D'ici 2020, les industries réglementées au Canada devront avoir réduit leurs émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport à leurs émissions de 2006.

D'ici 2020, les industries réglementées au Canada devront avoir réduit leurs émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport à leurs émissions de 2006.

C'est dans ce contexte que la Bourse de Montréal lancera, le 30 mai, le Marché climatique de Montréal, une bourse qui offrira «aux entreprises la souplesse nécessaire pour s'ajuster face à ces nouvelles réalités environnementales à moindre coût. Ça encourage les bons comportements environnementaux», a expliqué hier

Léon Bitton, vice-président recherche et développement à la Bourse de Montréal, à l'occasion d'une conférence qu'il donnait à Trois-Rivières au congrès annuel de l'Association québécoise pour la maîtrise de l'énergie.

«Le Marché climatique de Montréal permet à une société (industrielle), qui n'a pas nécessairement les outils nécessaires pour atteindre l'objectif à l'intérieur de l'horizon temporel fixé par le gouvernement, d'aller sur le marché acheter des crédits (de carbone)», explique-t-il.

Toutefois, précise le conférencier, «c'est toujours plus avantageux d'investir dans les nouvelles technologies et l'amélioration de procédés plutôt que d'aller sur le marché parce que le marché, c'est quand même une forme de pénalité parce qu'on doit acheter des crédits pour se conformer.»

La bourse du carbone «est un marché, selon la Banque mondiale, qui était évalué en 2006 à près de 100 milliards $. Il va connaître une croissance phénoménale», prévoit Léon Bitton.

Le portefeuille affecté

«Cette monétisation du carbone n'aura pas d'impacts seulement sur les sociétés industrielles», ajoute-t-il.

«Vous êtes un investisseur institutionnel ou particulier et vous avez dans votre portefeuille les actions d'une société qui offre une bonne performance en matière environnementale? À ce moment-là, aucun changement», dit-il.

Si toutefois elle ne peut atteindre ses objectifs de réduction, «vous aurez dorénavant un nouveau coût rattaché à cet effort de réduction qui va paraître dans les bilans de la société», prévoit M. Bitton. Ça aura de l'impact sur les profits de la société.

Le gouvernement aura un rôle clef à jouer dans la dynamique de la nouvelle Bourse climatique de Montréal.

Par exemple, explique le conférencier, plus les cibles de réduction sont contraignantes, plus on crée de la rareté, donc plus on crée de la demande.

Le Marché climatique de Montréal (MCeX) est plus qu'une bourse du carbone.

Fruit d'une alliance entre la Bourse de Montréal et le Chicago Climat Exchange (CCX), il s'intéressera à divers enjeux environnementaux comme les polluants atmosphériques et «éventuellement les enjeux au niveau des quotas qui pourraient être imposés sur l'eau», laisse entendre Léon Bitton.

Pour l'instant, la bourse du carbone demeure quelque chose de régional parce que le prix d'une tonne de CO2 varie d'un pays à l'autre.

En effet, «c'est le gouvernement qui définit quels sont les crédits admissibles à la conformité», signale-t-il.

Ainsi, au Chicago Climate Exchange, une tonne de CO2 est évaluée à environ 5 $, mais en Europe, elle vaut 22 Euros.

Si vous êtes vendeur de crédits de CO2, votre projet devra être déposé auprès d'Environnement Canada qui certifiera que les crédits émanant de votre projet puissent être achetés par les sociétés industrielles canadiennes qui doivent réduire leurs émissions, indique M. Bitton.