Gilbert a eu du flair pour dépister les tendances boursières porteuses. Depuis un an, plusieurs des titres de son portefeuille ont explosé.

Gilbert a eu du flair pour dépister les tendances boursières porteuses. Depuis un an, plusieurs des titres de son portefeuille ont explosé.

Boralex est en hausse de 46%, Cogeco Câble a pris 55%, WestJet Airlines s'est envolé de 56%, Boralex a gagné 46%. Même BCE s'est relevé de 32% dans la perspective de sa prise de contrôle. Et Molson Coors a rebondi de 41% après une période de difficile.

Bien sûr, son portefeuille compte aussi quelques déceptions. Mais dans l'ensemble, Gilbert gère avec brio ses portefeuilles de près d'un demi million.

Sauf qu'à 49 ans, il entrevoit la retraite et il tremble un peu. «Il approche du but. Il ne veut pas manquer son coup», constate Jean Duguay, chef des investissements chez Gestion de placements Eterna, notre Docteur Portefeuille ce mois-ci.

Gilbert a les nerfs solides. Le risque ne l'empêche pas de dormir. Mais récemment, il a réalisé qu'un rendement de 6% était suffisant.

En effet, Gilbert et sa conjointe Lise sont en belle position financière. À deux, ils touchent des revenus annuels de 145 000$. Ils cotisent environ 20 000$ à leurs REER chaque année et ils réussissent à épargner un autre 10 000$, sans trop se forcer.

Le couple vit en dessous de ses moyens... et pourra continuer de le faire à la retraite, selon les simulations réalisées par Eterna.

Ils vivent aisément avec 44 000$ par an. En indexant ce montant à l'inflation, en utilisant un rendement de 6% d'ici la retraite puis de 5% par la suite, en considérant le régime de retraite de Lise, et les rentes de retraite gouvernementales, Eterna arrive à la conclusion que le couple pourrait même dépenser jusqu'à 52 000$ par année!

Alors pourquoi prendre des risques inutiles, se demande Gilbert qui commence à en avoir marre de passer autant de temps à la recherche d'aubaines boursières.

«Est-il possible d'obtenir 6% sans trop se casser la tête de nos jours?», dit-il.

Simplifier ou déléguer

«À la retraite, s'il décide de voyager tout en continuant de suivre ses placements, il n'aura pas de plaisir ni dans l'un, ni dans l'autre», prévient M. Duguay.

Deux options s'offre à lui. D'une part, il peut confier ses placements à une firme spécialisée. Dans ce cas, il vaudrait mieux qu'il fasse le saut avant la retraite et qu'il procède graduellement.

«Par expérience, quand on a toujours géré ses placements soi-même, il y a une période d'adaptation quand on décide de déléguer à un professionnel», dit M. Duguay.

D'autre part, Gilbert peut garder le gouvernail, mais s'orienter vers des produits qui exigent moins de suivi.

Pour se simplifier la tâche, Gilbert peut se tourner vers les fonds négociés en Bourse. D'ailleurs, ses portefeuilles renferment déjà quelques iShares.

Ces unités se négocient comme des actions, mais elles offrent le même rendement qu'un indice boursier qui regroupe un grand nombre d'entreprises.

C'est un moyen simple de diversifier ses placements à peu de frais.

«Cela réduirait son risque lié à une entreprise particulière qui peut amputer le rendement du portefeuille», dit M. Duguay.

Gilbert pourrait aussi acheter davantage de fonds communs de placement, mais les frais de gestion élevés (2 à 2,5% par année) grugeraient une partie importante de ses rendements.

Cap sur l'étranger

D'une manière ou d'une autre, Gilbert doit revoir sa répartition d'actif.

Présentement, la moitié de son actif est investie en actions canadiennes.

M. Duguay lui suggère d'élargir ses horizons. Il doit maintenir 65% de son portefeuille en actions. Mais seulement 30% doit être investi en actions canadiennes, 15% en actions américaines, et 20% en actions étrangères.

Bien sûr, avec 35% de ses actifs à l'étranger, Gilbert sera plus vulnérable à la fluctuation des devises. Si le dollar canadien monte encore, la valeur de ses placements étrangers pâlira.

Mais il existe des façons de se protéger. Certains fonds communs et fonds négociés en Bourse investissent à l'étranger avec une couverture contre les aléas des devises.

Le reste (35%) de l'actif de Gilbert resterait en obligations. «Ce n'est pas avec les obligations qu'on obtient des rendements élevés. Mais c'est une mesure de protection du patrimoine», dit M. Duguay. Lorsqu'il arrivera à la retraite, Gilbert devrait hausser la proportion d'obligations à 50%.

Avec une telle répartition d'actif, Gilbert devrait atteindre ses objectifs. Depuis dix ans, un portefeuille répartit de cette façon aurait progressé de 7,5% par année. Si on exclu la période faste des trois dernières années (rendements annuels de 11%), le rendement serait un plus bas.

Mais il n'en demeure pas moins que 6%... c'est possible.

Que faire Docteur?

Question: «J'ai présentement 150 000$ dans un CRI. Quand puis-je commencer à y piger et à quel rythme?»

Réponse: Le compte de retraite immobilisé (CRI) est une forme de REER. Mais comme les sommes proviennent du régime de retraite d'un ancien employeur, on ne peut pas y toucher.

Ce n'est qu'à la retraite, qu'on peut le transformer en Fonds de revenu viager (FRV). On doit alors retirer un montant annuel minimal qui est calculé de la même façon que pour un fonds enregistré de revenu de retraite (FERR).

Mais à la différence du FERR, le retrait annuel du FRV est aussi plafonné pour éviter la dilapidation du capital. Le retrait maximal est calculé au début de chaque année selon l'âge, le montant du FRV et le taux établi par la Régie des rentes du Québec (RRQ).

Infos : www.rrq.gouv.qc.ca

Le carnet de prescriptions

- Vendre: Certains titres à petite capitalisation sont trop volatils pour le profil d'investisseur de Gilbert. Des exemples : ConjuChem Biotechnologies en baisse de 64% depuis 12 mois, Lorus Therapeutics en baisse de 19%, et Glentel qui dont la capitalisation est inférieure à 100 millions.

- Conserver: Alimentation Couche-Tard recule depuis un an, mais l'entreprise a encore un énorme potentiel de croissance. M Duguay reste très optimiste à long terme. Idem pour Cogeco Câble. Il croit aussi que Gilbert devrait garder Boralex, même si le titre est un peu cher. Le profil stable de l'entreprise convient bien aux besoins de Gilbert.

- Acheter: Plus il approche de la retraite, plus Gilbert doit concentrer son portefeuille vers des titres de grandes entreprises stables. Cela réduira son risque. Gilbert pourrait profiter d'un repli des Bourses et d'un envol du huard pour acheter des titres de grandes sociétés européennes et asiatiques.