Bell et Vidéotron ont beau être de féroces concurrents, la Caisse de dépôt ne s'empêchera pas d'être un important actionnaire des deux entreprises. La position de la Caisse entraînera toutefois des situations délicates.

Bell et Vidéotron ont beau être de féroces concurrents, la Caisse de dépôt ne s'empêchera pas d'être un important actionnaire des deux entreprises. La position de la Caisse entraînera toutefois des situations délicates.

Depuis 2000, la Caisse est actionnaire à 45,3 % de Quebecor Média, ce consortium formé avec la famille Péladeau pour la détention de Vidéotron. Pour l'instant, on ne sait pas à quelle hauteur sera l'investissement de la Caisse dans BCE, si la transaction est conclue.

Dans le communiqué, la Caisse est mentionnée au deuxième rang des trois caisses de retraite. Ces trois caisses détiendraient une participation majoritaire de BCE et KKR serait minoritaire.

Sur les neuf membres du conseil d'administration de Quebecor Média figurent quatre personnes désignées par la Caisse. Et la Caisse aura aussi ses soldats au conseil de BCE si la transaction va de l'avant. L'intérêt des consommateurs primera-t-il? La stratégie dévoilée au conseil de l'une se retrouvera-t-elle au conseil de l'autre?

«Ce n'est pas la première fois que la Caisse investit dans des entreprises du même secteur. Pensez à Provigo et Metro. Pour qu'il n'y ait pas de conflits d'intérêts ou d'apparence de conflits, il y a un mur de Chine», explique Lucie Frenière, porte-parole de la Caisse.

Selon Mme Frenière, la Caisse a formé une équipe distincte pour travailler sur l'offre de BCE. Normalement, une telle transaction relève de Normand Provost, président de la division des placements privés de la Caisse. Or, comme M. Provost siège au conseil de Quebecor Média, il ne travaille pas sur BCE, dit Mme Frenière.

«L'équipe qui travaille sur ce dossier ne relève pas de M. Provost. Il a été informé que nous faisons partie du consortium, mais n'a pas pris part aux discussions», dit Mme Frenière.

Autre élément à considérer: la Caisse ne veut pas être surexposée au secteur des télécommunications. «La taille de l'investissement de la Caisse dans une éventuelle transaction tiendra compte de son investissement dans Quebecor Média», a déclaré le PDG, Henri-Paul Rousseau.

Au 31 décembre 2006, la Caisse avait un investissement de 2,5 milliards de dollars dans ce secteur, dont 1,6 milliard pour Quebecor Média. Ces 2,5 milliards correspondent à 3,9 % de l'actif net de la Caisse.

Qu'en pense Quebecor? «On traversera la rivière quand on arrivera au pont. Et on ne voit pas encore de rivière. Quebecor fait affaire avec la Caisse depuis 1990 et on n'a jamais eu de problèmes de gouvernance avec eux», a dit le porte-parole, Luc Lavoie.

Michel Nadeau, ex-no 2 de la Caisse, avait prévu cette réponse prudente de Quebecor. L'entreprise, dit-il, ne voudra pas nuire à ses chances d'acquérir des parties de BCE que les nouveaux actionnaires pourraient vendre, tel Bell Mobilité.

Mardi, M. Lavoie n'a pas voulu faire de commentaires à ce sujet. Il a cependant indiqué que Quebecor participera à l'encan d'Industrie Canada pour les fréquences de téléphonie sans fil de troisième génération.

Les observateurs ne croient pas que le Bureau de la concurrence serait réticente à donner son aval en raison des positions de la Caisse dans Vidéotron. «C'est une question de pourcentage d'actionnariat. La Caisse ne serait pas actionnaire majoritaire de BCE», dit Michel Nadeau, qui fait remarquer que l'institution est aussi actionnaire de Telus, bien qu'à des niveaux moindres.