Refusé à l'aide juridique parce que ses revenus familiaux sont trop élevés, Vincent Lacroix, persiste à dire qu'il n'a pas les moyens de se payer un avocat. Le président déchu du groupe Norbourg demande maintenant au juge Claude Leblond d'obliger l'État à lui en payer un, afin qu'il puisse se défendre face à la cinquantaine d'accusations qui pèsent sur lui.

Refusé à l'aide juridique parce que ses revenus familiaux sont trop élevés, Vincent Lacroix, persiste à dire qu'il n'a pas les moyens de se payer un avocat. Le président déchu du groupe Norbourg demande maintenant au juge Claude Leblond d'obliger l'État à lui en payer un, afin qu'il puisse se défendre face à la cinquantaine d'accusations qui pèsent sur lui.

Lacroix s'est servi d'une requête plutôt rare, de type «Rowbotham», qui permet aux juges, dans des cas exceptionnels, de suspendre le processus judiciaire jusqu'à ce que le gouvernement prenne en charge le coût de défense d'un accusé.

Pour convaincre le juge, Lacroix doit prouver qu'il est dans l'indigence et que la cause est trop complexe pour qu'il puisse assumer seul sa défense.

Lundi, l'ex-millionnaire a fait valoir qu'il est en faillite depuis le 19 mai 2006, qu'il ne travaille pas, qu'il est sans le sou, et qu'aucune banque ne veut lui ouvrir de compte. Il a aussi insisté sur le fait qu'il ne détient aucun bien ou somme d'argent à l'extérieur du pays, contrairement à ce que les médias ont véhiculé dans des articles, a-t-il précisé.

«Depuis le 25 août 2005 (jour des perquisitions dans les bureaux de Norbourg et début du scandale) on ne m'a jamais cru. C'est un débat que je veux tenir en présence du syndic», a dit Lacroix, hier. Le juge Leblond a signalé qu'il devait aussi considérer l'aide que ses proches pouvaient lui apporter.

Lacroix, qui vient de fêter ses 40 ans, demeure avec sa conjointe, Sylvie Giguère, et ils ont deux enfants. Avec les déboires de son mari, Mme Giguère a dû retourner travailler.

Elle travaille comme pharmacienne dans un hôpital de la Rive-Sud et gagne environ 80 000 $ par année. Elle a trois propriétés valant 1,2 million à son nom, mais celles-ci font l'objet d'une hypothèque légale, car Revenu Québec lui réclame plus de 1,5 million en impôt impayé entre 1998 et 2004.

En fait, Revenu Québec soutient que Lacroix a transféré des biens à sa femme entre le 27 mars 2002 et le 31 mai 2005. Quoi qu'il en soit, le règlement de l'aide juridique ne considère pas une hypothèque légale comme une dette, ce qui laisse à Mme Giguère un revenu bien plus haut que le seuil maximal admissible, soit 18 274 $ par année pour la gratuité, et 26 041 $ pour une contribution.

L'autorité des marchées financiers, qui accuse Lacroix d'avoir manipulé des résultats financiers et participé au détournement de 130 millions de dollars, prétend qu'il a les moyens de se payer un avocat et s'oppose à sa demande. Le débat se poursuivra jeudi. Lacroix entend faire défiler des témoins pour appuyer ses prétentions.