Pendant que les marchés financiers tremblent, celui de l'art affiche une santé florissante en cette fin d'année aux États-Unis, grâce notamment aux acheteurs étrangers encouragés par la faiblesse du dollar.

Pendant que les marchés financiers tremblent, celui de l'art affiche une santé florissante en cette fin d'année aux États-Unis, grâce notamment aux acheteurs étrangers encouragés par la faiblesse du dollar.

La saison automnale des ventes aux enchères a été marquée par une robustesse des prix dans la plupart des catégories. Les oeuvres contemporaines et d'après-guerre s'en sont particulièrement bien sorties et plusieurs records ont été établis, générant des milliards de dollars pour des maisons telles que Sotheby's.

Si de solides gains ont été au rendez-vous, les commissaires-priseurs ont aussi été exposés à une volatilité des prix quand les résultats des ventes ne correspondaient pas aux attentes.

Les experts attribuent cette santé à la faiblesse du billet vert. Au cours des cinq dernières années, des acquéreurs fortunés originaires de Russie, de Chine, d'Inde et du Moyen-Orient, qui n'étaient pas associés à l'univers des collectionneurs d'art, ont contribué à alimenter le marché.

Ces acheteurs, qui n'ont pas été affectés par les incertitudes de l'économie américaine, ont payé des sommes astronomiques pour des oeuvres d'art.

Une peinture d'Andy Warhol, Green Car Crash, a trouvé preneur pour plus de 71 M$ US chez Christie's lors d'enchères qui ont rapporté près de 385 M$ US au total, au mois de mai.

Un Matisse, L'Odalisque, harmonie bleue, a été adjugé 33,6 M$ US lors d'une autre vente chez Christie's en novembre, qui a totalisé près de 400 M$ US.

Le marché de l'art n'est cependant pas immunisé contre les turbulences. Sotheby's a reçu une claque en novembre à l'occasion d'une vente d'oeuvres modernes et impressionnistes: un tableau de Vincent Van Gogh, Les Champs, estimé entre 28 et 35 M$ US lui est resté sur les bras. Nombre d'autres oeuvres se sont aussi vendues en deçà des estimations. L'action Sotheby's a plongé ce jour-là de 28%.

«Si vous tentez de vendre une oeuvre deux fois le prix qu'elle vaut, le marché va dire non», observe Ian Peck, directeur général d'Art Capital Group, ajoutant avoir appris que le Van Gogh avait été plus tard vendu en privé pour quelque 20 M$ US. «Dans un délai de 12 mois, nous saurons si une récession se produit ou pas sur le marché de l'art américain», ajoute-t-il.

Optimiste quant à la capacité du marché à surmonter la crise, Ian Peck remarque que sa firme a observé une pointe dans les demandes de prêt pour l'acquisition d'oeuvres d'art.

«Si vous regardez autour de vous, particulièrement à New York, il semble que tout le monde soit milliardaire», souligne David Nash, de Mitchell-Innes & Nash, galerie spécialisée dans les maîtres impressionnistes, modernes et contemporains.

Des oeuvres signées notamment Warhol et Mark Rothko, ou d'artistes toujours en vie tels Richard Prince et Damien Hirst sont particulièrement populaires.

Dans des pays producteurs de pétrole comme les Émirats arabes unis, l'appétit est grand pour des oeuvres d'artistes américains, d'après Ian Peck. Il ajoute que les riches acheteurs de Russie et de Chine font montre d'«un appétit sans fin pour l'art occidental».

«Les prix dans certains cas ont doublé ou triplé au cours de l'année passée», dit-il, estimant la progression du marché en 2006 à environ 18%.

De l'avis de David Nash, il y a «beaucoup d'argent» à dépenser, et «beaucoup de gens qui cherchent à acheter».