Les milieux d'affaires croient qu'une hausse de 25 cents du salaire minimum est un peu trop importante. Les organisations de défense des démunis estiment qu'elle est trop modeste. Un économiste considère que c'est probablement juste assez.

Les milieux d'affaires croient qu'une hausse de 25 cents du salaire minimum est un peu trop importante. Les organisations de défense des démunis estiment qu'elle est trop modeste. Un économiste considère que c'est probablement juste assez.

Le gouvernement Charest fera passer le salaire minimum de 7,75$ à 8$ au printemps prochain, selon le chef de bureau de La Presse à Québec, Denis Lessard. Il s'agira de la plus forte augmentation en 10 ans, soit une hausse de 3,2%. Or, en un an, le salaire horaire moyen n'a augmenté que d'un pour cent au Québec.

"Je pense que le gouvernement aura un job de justification économique à faire", a déclaré le président pour le Québec de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, Richard Fahey.

Il croit que les entrepreneurs n'auront pas le choix: ils devront soit hausser les prix de leurs produits, ce qui pourrait alimenter l'inflation, soit réduire leurs besoins en main-d'oeuvre.

La présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Isabelle Hudon, s'est dite ambivalente face à une hausse de 25 cents du salaire minium.

"Est-ce que les entreprises devront couper les investissements dans l'innovation? s'est-elle demandé. Ce sont ces investissements qui leur permettent d'être plus productives et de créer plus de richesse."

La responsable du Front de défense des non-syndiqués, Mélanie Gauvin, a soutenu de son côté que la hausse de 25 cents était insuffisante pour ramener les travailleurs au niveau du seuil de faible revenu. Pour atteindre ce seuil, une personne travaillant 40 heures par semaine devrait pouvoir compter sur un salaire horaire de 10$.

La chef de Québec solidaire, Françoise David, a rappelé que dans le passé, les entreprises criaient toujours lorsque le gouvernement haussait le salaire minimum, prédisant fermetures et chômage.

"Il ne s'est jamais rien passé, a-t-elle lancé. Je n'accorde pas l'ombre d'un crédit à ce discours-là."

Elle a ajouté que le fait de hausser le salaire minimum permettait de faire tourner davantage l'économie locale en rehaussant le pouvoir d'achat des bas salariés.

Marc Van Audenrode, professeur d'économie à l'Université de Sherbrooke, a soutenu que le salaire minimum idéal devrait représenter entre 40 et 45 % du salaire horaire moyen. En haut de cette fourchette, les entrepreneurs risquent de diminuer leurs besoins en main d'oeuvre, ce qui toucherait surtout "les gens qu'on essaie d'aider".

La hausse envisagée par le gouvernement se situerait à l'intérieur de cette fourchette.

"Ce ne serait pas catastrophique, a déclaré M. Van Audenrode. Mais aller à 10 dollars, je peux vous garantir que le taux de chômage des jeunes passerait à 25 % en un an."