Même pour faire des affaires financières, il est payant de passer au vert.

Même pour faire des affaires financières, il est payant de passer au vert.

Valeurs mobilières Desjardins (VMD), le courtier de Desjardins, a ainsi aménagé son nouveau siège social en respectant les normes LEED (Leadership in Energy & Environment Design), une bible nord-américaine du développement durable dans l'immobilier.

VMD a inauguré mardi dernier ses locaux dans l'immeuble Le Windsor, à Montréal, et s'attend à décrocher sa certification LEED d'ici le début de 2008, déclare à La Presse Affaires le directeur administratif Donald Côté.

Ce serait une des premières certifications LEED obtenues au Québec pour l'aménagement intérieur, souligne-t-il.

Donald Côté parle déjà de «succès, même s'il est intangible encore», faute de données suffisantes pour prouver les économies d'exploitation.

Par contre, les commentaires des usagés sont éloquents. «Les clients sont ébahis par l'immeuble innovateur et les employés sont presque à 100% satisfaits. Ils apprécient les locaux pour leur beauté, leur confort et la satisfaction de leurs besoins», explique Donald Côté.

«Pas de photos», ont d'ailleurs demandé les employés à Donald Côté, ou du moins pas trop, car les flashs des appareils des visiteurs se multipliaient et les dérangeaient dans leur travail.

Pourtant récentes, les normes LEED font déjà un tabac dans la construction d'immeubles à bureaux, mais les progrès restent plus limités dans les aménagements intérieurs, selon Donald Côté.

Au Canada, les promoteurs de plus de 230 nouveaux immeubles aspirent déjà à la certification LEED, selon une étude de GVA Devencore. C'est une petite révolution.

Aux États-Unis, 5000 immeubles prétendent aux normes LEED. Et il y a d'autres programmes immobiliers. Ainsi l'association BOMA Québec a certifié plus de 90 immeubles avec son programme Visez vert.

Pourtant, ça coûte plus cher, au départ, de respecter ces normes. Donald Côté estime ainsi que sa facture d'aménagement des locaux a augmenté de 7,5%, à 10 millions. Mais ces 750 000$ additionnels vont rapporter gros, à terme, et le conseil d'administration de VMD en a été convaincu rapidement, dit-il.

Ce n'est pas d'hier que Desjardins s'intéresse à l'environnement, note Donald Côté.

Depuis la fin des années 80, en fait. Et en décembre 2005, Desjardins a adopté une politique formelle de développement durable. Le complexe Desjardins est certifié Visez vert, de même que Le Windsor, ajoute-il.

Des médias ont rapporté que le holding Jolina, de la famille de Lino Saputo, achetait Le Windsor mais, en fait, c'est Desjardins qui l'a acquis (67%) grâce à un droit de préemption qui a stoppé la transaction.

Les normes LEED n'ont pas rebuté Donald Côté, mais il a dû en suer un coup face aux défis imposés par Le Windsor (l'ex-hôtel Windsor), construit il y a 129 ans.

Le Windsor comprend ainsi une immense verrière d'une hauteur de neuf étages, où Donald Côté a aménagé le centre nerveux des transactions de VMD.

La luminosité y est superbe, mais il faut des systèmes sophistiqués, contrôlés par ordinateur, pour assurer une température adéquate. Au moins 75% des employés profitent de la lumière extérieure.

Un immeuble LEED doit miser sur le transport en commun (métro, train) et Donald Côté a également prévu du stationnement pour 30 vélos et des douches pour les cyclistes.

VMD devait choisir des matériaux de construction comprenant des matières recyclées (gypse, tapis, chaises) et non toxiques (peinture, colle). Le courtier économise l'énergie (éclairage automatique) et l'eau (toilettes, lavabos). Il faut assurer et tester la qualité de l'air.

«Il reste encore du travail à compléter, dont la signalisation» dans un grand immeuble qui compte 33 000 pieds carrés par plancher, soit encore plus qu'au complexe Desjardins, mais avec un seul bloc de trois ascenseurs.

Et les besoins changent déjà, car de nouveaux occupants arrivent. Il faut déplacer des cloisons et des portes, tout en respectant les normes LEED.

Valeurs mobilières Desjardins dispose par contre de locaux au design innovateur pour faire son entrée au coeur du quartier des affaires de Montréal. Son image de marque y gagne.

À noter qu'au Windsor, le courtier VMD s'installe directement en face de son concurrent, la Financière Banque Nationale.