Des investisseurs auront les yeux rivés sur les prévisions météorologiques au cours des six prochains mois.

Des investisseurs auront les yeux rivés sur les prévisions météorologiques au cours des six prochains mois.

Pourquoi?

Parce qu'au moment où les prix des céréales sont en plein boum, les prochaines récoltes retiendront plus que jamais l'attention des marchés financiers.

«La course à l'éthanol a engendré un effet domino qui s'est répercuté dans les cours des céréales», affirme Luc R. Fournier, de l'Industrielle Alliance.

L'éthanol est un alcool à base de maïs ou de canne à sucre. Il est considéré par certains comme le carburant de l'avenir.

«Au cours des derniers mois, la popularité de l'éthanol et le jeu des spéculateurs ont fait grimper les prix du maïs, explique le gestionnaire de portefeuilles. Du coup, des consommateurs et des producteurs se sont tournés vers d'autres produits substituts qui, conjugués à des mauvaises récoltes, ont pris de l'élan à leur tour».

Depuis septembre dernier, le cours du maïs a bondi de 85 %, à 4,50 $US le boisseau.

Pendant ce temps, celui des fèves de soya a progressé de 35 % et celui du blé a gagné 25 %.

Tout cela se fait maintenant sentir dans le prix des aliments, constate M. Fournier.

Les statistiques de l'indice des prix à la consommation pour février, publiés cette semaine, montrent que la composante alimentation a avancé de 4,1 % au cours de la dernière année.

«C'est une grande chaîne où tout se tient, dit le spécialiste. Le prix de la viande augmente parce qu'il en coûte plus cher pour nourrir le bétail avec des céréales.»

Cela dit, il ne s'attend pas à une forte poussée inflationniste.

«L'indice général de l'inflation tourne autour de 2,8 % au pays, précise-t-il. On est encore loin des 6 ou 7 %.»

Par contre, Luc R. Fournier précise que certaines sociétés boursières profitent de la demande pour les céréales.

Les titres de deux fabricants de fertilisants, Potash [[|ticker sym='T.POT'|]] et Agrium [[|ticker sym='T.AGU'|]], ont doublé depuis un an.

«On peut comprendre que leurs produits sont en demande car on utilise leurs engrais pour améliorer la productivité des récoltes», signale-t-il.

Toutefois, les deux sociétés devront répondre aux attentes du marché.

«Pour le moment, les investisseurs attendent de bons chiffres dans les prochains trimestres, dit M. Fournier. Si les semences du printemps n'apportent pas les résultats anticipés les titres en souffriront.»

L'an dernier, sur des revenus de 3,8 milliards US, Potash a engrangé un profit net de 632 millions US, ou 5,95 $US par action, en hausse de 16 % par rapport à l'exercice précédent.

Le gestionnaire souligne que le titre de la société canadienne s'échange à 20 fois les profits de cette année.

«Ce n'est pas bon marché mais si le phénomène perdure il y a encore des possibilités de gains», dit-il.

De son côté, Agrium a déçu ses actionnaires au quatrième trimestre en présentant une perte de 62 millions US, ou de 47 cents par action.

Pour l'année complète, elle a affiché un profit net de 33 millions US, ou 25 cents US par action, et des ventes de 4,4 milliards US.

Pour cette raison, son titre s'échange à 13 fois les profits de cette année.

Malgré tout, remarque M. Fournier, l'action d'Agrium a poursuivi son ascension parce qu'on anticipe un bon exercice 2007.

Il considère que plusieurs facteurs influenceront le marché au cours des prochains mois: la qualité des récoltes, la force de la demande et le rôle des spéculateurs.

«Si les prix du maïs continuent à augmenter, il va y avoir une deuxième vague haussière», avance-t-il.

En plus des fabricants de fertilisants, il pense que des sociétés ferroviaires comme le Canadien National [[|ticker sym='T.CN'|]] et le Canadien Pacifique [[|ticker sym='T.CP'|]] pourraient aussi en bénéficier.

«Puisque les frais de transport sont liés aux coûts des produits transportés les compagnies de chemins de fer sont en bonne position», dit-il.