En 2005, l'industrie forestière avait été obligée de se serrer la ceinture en acceptant de couper beaucoup moins d'arbres qu'avant, mais l'effort n'était pas suffisant car elle devra s'imposer encore davantage de sacrifices entre 2008 et 2013.

En 2005, l'industrie forestière avait été obligée de se serrer la ceinture en acceptant de couper beaucoup moins d'arbres qu'avant, mais l'effort n'était pas suffisant car elle devra s'imposer encore davantage de sacrifices entre 2008 et 2013.

Pour éviter toute surexploitation de nos forêts, le Forestier en chef du Québec, Pierre Levac, en est venu à la conclusion qu'il fallait réduire de 3,8 pour cent le volume maximal de bois résineux récolté en forêt boréale par l'industrie.

Cette diminution viendra donc s'ajouter à la coupe de 20 pour cent de la possibilité forestière annoncée en mars 2005, à la suite du dépôt du rapport de la commission Coulombe.

Le Forestier en chef rendait publics vendredi, à Roberval, les nouveaux calculs de possibilité forestière pour cinq ans, à compter de 2008. Ces calculs serviront à déterminer les futurs contrats d'approvisionnement octroyés aux compagnies.

D'ici avril 2008, cependant, les niveaux de récolte attribués demeurent inchangés.

M. Levac juge par ailleurs nécessaire de réduire de 15 pour cent la coupe d'arbres feuillus.

En faisant le décompte total des réductions annoncées vendredi pour les forêts de résineux, de feuillus et les forêts mixtes, il en résulte que la possibilité forestière chutera de 21,9 pour cent en 2008, par rapport à 2005.

Le Forestier en chef estime aussi que les forestières devront récolter le bois des zones moins accessibles, même s'il présente un intérêt moins grand, et ce, afin de mieux répartir la pression sur tout le territoire.

«Devant une tranche de pain, on ne peut pas manger uniquement la mie et laisser la croûte», a-t-il illustré, en conférence de presse.

M. Levac a indiqué qu'il va entreprendre prochainement une tournée des régions pour expliquer les résultats de ses calculs et préciser l'impact ü très variable d'un endroit à l'autre ü qu'ils auront à un niveau local.

Mais chose certaine, selon le Conseil de l'industrie forestière, cette nouvelle réduction frappera durement des régions comme le Bas-St-Laurent et la Côte-Nord.

Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Corbeil, a quant à lui réagi avec un certain fatalisme aux données rendues publiques par le Forestier en chef.

«Je ne peux pas donner du bois qui n'existe pas ou que je n'ai pas», a-t-il dit, en conférence de presse.

En vertu de la loi, le ministre doit appliquer à la lettre les calculs effectués par le Forestier en chef, qui remettait son premier rapport vendredi.

Il a ajouté que les nouvelles données indiquaient que le processus de consolidation et de restructuration entrepris par l'industrie forestière, à la suite de nombreuses fermetures d'usines, devra se poursuivre.

Cette deuxième révision à la baisse du calcul de possibilité forestière en un peu plus d'un an résulte du fait que, dans le passé, le Québec a surestimé la capacité à long terme de la forêt de se reproduire et a fait preuve d'«excès d'optimisme», selon M. Corbeil.

Quant à savoir quel impact auront ces nouvelles coupes sur des milliers d'emplois en régions, il est difficile pour l'instant de le quantifier, a admis le président du Conseil de l'industrie forestière, Guy Chevrette, en point de presse.

Une chose est sûre, cependant: l'impact sur l'industrie du feuillu sera «majeur», selon lui.

Le rapport de M. Levac a été accueilli sèchement par les groupes écologistes. Dix d'entre eux ont uni leurs voix pour dénoncer son absence d'intérêt pour faira davantage de place aux aires protégées.

L'Ordre des ingénieurs forestiers du Québec a noté pour sa part que, pour la première fois, avec la création récente du Forestier en chef, «le public québécois a droit aux justifications ayant conduit à déterminer les niveaux des volumes de bois admissibles à la récolte pour les cinq prochaines années».

Selon l'ordre, la réduction de la possibilité forestière annoncée vendredi était prévisible.

La Fédération québécoise des municipalités craint de son côté que l'annonce ait des «répercussions dramatiques» dans certaines régions, dont la Côte-Nord.

«Ces régions auront certainement besoin de mesures d'atténuation beaucoup plus importantes que celles déjà annoncées», selon elle.