La Chine communiste a choisi d'investir une partie de ses colossales réserves de change dans une société emblématique du capitalisme financier américain, Blackstone, l'un des plus puissants fonds d'investissement au monde.

La Chine communiste a choisi d'investir une partie de ses colossales réserves de change dans une société emblématique du capitalisme financier américain, Blackstone, l'un des plus puissants fonds d'investissement au monde.

Le pays, qui cherche à investir ses gigantesques réserves de change (issues des excédents commerciaux) dans des placements plus rentables, projette de mettre sur pied dans ce but une agence spécialisée, la Société d'Investissement d'Etat chinoise (SIE).

Avant même sa création officielle, elle a fait sensation en annonçant lundi vouloir commencer par acquérir une participation de 9,7% dans Blackstone, pour trois milliards de dollars (plus de deux milliards d'euros).

«Nous sommes très heureux d'être en mesure de réaliser le tout premier investissement de la SIE dans une compagnie respectée comme Blackstone», a déclaré Lou Jiwei, à la tête du groupe de travail de la SIE.

Blackstone fut fondé en 1985 avec seulement 400 000 dollars de mise de départ. Il possède aujourd'hui des actifs de plus de 30 milliards de dollars.

Cette transaction se fera à l'occasion de l'introduction en Bourse prévue du fonds, qui compte placer au moins 12,3% de son capital sur le marché et lever jusqu'à 4,75 milliards de dollars, en plus de la cession prévue à la Chine.

L'arrivée de la Chine dans Blackstone marque un tournant dans la façon dont le géant asiatique gère ses réserves de change, les premières au monde, alimentées notamment par ses exportations florissantes. Elles atteignaient 1 200 milliards de dollars fin mars.

Jusqu'ici, le pays achetait en priorité des bons du Trésor américains, placements sûrs mais à la rentabilité limitée, dont il est le deuxième détenteur au monde (environ 600 milliards de dollars).

Les autorités chinoises ont décidé de confier dans un premier temps quelque 200 milliards de dollars à la nouvelle agence nationale chargée de diversifier les investissements, selon les médias officiels.

En mars, le ministre des Finances Jin Renqing avait souligné que le gouvernement entendait «tout faire pour avoir plus de profits et de productivité avec la gestion des réserves, en empruntant quelques expériences réussies à l'étranger, comme par exemple Temasek», la holding financière de Singapour, très présente dans le secteur bancaire chinois.

Les fonds d'investissement anglo-saxons, qui multiplient les achats d'entreprises dans le monde entier, offrent actuellement les rendements parmi les plus intéressants sur le marché.

Aussi les analystes estiment-ils logique la démarche chinoise.

«Je trouve sensé de la part de la Chine de placer (...) une partie de ses actifs dans des sociétés d'investissement internationales expérimentées», dit Ma Jun, de Deutsche Bank.

Afin de ménager les susceptibilités américaines, les actions achetées par la Chine ne seront pas associées à des droits de vote, ce qui limite singulièrement sa capacité à peser sur les décisions stratégiques du fonds. De même la participation reste sous le seuil des 10%.

Pour l'heure, aucune opposition ne s'est manifestée, mais d'Allemagne où il participait à une réunion du G8 Finances, le secrétaire adjoint américain au Trésor Robert Kimmitt a implicitement appelé la Chine vendredi à un retour d'ascenseur.

«Nous voulons que les capitaux étrangers viennent aux États-Unis. Plus nous sommes ouverts aux investissements, plus nous nous attendons à ce que les pays à l'étranger soient ouverts aux investissements américains», a-t-il dit.