Les banques américaines sont en train de prendre le témoin que leur passe la Réserve fédérale américaine (Fed) et elles restreignent le crédit plusieurs mois après que le président de la Fed, Ben S. Bernanke, eut cessé de majorer les taux d'intérêt.

Les banques américaines sont en train de prendre le témoin que leur passe la Réserve fédérale américaine (Fed) et elles restreignent le crédit plusieurs mois après que le président de la Fed, Ben S. Bernanke, eut cessé de majorer les taux d'intérêt.

Parmi les discussions des dirigeants de la Fed dans les deux derniers jours, la question du resserrement des prêts hypothécaires et ses répercussions sur l'économie a été à l'ordre du jour.

La semaine dernière, Countrywide Financial, le plus grand prêteur hypothécaire aux États-Unis, a cessé d'accepter les demandes pour des prêts sans mise de fonds de la part d'emprunteurs à risque sans preuve de revenus.

Ces nouvelles restrictions sur les emprunts sont peut-être un signe du «décalage» dans la politique monétaire que les décideurs de la Fed avaient signalé lorsqu'ils ont mis fin à deux années de hausses des taux d'intérêt en août dernier.

La banque centrale américaine a laissé hier son taux directeur inchangé à 5,25 % parce qu'elle compte sur une croissance économique plus lente et les augmentations de taux passées pour ramener l'inflation dans sa zone de tolérance.

«Pas de doute, le marché resserre les normes et si le marché contrôle le flux de capital, la Fed n'aura pas à le faire», explique Carl Tannenbaum, économiste en chef d'ABN Amro Holding LaSalle Bank, à Chicago.

Les responsables de la Fed avaient conservé leur inclination envers un resserrement du crédit au cours de leurs cinq dernières réunions, ce qui signifie que tout changement de politique ira vraisemblablement dans le sens d'une hausse des taux.

Le sondage trimestriel de la Fed après des grands responsables des prêts, dont les résultats ont été dévoilés le mois dernier, a permis de constater que 16 % des banques américaines ont récemment resserré leurs normes touchant les prêts hypothécaires, un sommet depuis 1991. Ce rapport s'appuyait sur les réponses d'entreprises qui comptent pour près des deux tiers de l'industrie, une affaire de 8,4 billions US.

Certaine faiblessse

Le livre beige de mars de la Fed, résultat d'un sondage d'économies régionales compilé auprès d'entreprises et de contacts de la Fed partout aux États-Unis, a fait état d'une «certaine faiblesse» des prêts à la consommation dans les districts de Dallas et de Cleveland. Les normes de crédit ont été resserrées sur tous les prêts à New York, indiquait le rapport.

Des mesures pour restreindre les emprunts ont peut-être déjà été mises en place il y a six ou neuf mois, selon Douglas Duncan, économiste en chef de la Mortgage Bankers Association, à Washington. «Ils sont probablement en avance sur la Fed à certains égards», ajoute-t-il.

La détérioration du secteur des prêts hypothécaires à risque a alimenté l'adoption rapide de mesures pour hausser les normes de crédit. Ainsi, les emprunteurs à risque, soit ceux qui ont un dossier de crédit qui laisse à désirer, ont accusé du retard sur leurs paiements hypothécaires selon la proportion la plus forte en quatre ans aux États-Unis au dernier trimestre et le nombre de saisies a grimpé, indiquait la semaine dernier la Mortgage Bankers Association.

WMC Mortgage, de General Electric, cinquième prêteur actif dans le secteur des prêts hypothécaires à risque aux États-Unis, a annoncé le 9 mars dernier qu'il refuserait des prêts hypothécaires aux emprunteurs dont la cote de crédit est inférieure à 600. Cette banque de Burbank, en Californie, a aussi licencié 20 % de son personnel.

Trois jours plus tard, Countrywide, de Calabasas, en Californie, faisait savoir qu'il limitait à une valeur de 85 % de leur maison la somme qu'il consentait à prêter à des d'emprunteurs à risque incapables de présenter une preuve de revenus.

Le 7 mars dernier, Wells Fargo & Co., plus important prêteur dans le domaine des prêts hypothécaires à risque, annonçait qu'il avait changé les normes s'appliquant à certains clients à risque, normes entrées en vigueur le 16 mars dernier.