Les investisseurs qui cherchent de bonnes occasions aux États-Unis ont intérêt à garder un oeil sur ce qui s'en vient mercredi prochain.

Les investisseurs qui cherchent de bonnes occasions aux États-Unis ont intérêt à garder un oeil sur ce qui s'en vient mercredi prochain.

Lors de la publication de ses résultats, le géant Altria Group, propriétaire des cigarettes Marlboro et de la bière Miller, devrait annoncer qu'il se déleste de son unité d'affaires Kraft Foods [[|ticker sym='KFT'|]].

«Cette annonce pourrait être le début d'une série de transformations qui créera de la valeur pour les actionnaires d'Altria, avance Jean-René Adam. Ce serait une façon de retirer l'escompte lié au conglomérat et d'améliorer la structure de capital de chaque entité.»

Après Kraft, l'analyste des marchés nord-américains pour Hexavest, s'attend à ce que la multinationale informe le marché, en cours d'année, qu'elle disposera aussi de ses autres unités.

Forte de plus de 100 milliards US de revenus, Altria détient 100% du cigarettier Philip Morris USA, 100% de Philip Morris International, 88,6% du producteur alimentaire Kraft Foods (KFT, Bourse de New York) et 28,7% du brasseur SABMiller (SAB, Bourse de Londres).

Selon M. Adam, la valeur actuelle de 88 $US (MO à la Bourse de New York) de la multinationale passera à 100 $US d'ici la fin de l'année si le démantèlement complet se réalise. Il s'agirait d'un gain boursier d'environ 14%, sans compter le dividende de 4%.

Pour arriver à ce montant, il estime la valeur de Kraft Foods à 25 $US l'action (0,69 de 36 $US: cote à la Bourse de New York), celle de Philip Morris USA à 24 $US l'action, celle de Philip Morris International à 46 $US l'action et celle de SABMiller et autres à 5 $US l'action.

L'analyste s'attend à ce que l'annonce de la séparation avec Kraft, dont les ventes annuelles dépassent 34 milliards US, se fasse le 31 janvier prochain.

Il calcule que les actionnaires recevront l'équivalent de 0,69 action de Kraft pour chaque action d'Altria.

«Il faut s'attendre à une baisse temporaire du prix de l'action de Kraft lors de la transaction car le marché risque d'être inondé de ses titres», prévient-il.

Par la suite, Jean-René Adam s'attend à l'annonce du délestage de Philip Morris International, dont les revenus annuels se chiffrent à plus de 45 milliards US.

Grâce notamment à sa marque Marlboro, cette entité détient 15% du marché mondial de la cigarette (en excluant la Chine). Ses marges bénéficiaires (BAIIA) de 42% sont très élevées et elle produit des flux monétaires de 6 milliards US par année.

«En utilisant ses actions comme monnaie d'échange, elle serait en mesure de faire des acquisitions et de consolider sa position dans le marché mondial», souligne M. Adam.

Philip Morris USA pourrait aussi être délestée, ajoute l'analyste.

Avec 50% du marché américain des cigarettes, elle affiche des revenus annuels de plus de 18 milliards US.

Même si elle est dans un marché mature, elle est considérée comme une véritable «vache à lait» avec sa marge de profits (BAIIA) de 33% et ses flux monétaires de 5 milliards US.

«Sa structure de capital pourrait être optimisée en augmentant son niveau de dettes, dit-il. Avec cet argent, elle pourrait racheter beaucoup de ses actions et verser une partie de ses flux monétaires sous forme de dividendes.»

Si le démantèlement complet n'avait pas lieu le marché serait déçu, mais Jean-René Adam ne pense pas qu'il y aurait des répercussions importantes pour le titre d'Altria.

«Il s'agit d'un investissement très défensif car il est peu touché par les cycles économiques», dit-il.

L'évaluation du titre, à 15 fois les profits de cette année, n'est pas dispendieuse.

L'entreprise produit des flux monétaires importants qui lui permettraient, en ajoutant son encaisse de 7,5 milliards US, de rembourser sa dette de 18 milliards US dès cette année.

Cela dit, les risques de poursuites judiciaires sont toujours présents quoiqu'ils ne mettent pas en danger la santé financière de l'entreprise. «Depuis 1999, Altria a réglé quatre cas de poursuites pour un total de 103 millions US, précise M. Adam. C'est peu pour une compagnie qui a une valeur boursière de 200 milliards US.»