Le géant canadien de l'aluminium, Alcan (T.AL), a surpris les marchés mardi avec des résultats records pour son premier trimestre de l'année.

Le géant canadien de l'aluminium, Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]], a surpris les marchés mardi avec des résultats records pour son premier trimestre de l'année.

Et ce n'est peut-être pas fini.

Deux spécialistes du secteur s'attendent à voir l'entreprise poursuivre sur sa lancée lors des prochains trimestres.

Leur prix cible pour l'action est de 75 $ pour les 12 prochains mois. Il s'agit d'un gain potentiel de près de 20 %, en considérant le rendement de 1,5 % de ses dividendes.

Pour les mois de janvier à mars, le producteur a affiché un bénéfice d'exploitation de 1,67 $US par action alors que les analystes tablaient sur un gain de 1,52 $US par action.

«C'est excellent! lance le gestionnaire Jean-Philippe Choquette, de Fiera YMG. D'autant plus que l'entreprise a obtenu ces résultats malgré un taux de taxation de 33 % alors qu'il est de 30 % habituellement.»

Plusieurs raisons expliquent la bonne performance d'Alcan.

L'entreprise a non seulement vu ses ventes augmenter de 16 %, à 6,4 milliards US, par rapport à l'an dernier mais elle a aussi réduit la progression de ses coûts.

Par exemple, les frais de vente et d'administration représentaient 5,8 % des ventes totales comparativement à 6,6 % un an plus tôt.

Le gestionnaire Luc Grenier, de l'Industrielle Alliance, remarque qu'Alcan a aussi profité de bons prix pour l'aluminium au cours de la période.

Pour les trois premiers mois de l'année, le prix moyen au London Metal Exchange était de 2760 $US la tonne. Pour sa part, le prix réalisé par Alcan au cours du trimestre s'élève à 2835 $US la tonne.

Sans compter, ajoute M. Grenier, que l'entreprise a généré d'importants flux financiers de 2,5 milliards US l'an dernier et qu'elle prévoit faire encore mieux cette année.

«Je pense qu'Alcan est en train de prendre son envol», affirme le gestionnaire.

Tout d'abord, dit-il, ses dirigeants exercent une bonne discipline financière axée sur le contrôle des coûts.

De plus, ajoute-t-il, la compagnie délaisse graduellement les produits à faible marge bénéficiaire, comme ceux du secteur emballage, pour se tourner vers des produits plus rentables, comme ceux liés à la pharmaceutique.

Selon lui, la compression des coûts et les prix supérieurs pour l'aluminium se feront aussi sentir au prochain trimestre.

Jean-Philippe Choquette précise que le programme de couverture d'Alcan, qui lui fait vendre une partie de sa production à un niveau inférieur à celui du marché, se terminera d'ici la fin de l'année.

«Ça laisse présager une augmentation des profits en 2008», avance-t-il.

Le gestionnaire souligne que la demande pour l'aluminium restera forte, grâce à la poussée de l'Europe, de l'Asie et du secteur de l'aéronautique.

Il pense aussi qu'Alcan pourrait améliorer ses parts de marché puisque ce métal peut, dans certains cas, se substituer au cuivre, dont le prix est plus élevé.

Alcan prévoit que la consommation mondiale d'aluminium de première fusion augmentera d'environ 8,9 % par rapport à 6,9 % l'an dernier.

Toutefois, avec l'arrivée de nouvelles installations et la réouverture de certaine usines, l'offre mondiale s'élèvera à environ 10 %.

«Ça voudrait dire qu'il y aurait un surplus annuel d'environ 200 000 tonnes, soit un minime 0,03 % du marché total, dit Luc Grenier. La compagnie se veut prudente. À mon avis, ça risque plus d'être un léger déficit.»

L'an dernier, le déficit avait été de 162 000 tonnes.

Le spécialiste rappelle que le prix de l'aluminium a traîné la patte par rapport au reste des métaux, notamment parce que la Chine en produit beaucoup.

«On peut toutefois s'attendre à une baisse des capacités chinoises, en raison notamment des problèmes en approvisionnement d'électricité», explique M. Grenier.

De son côté, Alcan pourrait grandir en faisant des acquisitions ciblées, croit-il.

«Elle a les capacités financières pour le faire, dit le gestionnaire. Son ratio d'endettement n'est que de 33 %.»

Mais l'inverse est aussi vrai. En février dernier, Alcan et l'américaine Alcoa ont été au centre de rumeurs voulant qu'elles soient achetées par les géants BHP Billiton et Rio Tinto.