L'énorme vol informatique survenu l'été dernier au siège social américain des détaillants Winners et HomeSense, et divulgué en janvier seulement, a finalement des répercussions pour des milliers de détenteurs de cartes de crédit au Canada et au Québec.

L'énorme vol informatique survenu l'été dernier au siège social américain des détaillants Winners et HomeSense, et divulgué en janvier seulement, a finalement des répercussions pour des milliers de détenteurs de cartes de crédit au Canada et au Québec.

Aux moins trois des plus importants gestionnaires de cartes de crédit au pays, les banques CIBC, BMO et Scotia, ont décidé d'annuler et de remplacer un nombre sans précédent de cartes parmi leurs clients.

La raison invoquée: le risque d'usage frauduleux est jugé trop élevé à la suite du vol de données chez Winners, qui concernait des millions de transactions par cartes de crédit et de débit, aux États-Unis et au Canada.

De plus, l'enquête interne chez le détaillant a révélé que le vol informatique s'étalait sur une période plus longue que prévue à l'origine.

Toutes les transactions effectuées entre mai 2006 et janvier 2007 auraient pu être infiltrées par les pirates informatiques, ainsi que certaines transactions effectuées durant l'année 2003.

Consolation

Une consolation pour les clients de Winners au Canada: seules des cartes de crédit pourraient être piratées, et non les cartes de débit, comme aux États-Unis.

N'empêche, le nombre de comptes de cartes de crédit considérées menacées au Canada et au Québec se compte désormais par dizaines de milliers.

Et pour certains émetteurs, le risque de transactions frauduleuses est devenu trop élevé par rapport au coût de remplacement des cartes et les inconvénients pour leurs utilisateurs.

" Nous sommes rendus à des dizaines de milliers de cartes de crédit (MasterCard) qui ont été remplacées ces semaines-ci. Nous faisons tout pour simplifier ce processus parmi nos clients", a indiqué Ronald Monet, porte-parole de la Banque de Montréal (BMO).

Ce groupe bancaire est le plus gros émetteur de cartes de crédit MasterCard au Canada. Pour la marque concurrente Visa, c'est la banque CIBC qui occupe la première position.

Et là aussi, les remplacements de cartes de crédit se comptent " par milliers", selon Rob McLeod, porte-parole au siège social de Toronto.

" Nous avons décidé d'agir ainsi par mesure de précaution avec les comptes considérés à plus haut risque d'usage frauduleux, en raison de l'ampleur des récentes fuites informatiques chez des détaillants."

Au Québec, les deux plus gros émetteurs de cartes de crédit, la Banque Nationale, avec MasterCard, et le Mouvement Desjardins, affilié à Visa, disent s'être abstenus jusqu'à maintenant de remplacer un grand nombre de cartes.

Systèmes en alerte

" Nos systèmes de gestion sont programmés pour détecter des transactions trop inhabituelles. Et ils sont en alerte particulière pour les comptes de cartes de crédit considérés à risque. Quant au remplacement de cartes, ça reste au cas par cas, selon notre évaluation du risque de fraude", a indiqué Denis Dubé, porte-parole de la Nationale. La banque compte un million de clients de cartes MasterCard, surtout au Québec mais aussi au Canada anglais. Explication semblable chez Desjardins, qui compte aussi environ un million de clients de cartes Visa, au Québec et dans l'est de l'Ontario.

" Nous n'avons pas plus de changement de cartes de crédit qu'à l'habitude, qui serait lié au vol informatique chez Winners. Entre-temps, notre vigile informatisée est serrée et elle peut intercepter immédiatement des cas problèmes", a dit André Chapleau, du Mouvement Desjardins. (La Presse)