu l'accord de la Fed pour se transformer en banque traditionnelle.

BCE perd 13,10$

Le 26 novembre, le titre de BCE a perdu plus du tiers de sa valeur, clôturant à 25,25$. Un avis de solvabilité de KPMG venait de couler la vente du géant à un consortium dominé par Teachers'. En une journée, la valeur de BCE a ainsi reculé de quelque 10 milliards.