Atelier du monde, la Chine garde une image de machine à produire imbattable. Pourtant certains fleurons du "made in China" commencent à délocaliser une partie de leur production. Textile, électroménager, automobile... tous types d'entreprises cherchent à mettre un pied dehors, avec la bénédiction des autorités.

Atelier du monde, la Chine garde une image de machine à produire imbattable. Pourtant certains fleurons du "made in China" commencent à délocaliser une partie de leur production. Textile, électroménager, automobile... tous types d'entreprises cherchent à mettre un pied dehors, avec la bénédiction des autorités.

"C'est un mouvement qui va se confirmer, en particulier pour les industries manufacturières ", affirme Chen Xingdong, économiste à Peregrine-BNP Paribas à Pékin.

En 2005, les investissements non-financiers des entreprises chinoises à l'étranger totalisaient 12,3 milliards US, dont plus d'un tiers provenant d'entreprises manufacturières. Aux prises avec une féroce concurrence sur leur propre marché, les entreprises chinoises ont besoin d'élargir leur horizon. Il est important pour elles d'être proches de ces autres consommateurs.

C'est le cas de Haier, numéro 1 chinois de l'électroménager, qui a investi dans une usine dans aux États-Unis. "Malgré la décision de TCL de fermer les activités de Thomson en Europe, je ne pense pas que cette tendance puisse s'inverser ", assure Chen Xingdong.

Mais la principale cible sont les pays en voie de développement. Les entreprises chinoises se rapprochent des consommateurs tout en participant au " développement de l'économie locale pour y vendre ensuite leurs produits ", ajoute l'économiste.

Être proche du marché est la première raison évoqué par Li Shufu, pdg de Geely, 1e constructeur automobile indépendant chinois, pour l'installation de son usine en Malaisie. "Nous souhaitons nous développer fortement dans ces pays émergents ", a-t-il déclaré en marge d'un forum à Shanghai.

Le constructeur n'est pas seul à y penser. Ses deux principaux concurrents, Chery et BYD, ont signé des accords pour ouvrir des sites en Malaisie.

Pas de restrictions

Autre problème de taille pour les compagnies chinoises: les restrictions mises en place par les États-Unis et l'Union européenne pour contenir la déferlante des produits "made in China ".

Les secteur textile est l'un des premiers concernés, après le maintien de barrières douanières aux portes des marchés occidentaux. Le groupe Shenzhou, fabricant de tricots basé à Ningbo, a ainsi décidé d'ouvrir une usine au Cambodge l'an dernier et y produit déjà 500 000 pièces par mois.

"Là-bas, il n'y a aucun problème de quotas ", assène Wei Yi, responsable au service financier de l'entreprise. Les fabricants chinois "font face à une pression croissante de la part des pays développés en raison de l'augmentation des importations de biens issus de l'industrie légère", analysait en juillet Mari Pangestu, ministre du Commerce indonésien, de passage à Pékin. Les autorités chinoises sont prêtes à soutenir ses entreprises à s'installer à l'étranger.

Selon l'hebdomadaire Jingji Guanchao Bao, les dirigeants songent notamment aux fabricants de téléviseurs ou de machines à laver, secteurs en sur-capacité sur le territoire chinois. Une dizaine d'entreprises d'État seraient ainsi sélectionnées pour ouvrir des sites dans des pays comme le Cambodge, le Vietnam ou la Thaïlande.

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