Le chef du gouvernement italien Romano Prodi s'est donné trois mois mardi pour élaborer un nouveau plan de la dernière chance pour la compagnie Alitalia, plongée dans une crise financière sans fin et en proie à une situation sociale très tendue.

Le chef du gouvernement italien Romano Prodi s'est donné trois mois mardi pour élaborer un nouveau plan de la dernière chance pour la compagnie Alitalia, plongée dans une crise financière sans fin et en proie à une situation sociale très tendue.

"Alitalia vit le moment le plus difficile de son histoire. La situation est complètement hors contrôle et je ne vois aucun parachute", a averti M. Prodi lors d'une rencontre avec les syndicats du transporteur national.

Faute de plan stratégique efficace, la compagnie, contrôlée à 49% par l'Etat italien, pourrait rejoindre le cimetière des compagnies nationales de taille moyenne comme la belge Sabena, Swissair ou le français Air Lib.

"Nous avons jusqu'à janvier pour trouver une solution et éviter la faillite", a souligné le chef du gouvernement.

Incapable d'endiguer ses pertes (167 millions d'euros en 2005), Alitalia a renoncé à ramener ses comptes à l'équilibre cette année et pourrait même perdre 300 millions d'euros, selon un document interne cité par la presse.

La compagnie avait pourtant obtenu une recapitalisation d'1 milliard d'euros l'an dernier, couverte par un groupe de banques et par l'Etat, après avoir engagé à l'automne 2004 un plan de restructuration prévoyant 3.700 suppressions d'emplois sur 20.000.

Le ministre des Transports Alessandro Bianchi a esquissé les grandes lignes du futur positionnement d'Alitalia, souhaitant la placer dans un rôle de "transporteur national fort" avec "une forte alliance internationale", sans pour autant "brader la compagnie".

"La recherche d'alliances stratégiques internationales" est une priorité, ont souligné les services de M. Prodi dans un communiqué.

Alitalia a plusieurs fois demandé à se rapprocher d'Air France-KLM mais la compagnie franco-néerlandaise, actionnaire à 2% de l'italien, refuse cette perspective tant que le redressement de son partenaire n'est pas assuré.

Le ministre des Transports a aussi suggéré qu'un nouvel appel à des investisseurs privés puisse être lancé, l'Etat ne voulant ni ne pouvant plus intervenir dans la compagnie.

Alitalia pourrait aussi être amenée à se concentrer sur un seul aéroport alors qu'elle en a trois actuellement (deux à Milan et un à Rome).

Le sort du président de la compagnie Giancarlo Cimoli, désavoué par plusieurs ministres et par les syndicats, devrait être tranché lors d'une rencontre avec M. Prodi dans les prochains jours.

"Il faut agir tout de suite pour être encore en vie dans trois mois", a réagi Fabrizio Solari, secrétaire général de la Filt-CGIL (gauche).

Les syndicats reprochent en particulier à M. Cimoli de vouloir vendre certains actifs comme les activités informatiques et les centres d'appel.

Les rapports entre direction et syndicats se sont dégradés au fil des mois, M. Cimoli réclamant plus de flexibilité aux salariés qui accusent pour leur part la direction de ne pas respecter ses engagements.

Ces conflits ont nui un peu plus à l'image de marque de la compagnie italienne auprès de clients en colère contre les annulations de vol sans préavis, les retards ou les pertes de bagages.

En Bourse, Alitalia gagnait 1,01% à 0,82 euro dans un marché en légère hausse à 13H50 GMT.

"La compagnie a besoin de gains de productivité chiffrés en centaines de millions, non en dizaines. Mais cela va être dur. Alitalia est la dernière compagnie dirigée par des syndicats et les politiques", estime Mike Powell, analyste de la banque allemande Dresdner Kleinwort.

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