La Société canadienne du cancer a réussi à faire l'unanimité contre elle en demandant au fédéral d'adopter une stratégie globale sur l'amiante incluant l'éventualité de l'élimination progressive de son usage et de son exportation.

La Société canadienne du cancer a réussi à faire l'unanimité contre elle en demandant au fédéral d'adopter une stratégie globale sur l'amiante incluant l'éventualité de l'élimination progressive de son usage et de son exportation.

Tant les milieux patronaux que syndicaux de ce secteur d'activité s'entendent pour dire que cette position est anachronique et que le document que la Société a produit aurait pu être écrit dans les années 1960 et 1970.

Qualifiant le geste de surprenant et de très malheureux, le président de l'Institut du chrysotile, Clément Godbout, s'est fait incisif.

"La Société canadienne du cancer a fait fi de l'évolution des 25 dernières années. C'est un document qui aurait pu être écrit dans les années 60. Elle n'a pas vu passer le dernier quart de siècle, sans doute aveuglée par les démonstrations des anti-amiante. La Société a fait preuve de négligence en ne prenant d'informations nulle part ni auprès de l'Institut ni auprès de ministères concernés. Elle a perdu une belle occasion de fouiller, de faire des recherches. Quant aux produits de remplacement qui répondraient aux critères d'efficacité, de sécurité et de coûts raisonnables, nous, nous n'en avons pas encore trouvé malgré de nombreuses études et recherches", a commenté M. Godbout, qui entend bien communiquer avec l'organisme pour rétablir certains faits.

Rotterdam

Président du Mouvement ProChrysotile québécois, Raynald Paré s'est dit surpris que la Société canadienne du cancer entre dans la mêlée de ce qu'il a appelé la troisième bataille de la Convention de Rotterdam.

"C'est la première pierre dans la mare. La Société canadienne du cancer ne devrait pas se prêter à ce genre de choses-là. L'industrie est rendue beaucoup plus loin que ce à quoi la Société s'attaque. Je me demande si, par de telles positions, la Société n'est pas en train d'ébranler sa crédibilité", affirme M. Paré.

Ce dernier estime que l'organisme devrait plutôt concentrer ses efforts sur les multiples produits davantage cancérigènes dans la société plutôt que de s'attaquer à la fibre chrysotile. "Ils mettent la charrue devant les boeufs. Ils parlent d'utiliser des produits de remplacement, mais ce sont sur ces produits de remplacement qu'ils devraient demander des études et de la recherche", déclare M. Paré, en soulignant les dangers reliés à la cellulose et au kevlar.

Le président du Mouvement ProChrysotile québécois poursuit en disant que la Société a utilisé des données de deuxième main et qu'il aurait été élémentaire que ses représentants viennent constater sur place pour aller au-delà des perceptions. Il a aussi souligné que les mécanismes de surveillance existaient déjà par le biais de la CSST et des MADO (maladies à déclaration obligatoire).

"La Société canadienne du cancer devrait se pencher sur les maladies plus sérieuses qui affectent présentement les populations civiles et laisser les organismes de santé qui oeuvrent en milieu de travail faire leur travail", a lancé pour sa part le président de la section locale 7285 du Syndicat des Métallos de la mine Bell de Thetford Mines, Yves Poulin.

Quant aux recommandations de la Société canadienne du cancer relatives à la surveillance et à l'information au sujet des maladies reliées à l'amiante, il fait remarquer que les mécanismes et organismes en ce sens existent déjà. "La CSST fait son travail. Elle fait de la formation, de l'information et du dépistage alors que l'Institut du chrysotile fait de l'information et de la formation auprès des pays importateurs depuis des années. Quant aux produits de remplacement, ils ne sont pas contrôlés et n'ont pas fait l'objet d'études. Des produits comme les fibres de céramique réfractaires et le kevlar ne sont pas inoffensifs sur le plan de la santé."

Interdiction

"C'est désolant. Nous n'avions pas besoin de ça. Ce que la Société canadienne du cancer réclame, c'est carrément l'interdiction du chrysotile, mais sur la base de "peut-être", d'impressions et de perceptions, mais à partir d'aucune étude scientifique", déplore aussi Jean Larose, président de la section locale 7649 du Syndicat des Métallos de la mine Lac d'Amiante.

Ce dernier souligne les progrès énormes faits au niveau de l'hygiène industrielle, la réglementation très sévère de la CSST et les méthodes réglementées actuelles, l'existence du registre des immeubles contenant de l'amiante, le travail de l'Institut, la convention de Rotterdam et celle de Genève.

"Les trois quarts des recommandations de la Société existent déjà. Venant d'un organisme aussi sérieux, je ne comprends pas. Où est l'intérêt de ça ? Il faut dire que l'on reconnaît les tournures de phrases de l'I.N.S.P. et la marque de Ban Asbestos", croit Jean Larose, qui ajoute que beaucoup de travail a été fait depuis 1975 pour corriger les exagérations du passé.