Trente-six degrés à l'ombre, demande d'électricité record, centrales à plein régime: l'Ontario et les États américains voisins comptent beaucoup sur l'électricité québécoise pour éviter les pannes.

Trente-six degrés à l'ombre, demande d'électricité record, centrales à plein régime: l'Ontario et les États américains voisins comptent beaucoup sur l'électricité québécoise pour éviter les pannes.

Aussi, pour Hydro-Québec, ces exportations d'électricité à la limite de ses capacités d'interconnexion - presque 4000 mégawatts encore hier - promettent de faire sonner le tiroir-caisse.

"En effet, ces journées de canicule et de demande d'électricité record pour la climatisation chez nos voisins américains et ontariens sont parmi les plus payantes de l'année pour nos exportations", a confirmé Marie Archambault, porte-parole d'Hydro-Québec.

La majeure partie de ces ventes d'électricité en Ontario et dans les États américains voisins s'effectue au prix du marché à demande, ou du marché "spot" dans le jargon financier.

Pour une deuxième journée consécutive, le prix moyen de l'électricité à demande dans le nord-est du continent s'est élevé jusqu'à 20 cents le kilowatt-heure, selon l'agence ontarienne de gestion des approvisionnements.

Or, pour Hydro-Québec, des prix de cet ordre équivalent à presque trois fois son coût de revient, pour la génération et la transmission de l'électricité.

"C'est un multiple réaliste", a indiqué Mme Archambault.

Rien qu'en Ontario, où une alerte de risque de pénurie était en vigueur hier, la demande d'électricité a franchi le seuil record des 27 000 mégawatts en fin d'après-midi.

C'était au-delà de la capacité totale de production d'électricité de la province, qui se situe juste au-dessus de 26 000 mégawatts.

Par conséquent, pour répondre à la demande et se garder une marge de manoeuvre, l'Ontario a dû importer jusqu'à 1900 mégawatt d'électricité, selon les heures, et à prix fort.

De cette quantité d'énergie, au moins 1000 mégawatts provenaient d'Hydro-Québec.

"Nous comptons beaucoup sur nos achats d'électricité au Québec ces jours-ci pour répondre à la demande en Ontario", a confirmé Lisa Pearson, porte-parole de l'agence ontarienne IESO (Independant Electricity System Operator).

"Habituellement, les États américains voisins, comme New York et le Michigan, sont nos principaux fournisseurs parce que nous y avons plus d'interconnexion qu'avec le Québec. Mais ces temps-ci, les réseaux électriques de ces États sont aussi fortement sollicités. Ils ont peu d'électricité disponible à nous vendre."

L'Ontario a une capacité d'interconnexion d'environ 2800 mégawatts avec les États américains voisins.

Mais hier, à peine le tiers de cette capacité pouvait être utilisée, soit environ 900 mégawatts, faute d'électricité disponible au sud de la frontière.

Avec le Québec, la capacité d'interconnexion de l'Ontario est d'environ 1250 mégawatts. Et comme Hydro-Québec a de l'énergie disponible, elle est sollicitée à forte capacité ces jours-ci.

Même qu'il s'agissait d'une rare occasion où l'Ontario achetait plus d'électricité au Québec que des États américains voisins.

Pendant ce temps, dans le seul état de New York, le plus populeux du Nord-Est américain, la demande d'électricité a franchi hier le seuil record des 33 000 mégawatts.

À New York même et sa banlieue de Long Island, plusieurs gros consommateurs d'énergie ont dû déclencher leurs mesures d'urgence de réduction de la demande.

Même des gros écrans de Time Square ont été éteints, rapportait l'agence financière Bloomberg.

Quant au prix de l'électricité, on faisait état du niveau le plus élevé depuis la création d'une Bourse électronique régionale de l'électricité pour les États du "Mid-Atlantic", il y a trois ans.

Pour les détenteurs d'électricité excédentaire, comme Hydro-Québec, pareille situation de marché se transforme en véritable pactole estival.

L'an dernier, les exportations d'Hydro-Québec ont compté pour 4 % du volume de ses ventes d'énergie mais pour 32 % de ses profits, à hauteur de 830 millions de dollars.

© 2006 Le Nouvelliste. Tous droits réservés.