Les nombreuses grues de construction qui parsèment le paysage de Toronto sont-elles un trompe-l'oeil économique ?

Les nombreuses grues de construction qui parsèment le paysage de Toronto sont-elles un trompe-l'oeil économique ?

Toujours est-il que l'Ontario subit de plein fouet la baisse de ses exportations manufacturières, au point où son économie a viré en légère décroissance l'automne dernier.

Ce constat du ministre ontarien des Finances, Greg Sorbara, énoncé jeudi soir à Toronto, annonce aussi un ralentissement pire que prévu de la plus grande économie provinciale au Canada.

Dans leurs récents énoncés, des économistes des grandes banques et d'organismes comme le Conference Board faisaient l'unanimité en prédisant une fin d'année 2006 en net ralenti pour l'économie ontarienne.

Et, pour 2007, ils ont émis des pronostics de croissance de l'économie et de l'emploi en Ontario qui devraient être inférieurs à la moyenne canadienne.

Pareil scénario, s'il se confirme, serait une première depuis 15 ans, au moment de la dure récession du début des années 90.

Or, selon le ministre Greg Sorbara, les relevés fiscaux du gouvernement ontarien indiquent que l'économie provinciale a reculé de 0,1% au troisième trimestre 2006, de juillet à septembre, par rapport à la même période l'an dernier.

Néanmoins, le ministre ontarien des Finances a estimé que ce léger recul du PIB provincial pourrait être "la marque inférieure" d'une période de croissance ralentie amorcée depuis quelques trimestres, et qui pourrait durer encore jusqu'en 2008.

"La principale question pour l'Ontario à court terme est la direction que prendra l'économie américaine", a indiqué M. Sorbara.

Le ministre s'est dit aussi encouragé par la forte croissance de l'emploi en décembre en Ontario (+ 42 000 emplois), selon les dernières données de Statistique Canada.

Pour les économistes, il faut deux trimestres consécutifs de baisse du PIB pour parler de récession. Il faudra attendre encore un peu pour jauger des données économiques de fin d'année 2006.

Manufactures en déclin

Mais déjà, les économistes s'entendent pour constater une "récession mineure" en cours dans le secteur manufacturier, un gros employeur en Ontario.

À l'instar du Québec, les emplois et les livraisons du secteur manufacturier déclinent depuis plusieurs mois en Ontario.

En contrepartie, et au contraire du Québec, les investisseurs du secteur privé gardent leur élan en Ontario, particulièrement dans le secteur manufacturier.

Dans son dernier énoncé économique des provinces et des régions urbaines au Canada, publié cette semaine, le Conference Board soulignait la "croissance étonnante" d'au moins 9% des investissements en équipements et machineries en Ontario.

Cette bonne croissance a été observée en 2006 et elle devrait se prolonger en 2007.

Aussi, l'économie de la région métropolitaine de Toronto demeure relativement bonne, avec un taux de croissance prévu autour de 2,9% en 2007, selon le Conference Board.

Cette croissance sera inférieure à celle de plus de 3% attendue dans les trois principales villes de l'Ouest: Calgary, Edmonton et Vancouver.

Néanmoins, le Conference Board s'attend à ce que la région de Toronto reprenne l'an prochain la tête de la croissance économique parmi les principaux centres urbains au Canada.

La raison principale: Toronto demeure l'une des grandes villes du continent avec la plus forte croissance démographique.

Cet apport net de plusieurs dizaines de milliers de résidents par année soutient une bonne croissance de l'économie locale, souligne le Conference Board.

Avec la Presse Canadienne