Attention! Carly Fiorina. Écoutez bien ceci, Robert Nardelli. Peu importe l'ampleur de la déchéance subie par un cadre supérieur, il y a toujours moyen pour lui de remonter sur scène, affirme une étude approfondie des échecs professionnels, menée par deux chercheurs américains.

Attention! Carly Fiorina. Écoutez bien ceci, Robert Nardelli. Peu importe l'ampleur de la déchéance subie par un cadre supérieur, il y a toujours moyen pour lui de remonter sur scène, affirme une étude approfondie des échecs professionnels, menée par deux chercheurs américains.

«Tant que vous ne tuez personne ou que vous n'acculez pas l'entreprise à la faillite –comme ce fut le cas chez Enron–, un retour triomphal est toujours possible », affirme Jeffrey Sonnenfeld, vice-doyen principal à l'École de management de l'Université Yale et coauteur de Firing Back: How Great Leaders Rebound after Career Disasters.

Selon cette étude, seulement 30 % des cadres supérieurs ayant quitté leurs fonctions dans une tourmente judiciaire ont pu retrouver un poste au sein de la haute direction d'une entreprise.

M. Sonnenfeld a découvert que 14% d'entre eux sont devenus conseillers ou administrateurs de société, alors que 56% ont fait une croix sur les postes de direction.

Par ailleurs, 67 % des cadres partis pour des «raisons neutres» –une fusion nécessitant le départ du personnel excédentaire ou encore un désaccord avec le conseil d'administration - ont été en mesure de retrouver un travail comportant les mêmes responsabilités et avantages pécuniaires.

Mais les auteurs croient que tous les gestionnaires analysés auraien pu rebondir s'ils s'étaient conformés à une stratégie de remise sur pied.

«Revenir en force ne relève pas d'un coup de chance. Les gens qui se sont rétablis doivent leur retour à leurs efforts soutenus et à leur engagement actif auprès de ceux qui sont susceptibles de les aider à sauter à nouveau dans l'arène», dit M. Sonnenfeld.

Voici leurs recommandations:

Restez bien en vue: «Si vous quittez votre milieu plus de quelques mois, on vous oubliera », dit M. Sonnenfeld. Et ce conseil vaut pour toute profession, ajoute-t-il.

Restez dans le circuit: Il est essentiel de multiplier les rencontres, de se faire suggérer de nouvelles avenues et de rester au fait des événements qui marquent votre profession, conseille-t-il.

Défendez-vous: Après une cruelle défaite, les amis ont tendance à offrir des conseils bien intentionnés, mais souvent terriblement peu judicieux, dit M. Sonnenfeld.

«Vis ta vie et essaie d'oublier ce qui s'est passé» ou «accepte les événements», sont les commentaires qu'on entend les plus souvent.

Mais c'est, selon lui, une stratégie dangereuse, car en vous taisant, vous risquez de vous replier sur vous-même alors qu'il vous faut au contraire vous défendre et donner votre version des faits.

Ne concluez pas d'accord: Certes, l'argent peut mettre un peu de baume sur la blessure et, avec une prime de départ de 21 millions US, Mme Fiorina n'a pas besoin de se chercher un autre boulot cruel à la tête d'une grande société.

Pas plus que Robert Nardelli n'a à se soucier de son avenir avec l'entente de 210

M$ US qu'il a conclue avec Home Depot avant son congédiement, dit M. Andrew Ward, coauteur de l'étude Firing Back et professeur d'études commerciales à l'Université de Géorgie.

Mais, dans la plupart des cas de congédiement de cadre supérieur, les conditions liées aux primes de séparation sont telles qu'il peut être extrêmement difficile de tenter de se refaire une réputation, prévient M. Ward. Les auteurs recommandent de résister à la tentation de toute généreuse prime de départ si elle vous oblige à vous taire.

«Il est important de pouvoir raconter sa version des faits pour reconstruire sa réputation», dit M. Sonnenfeld.

Soyez diplomate: Cependant, même si vous signez un accord, il y a moyen de faire entendre votre voix, note M. Sonnenfeld.

«Sur le plan judiciaire, vous ne pouvez montrer du doigt votre employeur, mais vous pouvez relater les aspects positifs de votre carrière et alléguer que vous n'avez rien fait de mal. Tant que vous n'insistez pas sur des détails ou que vous ne faites pas allusion à votre employeur, vous restez à l'intérieur de la légalité », dit-il.

Prenez l'initiative: «Les cadres supérieurs sont toujours en état de choc après un congédiement. On dit souvent, par euphémisme, qu'ils ont quitté pour des raisons familiales ou pour se consacrer à d'autres champs d'intérêt. Or, bien qu'il semble s'agir d'une stratégie pour dorer la pilule, il est important que vous projetiez l'image de quelqu'un qui reste maître de son destin et non pas d'une victime dépassée par les événements», dit M. Ward.

Ne paniquez pas: Le chemin du retour peut être long, mais persistez à vous rappeler que vous pouvez y arriver, dit M. Ward. Martha Stewart en est le parfait

exemple, selon lui.

Après avoir purgé une peine derrière les barreaux, elle n'a, depuis sa libération, raté aucune occasion de raconter sa version des faits. C'est ce qui lui a permis d'opérer un retour en force et d'être indiscutablement plus forte que jamais, dit-il.

À ses yeux, on peut se relever d'un échec à n'importe quelle étape de notre carrière.

«À certains égards, il peut être plus facile pour les professionnels moins en vue de se refaire une carrière, même s'ils n'ont pas les ressources financières des cadres supérieurs», croit-il.