Ce n'est pas le Klondike, mais les prochains mois devraient être radieux pour le géant de l'aluminium Alcan (AL).

Ce n'est pas le Klondike, mais les prochains mois devraient être radieux pour le géant de l'aluminium Alcan (AL).

Le marché mondial est en pleine croissance (+5 %) et Alcan semble bien positionné pour accaparer une partie de cette avancée.

Chez les analystes financiers, le cas Alcan soulève d'ailleurs de grands débats. En raison de sa taille modeste et ses rendements importants, la multinationale serait maintenant vulnérable à une prise de contrôle de la part de géants mondiaux des métaux.

"Sa gestion serrée et son efficacité rendent cette entreprise très attrayante", indique l'analyste Luc Grenier de L'Industrielle-Alliance.

En plus de bien gérer ses usines de production primaire d'aluminium, Alcan peut également compter sur des contrats à long terme lui garantissant des approvisionnements en électricité à des coûts très bas. Une denrée rare par les temps qui courent.

En mai dernier, des rumeurs d'acquisitions et la bonne tenue du marché de l'aluminium avaient propulsé le titre d'Alcan près des 65 $ à la Bourse de Toronto. Hier, le titre de la multinationale a clôturé à 52,75 $, en baisse de 14 cents.

Parmi les courtisans potentiels, des géants des métaux mondiaux encore peu présents dans l'aluminium pourraient se manifester. Certains analystes pensent d'abord à BHP Billiton et à Rio Tinto, deux sociétés dirigées de Londres.

Autre scénario plausible, Alcan pourrait également provoquer un mariage de raison avec Alcoa, croit Luc Grenier. "Ce ne serait pas impensable", dit-il.

Si tout se déroule comme prévu, Alcan devrait ainsi dégager cette année un bénéfice par action de 4,58 $US sur des revenus globaux de 20,3 milliards $. Alcan a aussi l'idée d'investir dans ses usines et de racheter des actions.

D'ici cinq ans, Alcan prévoit ainsi hausser son bénéfice par action d'au moins 15 % par année, tout en ramenant son ratio de dette par rapport au capital à 35 %. La dette nette d'Alcan est d'environ 6,2 milliards $US.

Seule ombre au tableau, le prix de l'alumine qui est en chute libre - le prix de cette matière est passée récemment de 600 à 300 $US la tonne - pourrait permettre aux usines d'électrolyse chinoises les moins performantes de redémarrer leur production d'aluminium et de déséquilibrer le marché.

Alors on fait quoi ? "On achète", recommande John Redstone de Valeurs mobilières Desjardins (VMD). Selon ce dernier, le titre d'Alcan devrait connaître au cours des 12 prochains mois une envolée significative avec un prix-cible de 71,80 $US, et ce, en tenant compte d'un prix à long terme de l'aluminium à 90 ¢US la livre.

L'analyste de VMD s'attend d'ailleurs à ce que la performance boursière d'Alcan permette au titre de s'échanger jusqu'à 14 fois les bénéfices l'an prochain, soit bien en-deçà du multiple historique de 19,5 fois déjà atteint par le passé.

L'analyste David Gagliano de Credit Suisse First Boston n'est pas de cet avis. Il a une opinion neutre sur Alcan. Il lui préfère Alcoa. La raison ? Ses revenus seraient moins exposés aux fluctuations du prix du lingot d'aluminium, lequel risque de baisser au cours des 12 prochains mois.

Un pessismisme non partagé par Luc Grenier qui entrevoit le titre d'Alcan bondir d'ici 12 mois à 65 $CAN. "Comme la consolidation dans le secteur de l'aluminium n'est pas encore terminée, il risque de se passer encore bien des choses", prévient-il.

pcouture@lesoleil.com

Alcan en BourseFermeture hier : 52,75 $

Variation cette année : +4,3 %

Rendement total 1 an : 30 %

Valeur boursière : 19,8 milliards $

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