La vigueur de l'économie soutiendra la Bourse canadienne cette année.

La vigueur de l'économie soutiendra la Bourse canadienne cette année.

«Il n'y a pas beaucoup d'ombres au tableau, constate François Dupuis, économiste en chef au Mouvement Desjardins. Les choses vont plutôt bien.»

Après un repli «probable» durant les mois d'été, le spécialiste s'attend à un rebond de l'indice de la Bourse de Toronto dans les 14 500 points à la fin décembre.

À ce niveau, il s'agirait d'un rendement de 12% pour l'année et d'un 3% supplémentaire par rapport au cours actuel.

L'an dernier, le S&P/TSX avait progressé de 14,5%.

M. Dupuis souligne que l'économie canadienne affiche de bons chiffres depuis le début de l'année.

Il s'est créé 50 000 emplois par mois au cours des deux derniers trimestres. Le taux de chômage est à 6,1% et les ventes des grossistes sont très fortes.

Vendredi, on apprenait que les ventes au détail ont grimpé de 1,9% en mars. C'est la deuxième hausse en importance des trois dernières années.

«L'économie se relève après avoir connu une croissance moins forte l'an dernier», affirme le spécialiste.

En fait, précise-t-il, le Canada semble avoir réussi son atterrissage en douceur. «Aujourd'hui, on se retrouve dans la deuxième partie du cycle économique caractérisée par une reprise vigoureuse», dit François Dupuis.

C'est une bonne nouvelle pour les profits des entreprises qui maintiendront leur cadence au-delà des 10%.

L'an dernier, les bénéfices des sociétés de la Bourse de Toronto ont augmenté de 14,4%.

Pour les deux prochaines années, les analystes s'attendent à des hausses respectives de 15% et de 11,2%.

«La croissance des profits va modérer mais il n'y a rien d'alarmant, précise l'économiste. L'économie continuera à bien faire.»

En fait, la reprise risque même d'entraîner une hausse de l'inflation en raison notamment des pressions sur le prix des logements et des aliments (à court terme) et des salaires (à moyen terme).

Si cela se confirme, ajoute M. Dupuis, la Banque du Canada réagira en haussant ses taux directeurs (deux fois de 0,25%) au cours des prochains mois.

«Du coup, ça calmera l'ardeur des investisseurs, dit le spécialiste. Sans compter que la saison de golf est rarement bonne pour le marché boursier...»

Pour cette raison, il ne serait pas étonné si l'indice S&P/TSX perdait «quelques centaines de points» au cours des prochains mois.

À partir de l'automne, toutefois, le marché reprendra du tonus pour finir l'année en force, pense-t-il.

«On se rendra bien compte que la hausse de taux n'a pas été dramatique, dit-il. Au contraire, elle aura servi à prolonger le cycle.»

D'autant plus, que le contexte mondial continuera à favoriser la Bourse canadienne.

«Il ne faut pas s'attendre à une correction économique en Chine avant les Jeux olympiques de Pékin, soutient M. Dupuis. D'ici là, elle maintiendra le cap en poursuivant sa forte croissance.»

Selon lui, la demande pour les ressources naturelles restera forte, ce qui avantagera les producteurs miniers canadiens.

«Le boum des matières premières est loin d'être fini, avance-t-il. Il va y avoir des reculs et des hésitations mais la tendance à long terme reste favorable.»

De plus, l'économiste en chef rappelle que le mouvement de fusions et d'acquisitions se poursuivra en cours d'année.

Cette semaine on apprenait que la valeur totale des fusions et acquisitions planétaires dépassaient les 2000 milliards US depuis janvier. Cela équivaut déjà à 57% du total atteint pour l'année complète l'an passé.

Au Canada, 292 rachats ont été annoncé depuis le début de l'année, pour un total de 103 milliards.

«Les conditions générales sont favorables pour le marché boursier canadien», estime François Dupuis.

Pour les prochains trimestres, il mise sur les secteurs des matériaux (mines et métaux) et de la consommation discrétionnaire, de même que sur les institutions financières (banques et assurances), les sociétés de télécoms et les entreprises liées aux soins de santé.

À surveiller:

CANADA

Emploi : le taux de chômage est à son plus faible niveau des 30 dernières années. Publié au début de chaque mois.

Indice des prixà la consommation: l'inflation inquiète la Banque du Canada. Publié au début du mois suivant.

Ventes au détail : la demande interne canadienne restera-t-elle aussi vigoureuse ? Publié au milieu du second mois suivant.

PIB réel par industrie : le creux est-il derrière nous ? Publié à la fin du second mois suivant.

ÉTATS-UNIS

Emploi : faiblesse récente des embauches et pressions haussières sur les salaires. Publié au début de chaque mois.

Indice des prix à la consommation: est-ce que l'inflation décélérera comme le prévoit la Fed ? Publié au milieu du mois suivant.

Indice ISM des directeurs d'achats : la récente remontée est-elle durable ? Publié le premier jour ouvrable du mois.

Ventes au détail : la consommation montre des signes de fablesse. Publié au milieu du mois suivant.

PIB réel : plus faible croissance en quatre ans l'hiver dernier. Publié à la fin du mois de juillet.

FRANÇOIS DUPUIS Vice-président et économiste en chef pour le Mouvement Desjardins

PLUS : fermeté des banques centrales; croissance rapide des pays émergents; fusions et acquisitions.

MOINS : des pressions inflationnistes, quoique légères, pourraient émerger; modération des anticipations de profits.