Il jure qu'il va confondre les sceptiques et ne fera pas de politique, qu'il ne sera plus même au devant de la scène. Henri Massé s'en va sur sa ferme et il s'en va prendre sa retraite.

Il jure qu'il va confondre les sceptiques et ne fera pas de politique, qu'il ne sera plus même au devant de la scène. Henri Massé s'en va sur sa ferme et il s'en va prendre sa retraite.

«La politique, je ne serais pas capable. Moi, la politique, ça ne m'intéresse pas», a-t-il lancé en hochant la tête, lors d'une entrevue, quelques jours avant son départ officiel de la FTQ.

Le congrès de la FTQ se déroulera du 26 au 30 novembre avec près de 2000 participants, observateurs et invités. Le 30 novembre, Henri Massé sera un homme libre, à 61 ans.

Libre d'aller sur sa ferme des Cantons-de-l'Est cultiver du foin et... peut-être aussi des herbes médicinales, confie-t-il, rêveur. Et faire de la menuiserie, aussi, son passe-temps favori, qui lui permet d'évacuer tout le stress de sa semaine de travail de 70 à 80 heures.

Peut-être un ou deux mandats ponctuels de la FTQ, mais il ne sera plus au devant de la scène, jure-t-il.

«J'avais dit à ma femme que c'était mon dernier mandat. C'était le temps que je passe la main. Un moment donné, il faut passer à autre chose.» Il ne l'a pas révélé pour ne pas perdre son influence.

Président de la FTQ, la plus importante centrale syndicale au Québec, «c'est un poste où on a beaucoup d'influence», confie-t-il.

«Des fois, il y a des ministres qui nous appellent pour dire «hey, faites donc pression sur la présidente du Conseil du trésor ou sur le premier ministre». Pas parce que c'est Henri Massé ou René Roy (le numéro deux de la FTQ), c'est parce que c'est la loi du nombre, 550 000 travailleurs, et on a les deux pieds dans l'économie, dans toutes les régions du Québec.»

Et il préside également le conseil d'administration du Fonds de solidarité FTQ.

Regrets

Ses plus grands regrets? Il en cite deux: le recul des conditions de travail dans le secteur public et les fermetures d'entreprises.

Le secteur public a tant reculé, à coups de lois spéciales et de gels des conventions collectives, qu'il est rendu en-dessous du secteur privé syndiqué, parfois même du secteur privé tout court.

«Ça prend du monde qui y croient en maudit pour travailler là-dedans. Si, en plus, on les dévalorise...»

Et les fermetures d'entreprises lui crèvent encore le coeur. Pourtant, il en a vu de nombreuses, ces dernières années, surtout dans le secteur manufacturier et la forêt. La FTQ a perdu 10 000 membres dans la forêt et de 30 000 à 40 000 dans le secteur manufacturier.

«Les fermetures d'entreprises, c'est à brailler. J'en ai fait je ne sais combien dans l'année. On ne peut leur conter de bullshit. On fait notre possible. C'est du monde désespéré, qui s'accrochent après ta queue de coat, qui te tirent la manche de coat et disent: vous êtes les seuls qui pouvez nous aider; lâchez-nous pas.»

Son meilleur coup? Avoir réussi à garder la cohésion au sein de la FTQ.

On aura beau dire et médire sur l'influence des syndicats au Québec, lui reste «très confiant» pour l'avenir, bien que le vent de droite souffle plus fort depuis quelques années.

«Il peut bien y avoir quelques gouvernements ou partis politiques qui veulent nous enfarger, mais... ils peuvent essayer...», lance-t-il, sourire en coin.

Ah oui! Il n'a pas l'intention non plus d'écrire un livre ou une autobiographie. «Moi, je m'en vais à la retraite!» martèle-t-il.