Malgré leurs récents coups d'éclat, les fonds d'investissement privés n'impressionnent pas la famille Desmarais, qui reste convaincue de la pertinence de sa stratégie d'investissement à long terme.

Malgré leurs récents coups d'éclat, les fonds d'investissement privés n'impressionnent pas la famille Desmarais, qui reste convaincue de la pertinence de sa stratégie d'investissement à long terme.

«Il y a des avantages et des inconvénients à tous les véhicules d'investissement, mais nous voulons dire aux gens qu'il y a encore des avantages à investir dans une société qui pense à long terme comme la nôtre», dit André Desmarais, président et co-chef de la direction de Power Corporation du Canada [[|ticker sym='T.POW'|]], en marge de l'assemblée annuelle de la société tenue jeudi à Montréal.

Si Power ne craint pas de voir les grands investisseurs du pays la délaisser au profit des fonds d'investissement privés, c'est que la société a plusieurs cartes dans sa manche pour les convaincre de lui faire confiance.

Au cours des 10 dernières années, son rendement annuel a été de 20,1 % contre 8,8 % pour l'ensemble des fonds privés de rachat américains, selon Thomson Financial. Sur cinq ans, Power surpasse les fonds américains de 5,9 % (15,1 % contre 9,2 %).

Power envie cependant la tranquillité d'esprit des fonds d'investissement privés, dont les moindres gestes ne sont pas scrutés à la loupe par les actionnaires activistes et les autorités boursières.

«Les autorités réglementaires et les actionnaires activistes s'en donnent à coeur joie avec les sociétés inscrites en Bourse, mais ils doivent réaliser qu'il existe un autre milieu financier que la Bourse (les fonds d'investissements privés)», dit Paul Desmarais, jr, président du conseil et co-chef de la direction.

Selon lui, le Canada a plusieurs grandes sociétés inscrites en Bourse contrôlées par des familles.

«Les Canadiens devraient être fiers de ces sociétés, dont l'importance n'est pas assez reconnue par les médias et la population», dit-il.

Power n'a pas l'intention de partir en guerre contre les fonds d'investissement privés. «Nous voulons lancer un débat», dit André Desmarais.

«Nous sommes nous-mêmes dans cette industrie en Europe», complète Paul Desmarais, jr. Les deux fonds d'investissements privés de Power Sagard 1 et 2 ciblent des entreprises de taille moyenne.

Ils disposent d'un portefeuille de plus de 1,5 milliard d'euros, dont 300 millions proviennent des coffres de Power et 250 millions de ceux de sa filiale Pargesa.

Propositions d'actionnaires rejetées

L'année 2006 a été rentable pour Power Corporation, dont le bénéfice net est passé de 1,053 milliard (2,28 $ par action) à 1,393 milliard (3,00 $ par action) par rapport à 2005. Il s'agit d'une hausse de 31,6 % du bénéfice net par action.

Le dividende est passé de 65 cents à 76 cents par action en 2006, en hausse de 17,1 %.

La croissance du bénéfice net s'est poursuivie au premier trimestre de l'année 2007. Entre le 1er janvier et le 31 mars derniers, le bénéfice net est passé de 254 millions (0,54 $ par action) à 363 millions (0,78 $ par action), soit une hausse de 44 % du bénéfice net par action. Le dividende trimestriel est passé de 19,75 à 24,125 cents par action, en hausse de 22 %.

Dans le cadre de cette assemblée, le Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC) a soumis cinq propositions d'actionnaires, qui ont toutes été rejetées jeudi par au moins 89 % des actionnaires présents.

Le MEDAC voulait notamment mettre la main sur un résumé des états financiers des filiales de Power - dont Gesca, qui détient La Presse et six autres quotidiens au Québec.

«Il y a un problème de concentration de la presse au Québec et les états financiers de Power font partie du droit du public à l'information», dit son président Yves Michaud, en entrevue téléphonique à La Presse Affaires.

Power Corporation ne sera bientôt plus le seul empire médiatique sur le radar d'Yves Michaud. Le président du MEDAC vient d'acheter des actions de Quebecor, propriétaire du Journal de Montréal.

«Je n'exclus pas de poser les mêmes questions à Pierre-Karl Péladeau», dit-il.

Jeudi, le titre de Power Corporation a gagné 16 cents (0,41 %) pour terminer la séance à 39,35 $ à la Bourse de Toronto.