Nortel. À lui seul, ce nom évoque la nausée aux investisseurs qui ont encaissé sans broncher l'éclatement de la bulle technologique au tournant des années 2000. Six ans plus tard, Nortel continue d'alimenter les interrogations. Vendre ou ne pas vendre ?

Nortel. À lui seul, ce nom évoque la nausée aux investisseurs qui ont encaissé sans broncher l'éclatement de la bulle technologique au tournant des années 2000. Six ans plus tard, Nortel continue d'alimenter les interrogations. Vendre ou ne pas vendre ?

Au début de l'année, le titre de Nortel s'échangeait autour de 4 $. Hier, l'action de l'équipementier canadien a terminé la journée à 2,40 $. En termes de rendement boursier, c'est un recul de 40 % en moins de 11 mois.

Au cours du dernier trimestre, Nortel a pourtant battu les prévisions des analystes en ce qui a trait aux revenus de l'entreprise. Le chiffre d'affaires annuel devrait ainsi dépasser les 11 milliards $ cette année. Le hic, c'est que les marges bénéficiaires continuent de se détériorer alors que les coûts, surtout de R&D, sont à la hausse. Cette année, Nortel devrait finir dans le rouge alors que l'an prochain les consensus tournent autour d'une perte nette d'environ 5 ¢ par action. Quant à la dette, elle atteint maintenant les 4,5 milliards $.

Alors est-ce le temps de vendre ? "Oui, dans un horizon court terme. Non, si on entend être patient", répond le gestionnaire Alain Chung de chez Gestion Claret.

Ce dernier peine à prédire où sera rendu le cours du titre d'ici 12 mois. D'ici cinq ans, il entrevoit toutefois l'action de Nortel autour des 5 à 6 $. "La patience pourrait être très rentable alors que rien n'indique qu'une fusion des éléments d'actif ne ferait pas rebondir le titre prochainement", fait-il observer.

Justement, le 1er décembre, Nortel regroupera ses actions dans un ratio de 10 pour une. Une bonne affaire ? Oui et non. Car pour l'instant, les marchés n'ont pas encore démontré un grand intérêt pour cette approche.

Plusieurs analystes conviennent que depuis deux ans, Nortel s'est surtout affairée à régler ses problèmes de comptabilité créative et des poursuites d'actionnaires en furie contre la débandade du titre.

Mais pendant qu'elle tentait de s'en sortir par la sinueuse voie diplomatique, la compétition a pris une longueur d'avance. Résultat : ses produits ne sont pas les plus courus par les fournisseurs de téléphonie mobile.

Il est vrai que la direction de Nortel mise beaucoup sur WiMax, son produit-vedette permettant des téléchargements plus rapides depuis Internet et vers des dispositifs sans fil. Or, les ventes de WiMax tardent à se manifester parce que les compagnies de téléphonie mobile prennent du temps à adopter les plus récentes normes.

"Je crois qu'il est un peu tôt pour penser que WiMax va susciter un grand essor du chiffre d'affaires, explique l'analyste Inder Singh de Prudential Equity Group. WiMax demeure une technologie qui n'est pas encore arrivée à maturité."

"Le grand ménage n'est pas terminé", prévient Alain Chung qui anticipe d'autres radiations d'éléments d'actif au cours des prochains mois.

À court terme, les prévisions des analystes ne sont d'ailleurs pas très roses pour Nortel. Les commentaires sont également prudents. Chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD), on maintient un prix cible à 2,50 $.

À la Financière Banque Nationale, on s'attend à ce que la prochaine année ne soit pas de tout repos sans véritable croissance significative. À moins d'une vente d'une filiale, "il sera difficile de sauver la mise", indique l'analyste Tom Astle dont le cours cible de l'action a aussi été fixé à 2,50 $.

NORTEL en BourseSymbole boursier : NT

Fermeture hier : 2,40 $

Variation cette année : - 15 %

Rendement total 1 an : - 33 %

Chiffre d'affaires 11 milliards $

Dette 4,5 milliards $

Valeur boursière 10 milliards $