Les employés de la compagnie Usinage Nado de Sherbrooke se sont heurtés à des portes closes, lundi matin, à la suite du déclenchement d'un lock out par l'employeur.

Les employés de la compagnie Usinage Nado de Sherbrooke se sont heurtés à des portes closes, lundi matin, à la suite du déclenchement d'un lock out par l'employeur.

Ce geste survient après le rejet, dans une proportion de 64 pour cent des offres patronales par les syndiqués, samedi en assemblée générale. Le syndicat avait recommandé aux 75 syndiqués de rejeter ces offres portant le sceau «globales et finales» par la compagnie.

Les deux parties étaient parvenues à régler la question normative à la fin mai; c'est la question monétaire qui achoppe.

«Nous avions décidé de ne pas recourir à la grève malgré le refus des offres, pour laisser une chance à la négociation», note Denis Vignault, conseiller responsable du dossier à la CSD. «Mais l'employeur a décrété un lock-out».

«Nous considérons que la balle est maintenant dans son camp.»

Sans contrat de travail

Les employés d'Usinage Nado, une propriété de l'homme d'affaires Peter Downey, sont sans contrat de travail depuis le 31 décembre dernier. Le mois dernier, ceux-ci ont donné le mandat à leur syndicat d'entreprendre des moyens de pression pouvant aller jusqu'à la grève.

Usinage Nado, qui en est à son premier conflit du genre en 40 ans d'histoire, se spécialise dans la fabrication de produits métalliques de tous genres.

Selon M. Vignault, les deux parties sont proches d'une entente. Sans vouloir négocier sur la place publique, il ajoute que quelques points de pourcentage séparent le syndicat et la direction.

«En bas de 2,5% d'augmentation par année, c'est inacceptable. En plus, le patron veut une entente de cinq ans, nous trouvons ça long.»

En moyenne, les travailleurs de Nado reçoivent 13,50 $ de l'heure, mentionne-t-il. «C'est beaucoup moins que ce qui se donne ailleurs dans ce domaine dans la région, où les salaires sont déjà bas.»

Downey peu optimiste

Joint hier après-midi, M. Downey tient un autre discours. "Oui, nous sommes près d'une entente... si nous acceptons toutes les demandes du syndicat", dit-il.

«Le syndicat a dit à ses membres que nous avions de la latitude. Ce n'est pas vrai. Nous sommes au bout du rouleau. Nous n'avons pas de jeu. La hausse du dollar canadien a un impact désastreux sur nos activités. Cinquante pour cent de nos clients sont américains. En cinq ans, nous avons passé de 125 à 60 employés.»

De plus, les deux parties n'ont pas vécu de la même manière les impacts des moyens de pression instaurés au cours des dernières semaines dans l'usine. André Denault, président du syndicat, assure que seuls quelques autocollants aux couleurs de la CSD sont apparus.

«Il n'y a eu aucun ralentissement de production», dit-il.

Pour sa part, M. Downey a remarqué une baisse de production de 50% en une semaine dans l'usine.

Hier matin, des agents de sécurité avaient pris place devant les installations de la compagnie, sur la rue Brodeur. Les syndiqués leur faisaient face en se tenant près de la chaussée avec leurs pancartes. Tout le monde se disait déterminé à aller jusqu'au bout pour faire fléchir l'employeur.

Comme ses collègues, Michel Bolduc a quand même hâte que le conflit de travail se termine. «Nous avons des familles, des maisons. On ne veut pas que ça dure trop longtemps», mentionne le soudeur.

«Je trouve ça plate de voir comment l'employeur nous traite, lance Cédric Fortier. Nous avons voté contre les offres mais nous étions prêts à entrer travailler. Nous ne demandons même pas le coût de la vie. Nous ne voulons pas reculer.»