David Radler a menti pendant des années et son manque de sincérité remet en question la valeur de son témoignage au procès pour fraude de son ancien partenaire d'affaires Conrad Black.

David Radler a menti pendant des années et son manque de sincérité remet en question la valeur de son témoignage au procès pour fraude de son ancien partenaire d'affaires Conrad Black.

C'est ce qu'a soutenu jeudi l'avocat de la défense Eddie Greenspan.

Il y a des différences entre le témoignage de Radler et les déclarations qu'il a faites devant un comité spécial de Hollinger International en 2003, a dit Me Greenspan devant le tribunal, où Radler a entamé sa troisième journée à la barre comme témoin vedette.

«Vous avez menti pour sauver votre peau parce que vous ne pensez qu'à vous-même», a dit Me Greenspan.

«À mes yeux je suis le plus important», a répondu Radler, tout en niant qu'il mente encore.

Radler a admis qu'il avait fait de fausses déclarations au comité spécial, qui était chargé de faire enquête à la suite d'inquiétudes manifestées par les actionnaires concernant la possibilité que Black ait détourné des millions de dollars des coffres de Hollinger International.

Il a déjà affirmé lors de son témoignage qu'il avait menti sur son rôle dans le plan visant à empocher des millions de dollars en indemnités de non-concurrence, après la vente de journaux qui appartenaient à Hollinger, parce qu'il redoutait les conséquences de cette décision.

Jeudi, Me Greenspan a rappelé que pendant 13 heures de discussions avec le comité spécial, Radler n'a jamais attribué à Black le détournement des paiements de non-concurrence, n'a jamais admis avoir commis un crime et n'a jamais reconnu que le transfert de ces fonds aux dirigeants de Hollinger International ait été incorrect.

Il n'a pas non plus mentionné que plusieurs de ces indemnités de non-concurrence n'avaient pas été requises par les acheteurs.

Me Greenspan l'a ensuite bombardé de questions concernant la véracité de ses réponses.

«Est-ce que c'était facile de mentir?, a demandé Me Greenspan. Avez-vous bégayé quand vous avez menti? Y a-t-il eu une longue pause avant que vous ne mentiez?»

«C'est aux autres d'en juger. Je ne peux pas me voir moi-même», a répondu Radler.

«Donc vous pourriez être en train de mentir maintenant?», a poursuivi l'avocat.

«Je ne mens pas», a affirmé le témoin.

David Radler, âgé de 64 ans, a accepté de plaider coupable à des accusations de fraude, de payer une amende et de purger 29 mois de prison, une peine clémente pour ce type de délit aux États-Unis. En échange, il témoigne contre Black.

Me Greenspan a aussi attaqué les affirmations de Radler voulant que, en tant que chef de la direction, Black était responsable de toutes les transactions de Hollinger International.

«En fait vous avez pris plusieurs décisions par vous-même — vous n'étiez pas le bras droit de Conrad Black», a lancé Me Greenspan avant de citer un article paru dans un quotidien en 1996 dans lequel Radler déclarait: «Je ne suis le bras droit de personne».

Embarrassé, Radler a dit ne pas comprendre le sens de «bras droit» et ne pas se souvenir de cette déclaration, ce qui a provoqué la colère de Me Greenspan.

«M. l'éditeur du Chicago Sun Times, vous savez très bien ce qu'est un bras droit», a dit l'avocat, provoquant une deuxième intervention de la juge Amy St. Eve en autant de jours.

Un analyste juridique a indiqué que le contre-interrogatoire musclé de Me Greenspan commence à affaiblir Radler et que ce dernier n'a vraisemblablement pas encore convaincu le jury de la responsabilité de Black dans cette affaire.