Thierry Pagé est un amateur de montagnes russes. Celles de l'entrepreneurship.

Thierry Pagé est un amateur de montagnes russes. Celles de l'entrepreneurship.

En 1998, étudiant à l'École polytechnique de Montréal, il plonge dans l'aventure des affaires en fondant Odotech, une entreprise qui conçoit des systèmes de mesure et de suivi des odeurs. Il en avait assez qu'on le dérange durant ses recherches universitaires pour lui réclamer son expertise dans les bâtiments industriels aux quatre coins de la ville.

Huit ans plus tard, le pdg d'Odotech est fier d'avoir bâti une entreprise de 39 employés, dont quatre en France, à partir de son petit laboratoire d'université. Il se rappelle avec nostalgie ses débuts " trépidants ". Il conseille à tous les étudiants suffisamment entêtés de suivre ses traces. À condition qu'ils aient les nerfs assez solides pour s'accrocher aux montagnes russes de l'entrepreneurship.

" On ne savait vraiment pas dans quoi on s'embarquait, dit l'homme d'affaires de 35 ans. On ne connaissait pas notre chemin, mais on est finalement arrivé à la ligne d'arrivée. Il y a toujours une solution pour les gens suffisamment entêtés qui ont une bonne idée entre les mains. Il ne faut pas hésiter à se lancer. Si on a une bonne idée, les résultats arriveront d'une façon ou d'une autre. "

Thierry Pagé a survécu aux montagnes russes de l'entrepreneurship. Tous n'ont pas cette chance. " Nous avons des cracks, des étudiants hyper brillants qui nous arrivent avec des prototypes d'enfer, dit Paule Tardif, directrice du Centre d'entrepreneurship HEC-Poly-UdeM, qui a contribué au démarrage d'Odotech. Le gros problème, c'est la commercialisation de leurs idées. Ils sont parfois trop en avance sur le marché. "

Chaque année, le Centre d'entrepreneurship oriente une soixantaine d'étudiants. On leur pose les mêmes questions. Pourquoi une entreprise? Quelle est la clientèle cible? Quel avantage détient-on sur ses concurrents déjà établis sur le marché? Pour certains jeunes entrepreneurs, l'exercice se transforme vite en douche froide!

" Nous pouvons voir ce qu'ils ont dans le ventre, dit Mme Tardif. Certains me disent que tout le monde va acheter leur produit. Ça s'annonce habituellement mal, à moins qu'ils ne se ressaisissent. C'est souvent le même problème: les étudiants ne connaissent pas le marché qu'ils veulent intégrer. "

La vallée de la mort

Après le plan d'affaires, le financement. Une étape qui donne du fil à retordre à tous les jeunes entrepreneurs, prévient Thierry Pagé. " C'est un peu comme la vallée de la mort, dit-il. Il faut cogner à beaucoup de portes pour obtenir du financement. Entre les bourses universitaires et le financement des institutions et des banques, il y a une période critique de deux à trois ans. "

Seuls les entrepreneurs les plus déterminés continuent d'encaisser les refus. " Au début de la vingtaine, ils débordent de motivation, dit Mme Tardif. Plus tard, quand c'est le temps de fonder une famille, la décision devient plus difficile. Mais les vrais entrepreneurs s'acharnent et ne vont pas joindre les grandes entreprises à la première difficulté. "

Thierry Pagé, lui, a choisi de persévérer. " J'ai eu la chance d'avoir des clients dès le départ, dit-il. J'ai pu établir ma crédibilité financière plus rapidement. " Quand Desjardins s'est montrée intéressé, Odotech comptait déjà sur un réseau de clients bien établi à Montréal. Le capital de risque a permis à l'entreprise d'aller voir ailleurs. Dans une quinzaine de pays, son terrain de chasse actuel.

Le pdg d'Odotech a néanmoins a été obligé de faire des sacrifices. Comme celui d'abandonner son doctorat en génie chimique. Au grand plaisir de son directeur de thèse. " Il est mon associé, explique-t-il. Il n'est pas trop fâché de ma décision. La Poly non plus: j'ai engagé une vingtaine de diplômés comme ingénieurs. "

LES SOURCES DE FINANCEMENT> Sociétés d'aide au développement des collectivités du Québec : www.reseau-sadc.qc.ca/

> Service d'aide aux jeunes entrepreneurs (SAJE) Montréal Métro : www.sajemontrealmetro.com/

> Fondation du maire de Montréal pour la jeunesse : www.fmmj.qc.ca

> Société d'Investissement Jeunesse: www.sij.qc.ca

> Fondation canadienne des jeunes entrepreneurs : www.fcje.ca

> Banque de développement du Canada : ww.bdc.ca

> Fonds de solidarité FTQ : www.fondsftq.com

> Fondaction (CSN) : www.fondaction.com

> Capital de risque Desjardins : www.dcrdesjardins.com

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