À l'âge de 39 ans, Anne Marcotte ne pouvait s'imaginer que son histoire allait s'arrêter comme ça. Non, la jeune femme n'a pas attrapé une maladie incurable. Il fallait, tout simplement, qu'elle apprivoise sa nouvelle vie de "retraitée". Et de millionnaire.

À l'âge de 39 ans, Anne Marcotte ne pouvait s'imaginer que son histoire allait s'arrêter comme ça. Non, la jeune femme n'a pas attrapé une maladie incurable. Il fallait, tout simplement, qu'elle apprivoise sa nouvelle vie de "retraitée". Et de millionnaire.

"En l'espace de quelques années, la fille qui, jadis, se battait pour assurer sa survie et pour payer ses comptes à la fin de chaque mois, entrait dans une zone très confortable lui permettant, à l'aube de la quarantaine, d'arrêter de travailler jusqu'à la fin de ses jours", raconte celle qui, depuis le 31 janvier 2005, a remisé son titre de directrice générale de Marcotte Multimédia pour celui de... maman à temps plein de son fils William.

En vendant à Transcontinental son entreprise de Québec spécialisée dans la conception de sites Internet, Anne Marcotte a encaissé beaucoup d'argent.

Millionnaire ? C'est certain. Deux ? Trois ? Quatre fois millionnaire ? La jeune femme se fait discrète. Même ses meilleures amies ne le savent pas. "Quand il est question d'argent, il y a beaucoup de préjugés dans la population."

Anne Marcotte avoue avoir été "déboussolée" dans les semaines suivant son départ, en janvier dernier, de Marcotte Multimédia, une compagnie qu'elle a fondée, en 1996, et dont le chiffre d'affaires dépassait 2 millions $ avant d'entrer dans le groupe Transcontinental.

"Habituée de travailler 70 heures par semaine, le choc est considérable. Sans carte d'affaires, tu deviens une nobody. Graduellement, j'ai apprivoisé ma situation. Grâce à mon fils, je me suis connectée sur les vraies valeurs."

Plus que tout, Anne Marcotte tenait à garder les deux pieds sur terre. "L'important, ce n'est pas le montant de la transaction, c'est ce que tu fais avec." Ses "folies" de millionnaire ? Une belle maison et des voyages. Sans plus. "Rien pour me faire sentir coupable."

Dans sa "zone très confortable", la jeune femme d'affaires ne voulait surtout pas perdre l'audace qui a caractérisé son cheminement. En février dernier, le magazine Clin d'oeil élevait Anne Marcotte au rang des 25 femmes les plus "allumées" au Québec.

"Je n'ai pas cessé de me répéter que mon histoire n'allait pas se terminer à 40 ans. C'est maintenant qu'elle doit commencer. J'ai encore le goût de bâtir. J'ai encore le goût du risque."

Ce goût du risque, Anne Marcotte l'investit aujourd'hui dans un projet d'émissions de télévision. Une sorte de docuréalité portant sur l'entrepreneurship. Des pourparlers sont en cours avec des réseaux de télé pour la coproduction et la diffusion de la série.

Conte de fées

Son histoire, Anne Marcotte vient de commencer à la raconter au public.

La sortie de l'ancien patron de Telweb, Stéphan Lepage, qui a raconté au Soleil, en novembre dernier,qu'il avait flambé, à 33 ans, les 2,5 millions $ obtenus lors de la vente de son entreprise l'a remuée. "Il est important de ne pas se laisser abattre après une mauvaise passe."

En plus de plancher sur un projet de livre, elle offre sa disponibilité pour aller prononcer des conférences dans les écoles, notamment, "pour aller donner de l'espoir aux gens" qui sont portés au découragement après une mauvaise passe. Les personnes intéressées peuvent lui écrire à l'adresse anne.marcotte@hotmail.com.

Elle rappelle qu'elle fut d'abord une secrétaire payée 7 $/l'heure ; qu'elle a mordu la poussière quand elle a tenté d'acheter l'entreprise pour laquelle elle travaillait et qu'elle s'est retrouvée sans emploi avant de fonder Marcotte Multimédia.

Le point tournant de sa carrière est survenu lors d'une mission du gouvernement du Québec à l'étranger. In extremis, elle était parvenue à convaincre les autorités à la faire monter à bord de l'avion menant plus de 160 entrepreneurs en Chine. "Moi, ce qui m'intéressait, ce n'était pas la Chine, mais les occasions d'affaires à réaliser avec 160 gens d'affaires québécois .

"Femme. Et jeune en plus. Je ne cadrais vraiment pas dans le décor. On me prenait pour une agente de bord !"

Les nouvelles aventures d'Anne Marcotte ne sont pas guidées par l'appât du gain, assure-t-elle. N'empêche que son flair pour les affaires demeure aussi vif qu'avant son entrée dans sa "zone très confortable"...