«Pendant que tu faisais ton discours, le stock a gagné 25 cents. Peux-tu recommencer s'il te plaît?»

«Pendant que tu faisais ton discours, le stock a gagné 25 cents. Peux-tu recommencer s'il te plaît?»

Serge Godin, fondateur et président du conseil de CGI [[|ticker sym='T.GIB.A'|]], était tout sourire quand il a lancé cette boutade au grand patron Michael Roach, mardi, durant l'assemblée annuelle des actionnaires.

Le titre de CGI a gagné 9% au cours de la journée, peu après l'annonce de la fin de sa restructuration et de marges bénéficiaires plus fortes que prévu.

Enthousiastes, les dirigeants ont réitéré leur objectif de doubler à court terme la taille de la société spécialisée en technologies de l'information.

«On a environ 25 000 employés dans le monde. Au cours des trois à cinq prochaines années, alors qu'on doublera les revenus, on croit que le nombre d'employés doublera aussi. D'ici trois à cinq ans, on prévoit que CGI comptera de 40 000 à 55 000 employés», a avancé Michael Roach en entrevue à La Presse Affaires.

L'assemblé de mardi et le rebond du titre en Bourse viennent boucler une année sombre pour CGI. Le printemps dernier, l'entreprise a supprimé 1000 emplois à Montréal et Toronto, conséquence directe d'un programme de réduction des coûts amorcé chez son principal client Bell Canada. L'impact des taux de change a aussi frappé CGI de plein fouet.

Les résultats présentés hier pour le premier trimestre de 2007 portent encore la marque de la restructuration. En témoigne une charge spéciale de 23 millions de dollars, qui a fait fondre les profits à 43,7 millions, par rapport aux 56,9 millions enregistrés il y a un an.

Les revenus, pour leur part, ont légèrement grimpé pendant le premier trimestre, pour atteindre 904 millions de dollars. Un gain de 1%.

Les analystes ne se montrent pas exubérants quant aux résultats annoncés hier. Mais tous ceux que nous avons consultés reconnaissent que CGI a bien fait ses devoirs pour améliorer sa santé financière.

«Les revenus dépassent de 1% mes attentes, les marges ont continué à s'améliorer grâce à la restructuration, ce à quoi je m'attendais.

Le bilan est un peu meilleur que prévu, à cause des flux de trésorerie très élevés», a observé David Wright, analyste chez BMO Marchés des capitaux, pendant un entretien téléphonique.

Les flux de trésorerie ont atteint 166,4 millions pendant le trimestre, soit 102,8 millions de plus qu'il y a un an. CGI a par ailleurs réussi à retrancher 92,2 millions à sa dette, en plus de continuer son programme de rachat massif d'actions, qui a mené à l'élimination du quart des titres en circulation.

Retour au mode croissance

Les résultats à venir en 2007 devraient refléter pleinement les mesures de réduction des coûts prises au cours des derniers mois, si l'on se fie à Michael Roach.

«Avec les résultats de ce trimestre, on a complété la restructuration, a dit le président et chef de la direction de CGI. Il n'y aura pas d'autres charges liées à la restructuration et on n'a pas l'intention de réduire notre main-d'oeuvre. En fait, on prévoit faire des embauches dans plusieurs secteurs en réponse à la demande de nos clients.»

CGI espère doubler sa taille d'ici 2010 autant par sa croissance interne que par des acquisitions aux États-Unis et en Europe. Certains analystes doutent du réalisme de cet objectif, mais les dirigeants de l'entreprise semblent convaincus.

«Nous sommes très confiants que le marché est là, qu'on a la stratégie pour réussir dans ce marché tout en doublant la taille de l'entreprise et en créant une bonne valeur pour nos actionnaires», a fait valoir Michael Roach.

Selon une étude commandée à la firme IDC par CGI l'an dernier, 13% des 2000 plus grandes entreprises américaines prévoient sous-traiter leurs activités de technologies de l'information d'ici trois ans.

CGI espère évidemment empocher une bonne part du gâteau. CGI mise gros sur l'Inde, où elle compte déjà 1200 employés. À terme, la société veut faire travailler 5000 personnes dans le vaste pays asiatique.

Le titre de CGI a clôturé à 8,95$ mardi à la Bourse de Toronto, en hausse de 9,01%, ou 74 cents.

Gros carnet de commandes

En conférence de presse après l'assemblée des actionnaires de CGI, les dirigeants Serge Godin et Michael Roach ont tenu à défendre la vigueur du carnet de commandes de l'entreprise. À 12,55 milliards de dollars, il est plus maigre de 350 millions qu'il y a un an. Or, ont-ils dit, il faut considérer le carnet de commandes sur le long terme, et non pas sur une base trimestrielle.

La «durée de vie» actuelle du carnet est d'environ sept ans. «On pourrait arrêter de faire des ventes maintenant, on aurait encore des revenus de 12,6 milliards qui s'en viennent», a illustré M. Godin.