La débâcle du crédit hypothécaire à risque coûtera près de 150 milliards US aux investisseurs, estime la banque d'affaires française Calyon, filiale du Crédit agricole.

La débâcle du crédit hypothécaire à risque coûtera près de 150 milliards US aux investisseurs, estime la banque d'affaires française Calyon, filiale du Crédit agricole.

Des saisies pourraient toucher 20% des 1300 milliards US de titres de créances hypothécaires à risque en circulation, selon un bulletin d'analyse publié mercredi.

En présumant que les investisseurs pourront recouvrer la moitié de leurs capitaux, les pertes s'élèveraient à 130 milliards US.

Il sera aussi probablement impossible de récupérer quelque 20 milliards US sur les 1000 milliards US accordés en prêts hypothécaires de catégorie Alt-A aux emprunteurs plus solvables, mais ne correspondant pas aux critères habituels.

Le Banque centrale européenne (BCE), la Réserve fédérale américaine et plusieurs autres banques centrales ont injecté plus de 350 milliards US dans les marchés financiers de la planète depuis le 9 août de crainte que la crise du crédit hypothécaire à risque aux États-Unis ne restreigne l'offre sur le marché des prêts et ne propulse à la hausse les taux d'intérêt à court terme.

Depuis que cette crise s'est profilée en début d'année, les critères d'obtention des prêts à la consommation se sont resserrés et «pas seulement pour les hypothèques, mais aussi pour les prêts auto et les cartes de crédit», avance dans le bulletin d'analyse Dilip Parameswaran, directeur de l'analyse du marché du crédit en Asie pour Calyon.

Le désintérêt accru des investisseurs pour les titres de créances hypothécaires a provoqué l'effondrement de plus de 70 prêteurs hypothécaires et d'une demi-douzaine de fonds spéculatifs aux États-Unis depuis le début de l'année.

La multiplication appréhendée des défauts de paiements a incité les banques à restreindre les lignes de crédit accordée aux prêteurs hypothécaires.

Comme les Américains classés dans le quintile inférieur de revenu, dont la plupart des détenteurs de prêts à surprime, ne représentent que 8% de la consommation des ménages, «cela risque de ralentir, mais pas d'étouffer la croissance économique», indique M. Parameswaran.

D'autres observateurs estiment que les pertes imputables à la crise du marché du crédit à risque varieront entre 50 et 200 milliards US, peut-on lire dans le bulletin. Le mois dernier, le président de la Fed a fait allusion à des analyses prédisant des pertes oscillant entre 50 et 100 milliards US.

En 2006, 461 firmes financières ont affiché des profits de 198 milliards US sur des actifs de 15 460 milliards US et une capitalisation boursière globale de 7620 milliards US, indique Calyon.

«Bien que les pertes à prévoir dans le marché du crédit à surprime ne risquent pas d'être énormes, les marchés ignorent encore à qui incombera la tâche de soigner les plaies», écrit M. Parameswaran.

Ce n'est que dans deux à trois ans que l'on pourra mieux évaluer les pertes alors que les biens immobiliers saisis auront été revendus, estime le spécialiste.