Elles ne recevront pas plus d'argent. Elles devront probablement en rembourser davantage - et plus rapidement. Mais les entreprises aérospatiales du Québec ont tout de même bien accueilli leur nouveau programme fédéral de recherche et développement.

Elles ne recevront pas plus d'argent. Elles devront probablement en rembourser davantage - et plus rapidement. Mais les entreprises aérospatiales du Québec ont tout de même bien accueilli leur nouveau programme fédéral de recherche et développement.

«Nous verrons à l'usage mais c'est une bonne nouvelle que le Canada nivelle le terrain avec les autres pays, dit Hélène Gagnon, vice-présidente aux affaires publiques et communications de Bombardier Aéronautique. Aux États-Unis, le gouvernement américain favorise leurs entreprises en leur octroyant des contrats militaires. Depuis la fin de Partenariat technologique Canada en décembre dernier, le Canada n'avait plus de programme d'investissement en aérospatiale.»

«Les gens doivent regarder la situation de nos concurrents, ajoute Robert Brown, PDG de CAE. Tous les pays ont des programmes d'aide à l'industrie aérospatiale, qui offre des emplois de qualité et bien rémunérés.»

Bombardier voit d'un bon oeil la nouvelle philosophie du ministre fédéral de l'Industrie, Maxime Bernier, qui souhaite davantage de transparence dans le processus d'attribution et de remboursement des subventions. À tort ou à raison, l'entreprise montréalaise est devenue un symbole de favoritisme de l'État (corporate welfare).

«La perception du public, c'est que Bombardier a tout ramassé, dit Hélène Gagnon, de Bombardier. Or, nous n'avons eu que 141 millions des trois milliards de dollars investis depuis 10 ans. Nous sommes d'ailleurs l'entreprise qui a remboursé le plus d'argent (36 millions) dans le cadre de Partenariat technologique Canada. Notre dossier montre clairement que nous avons fait nos remboursements et que nous n'avons pas eu tant d'argent que ça. Mais les gens mettent parfois tout dans le même panier.»

Lundi, les principaux acteurs de l'industrie québécoise de l'aérospatiale ont assisté à la conférence de presse tenue dans un centre de recherche en aérospatiale de l'Université de Montréal. Ils ont réservé des applaudissements nourris au ministre Bernier ainsi qu'à son collègue Michael Fortier, ministre des Travaux publics et responsable de la région de Montréal. Certains représentants de l'industrie se sont toutefois gardé une petite gêne.

«Bien que nous soyons heureux de l'annonce du gouvernement, le diable est dans les détails», a dit Peter Boag, PDG de l'Association des industries aérospatiales du Canada, par voie de communiqué. Et des détails, il n'en manque pas dans ce nouveau programme fédéral de 900 millions de dollars sur cinq ans.

Remboursement

Un détail qui n'a échappé à personne : les remboursements se feront sur la base des revenus totaux des entreprises. Avant, seuls les revenus générés par le projet subventionné étaient pris en considération.

Conclusion : une entreprise rentable devra dorénavant faire ses remboursements, que son projet fonctionne ou non. Cette nouvelle règle n'effraie pas les entreprises québécoises. «Toutes nos décisions doivent être rentables», dit Robert Brown, PDG de CAE.

Pratt & Whitney Canada ne croit pas que les modalités de remboursement plus sévères freineront l'ardeur des entreprises aérospatiales. «Nous investissons quand même environ 75 % des fonds dans un projet, dit Benoît Brossoit, vice-président senior aux opérations de Pratt & Whitney Canada. Seule la dernière partie des coûts (environ 25 %) provient de subventions gouvernementales.»

Sur les 900 millions versés par Ottawa, combien obtiendront les entreprises québécoises? Le ministre Maxime Bernier s'est bien gardé de répondre à la question. Mais la présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain se montre optimiste. «Montréal est sans contredit la plaque tournante de l'industrie canadienne de l'aérospatiale, dit Isabelle Hudon. J'ai confiance que la grappe aérospatiale montréalaise saura profiter de ce programme et confirmer son statut de leader canadien et mondial.»