Le deuxième appel d'offres d'Hydro-Québec pour l'achat de 2000 mégawatts d'énergie éolienne suscite beaucoup d'intérêt chez les promoteurs de projets, mais pas mal moins chez les fabricants de turbines, que les exigences de contenu local imposés par le gouvernement rebutent.

Le deuxième appel d'offres d'Hydro-Québec pour l'achat de 2000 mégawatts d'énergie éolienne suscite beaucoup d'intérêt chez les promoteurs de projets, mais pas mal moins chez les fabricants de turbines, que les exigences de contenu local imposés par le gouvernement rebutent.

De toute façon, les fabricants ne suffisent pas à répondre à la demande mondiale pour leurs machines.

GE, dont les turbines de 1,5 mégawatt équiperont toutes les éoliennes du premier appel d'offres pour 1000 mégawatts, ne sait pas encore s'il participera au second appel, a fait savoir hier son directeur général des ventes pour le Canada et le nord-est des États-Unis, Simon Olivier.

"Il y a moins d'intérêt", a-t-il dit, en marge d'un colloque sur l'énergie éolienne qui se tenait hier à Montréal.

Le marché éolien a beaucoup changé depuis la conclusion du premier appel d'offres d'Hydro-Québec, en février 2005.

Les projets se multiplient partout dans le monde, notamment aux États-Unis, et les fabricants de turbines n'en produisent pas assez pour répondre aux besoins.

Pourquoi les turbiniers se soumettraient-ils aux exigences du gouvernement québécois, qui les obligent à investir au Québec, alors que d'autres clients s'arrachent leurs turbines sans poser une seule condition?

"C'est la réflexion qu'on est en train de faire", a dit le porte-parole de GE.

Les entreprises intéressées à soumettre une proposition à Hydro-Québec ont jusqu'en mai prochain pour le faire. L'appel d'offres stipule que 60% du coût global des prochains projets éoliens devront être réalisés au Québec, et la moitié de ces 60% en Gaspésie.

Dans l'état actuel du marché, "ce sera extrêmement difficile de maintenir des exigences d'achat local", estime Alberto Cena, directeur technique de l'Association espagnole de l'énergie éolienne. Comme le Québec, l'Espagne a exigé des investissements locaux avant d'acheter de l'énergie éolienne, ce qui a donné naissance à une industrie locale. Mais à l'époque, le marché était presque inexistant, ce qui fait que les manufacturiers ont accepté ces conditions, a expliqué M. Cena.

La demande pour les turbines étant très forte, leurs prix augmentent, ce qui aura pour conséquence de diminuer la rentabilité des projets. Alberto Cena estime que l'augmentation du prix des composantes nuira au prochain appel d'offres du Québec, parce que le prix de l'électricité y est très bas, comparativement à l'Espagne ou autres pays d'Europe qui veulent investir dans la filière éolienne.

Des dizaines de projets éoliens sont actuellement à l'étude au Québec. Selon certaines sources dans l'industrie, Hydro aura l'embarras du choix puisqu'elle pourrait recevoir des projets totalisant 8000 mégawatts, soit quatre fois la quantité qu'elle veut acheter.

Mais il faudra trouver des turbines pour ces nouveaux mégawatts, ce qui est encore loin d'être assuré.

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