La provenance du financement de Norbourg n'était pas très claire, même pour les plus proches collaborateurs de Vincent Lacroix. Mais les rumeurs sur «l'argent de la famille» et «une institution bancaire européenne» flottaient.

La provenance du financement de Norbourg n'était pas très claire, même pour les plus proches collaborateurs de Vincent Lacroix. Mais les rumeurs sur «l'argent de la famille» et «une institution bancaire européenne» flottaient.

C'est ce qui ressort d'un mercredi après-midi de témoignage de la part de Mario Lavallée, l'un des «cerveaux» qui ont contribué à faire éclore Norbourg à ses débuts.

Docteur en finance qui a enseigné à l'UQAM, M. Lavallée a déjà travaillé à la Caisse de dépôt et placement du Québec.

C'est lui et son collègue Jacques Bourgeois qui ont aidé Norbourg à présenter un plan d'investissement à la filiale Opvest de Desjardins. Desjardins a misé 20 M$ de 2000 à 2004 dans un fonds de couverture baptisé Eloria chez Norbourg.

Mario Lavallée était impliqué dans ce travail au niveau stratégique, et il a, avec les années, joué plusieurs rôles dans les entreprises de Vincent Lacroix.

Il a agi à titre de consultant jusqu'en 2002, jusqu'à ce que sa firme Lavallée Bourgeois et associés soit rachetée par Norbourg. Il a ensuite fondé Finlab, une firme de consultants qui a fourni divers services de recherche et d'analyse aux sociétés de M. Lacroix.

Finlab a partagé des bureaux avec Norbourg au 615, René-Lévesque à Montréal. De 2002 au début de 2003, M. Lavallée a même été employé par Norbourg pendant un an afin de diriger des filiales.

Un financement flou

La question du financement de la croissance chez Norbourg n'était pas entièrement claire, a dit M. Lavallée en répondant aux questions d'Eric Downs, procureur de l'AMF.

Le discours officiel aurait porté sur «l'argent de la famille», notamment celui de Robert Simoneau, oncle de M. Lacroix. Aussi, Mario Lavallée en venait indirectement à la conclusion qu'«une institution financière européenne» soit impliquée par la voie d'actions ou de titres convertibles.

Rappelons que 600 000 $ de paiements ont été faits à Robert Simoneau à partir de divers comptes bancaires appartenant à Vincent Lacroix ou à ses sociétés.

Un PDG centralisateur

Mario Lavallée a joué un véritable rôle de mentor alors qu'il servait indirectement la cause de Norbourg en siégeant à son comité de placements. Il contribuait à indiquer aux gestionnaires quels étaient les risques géopolitiques et les meilleures occasions à saisir.

Ayant côtoyé M. Lacroix presque quotidiennement, M. Lavallée a affirmé devant le juge Claude Leblond que l'accusé centralisait les décisions dans son bureau.

Les décisions de placement, de gestion des fonds et la signature de chèques pour les filiales devaient passer par lui. Il connaissait très bien chacun de ses employés et les relations étaient au beau fixe.

Mais le contrôle était bien présent: «Les gens se disaient que si l'on voulait que quelque chose se fasse, il fallait en parler à Vincent», a lancé M. Lavallée.

Lacroix reste sur ses gardes

Invité à commenter les informations révélées en après-midi, Vincent Lacroix a prié les médias de le laisser faire son contre-interrogatoire avant d'en dire plus.

Il semblait par contre douter du contrôle centralisé dans ses mains chez Norbourg. «Je passais 3 heures par jour au bureau», a-t-il lâché.

M. Lacroix a aussi suggéré qu'il fallait demander à son oncle ce qu'il pensait des propos tenus par Mario Lavallée sur le financement en provenance de sa famille.

Et que dire des anciens collaborateurs qui viennent témoigner au procès, risquant de renforcer le dossier de l'Autorité des marchés financiers ?

«On va en voir plusieurs, dit l'ancien PDG. Je dirais que c'est mitigé comme émotion. Ce n'est pas la meilleure place pour les revoir. Il y a tellement de pression médiatique qu'il ne faut pas vraiment s'attendre à du soutien des anciens collaborateurs. Les gens craignent la pression.»