Nathalie Palladitcheff a terminé le processus de transformation d’Ivanhoé Cambridge qu’elle a entrepris il y a quatre ans lorsqu’elle a été nommée PDG de la division immobilière de la Caisse de dépôt, et elle complétera le mois prochain son intégration aux activités courantes de l’institution avant de quitter ses fonctions pour relever de nouveaux défis.

Avant de laisser définitivement son poste, Nathalie Palladitcheff souhaitait faire un dernier bilan des neuf années qu’elle a passées chez Ivanhoé Cambridge, dont les quatre dernières à titre de PDG.

Dans son nouveau rôle, elle a été appelée à opérer une transformation majeure du portefeuille d’actifs immobiliers de cette division qui va être intégrée à la fin d’avril aux activités courantes de la Caisse.

« Je voulais donner une dernière entrevue et rencontrer la communauté d’affaires [lundi midi au Cercle canadien de Montréal] pour bien finir les choses, pour expliquer ce qu’on a réalisé en quatre ans. Je le dois à nos équipes, à la Caisse, aux Québécois…

« Lorsque Michael Sabia m’a nommée en octobre 2019 et que Charles Emond m’a confirmée dans mon rôle en janvier 2020, ils m’ont donné le mandat de transformer Ivanhoé Cambridge, c’est ce qu’on a fait », explique la PDG sortante.

On le sait, la division immobilière de la Caisse était surexposée aux secteurs des centres commerciaux et des immeubles de bureaux, et ce, bien avant que n’éclate la pandémie, prise avec un héritage de la fin des années 1980 lorsque la Caisse avait racheté Ivanhoé Cambridge de l’empire de la famille Steinberg.

Lorsque Nathalie Palladitcheff est devenue PDG en 2019, Ivanhoé Cambridge avait généré des rendements inférieurs à son indice de référence sur des périodes de cinq et de dix ans. En 2023, la division immobilière affichait encore un rendement inférieur à son indice sur les cinq dernières années.

« Mais on a réussi à battre l’indice au cours des trois dernières années, on va bientôt le surpasser sur cinq ans », me précise la PDG.

Depuis 2020, les équipes d’Ivanhoé Cambridge ont réalisé pas moins de 300 transactions qui ont totalisé 50 milliards. Le poids des centres commerciaux dans le total des actifs immobiliers est passé de 23 % à 11 %, même chose pour les immeubles de bureaux.

« On a divisé en deux notre exposition aux centres commerciaux et aux immeubles de bureaux et on a multiplié par deux notre exposition aux secteurs de la logistique et du résidentiel, deux secteurs en forte progression. Malgré la pandémie, on a décidé d’accélérer notre transformation en dépit d’une certaine baisse de valeur », explique la PDG.

Au terme de toute cette activité et malgré un rendement négatif de 6,2 % du portefeuille immobilier de la Caisse en 2023 (meilleur que les -10 % de l’indice de référence…), Ivanhoé Cambridge a haussé de 5 milliards la valeur nette de ses actifs, qui sont passés de 40 milliards en 2019 à 45,6 milliards en 2023.

Après la transformation, l’intégration

Outre la vente de nombreux centres commerciaux, Ivanhoé Cambridge s’est engagé dans la transformation de certains d’entre eux au Canada en recyclant d’anciens espaces commerciaux en centres de logistique ou en complexes résidentiels, comme elle a entrepris de le faire dans son projet des Galeries d’Anjou.

« On veut en faire des actifs multi-usages avec du transport, du résidentiel et des commerces et réduire ainsi l’empreinte carbone de ces sites », souligne la PDG.

Est-ce que Nathalie Palladitcheff aurait pu poursuivre son implication à la Caisse de dépôt une fois réalisée l’intégration du nouveau portefeuille immobilier aux activités courantes de l’institution ?

« J’avais le mandat de transformer le portefeuille et c’est le temps de passer le relais. Je vais rester jusqu’à la fin du processus pour assurer l’intégration des équipes au sein de la Caisse de dépôt et accompagner ceux qui vont devoir partir. »

« On va devenir plus efficace en regroupant les activités de ressources humaines, de communications, de technologies de l’information au sein d’une seule entité », observe-t-elle.

Déjà lorsqu’elle s’est jointe à Ivanhoé Cambridge comme cheffe de la direction financière, en 2015, le groupe immobilier comptait 1500 employés. Ce nombre a été réduit à 490 aujourd’hui et sera encore réduit une fois l’intégration complétée.

« Nous sommes sortis de l’opération immobilière pour nous concentrer sur notre rôle d’investisseur. En 2021, on a sous-traité nos 330 employés qui opéraient les centres commerciaux au Canada au groupe américain JLL. J’ai vérifié récemment et nos 330 ex-collaborateurs sont encore tous en poste », souligne la PDG.

Même si elle quitte ses fonctions dans un mois, il n’est pas question pour Nathalie Palladitcheff de réduire la cadence et de profiter d’un moment de répit. Elle souhaite mettre à profit la vision qu’elle a développée au cours des différentes expériences de transformation d’organisations qu’elle a vécues durant sa vie professionnelle.

Est-ce que son expérience transformationnelle chez Ivanhoé Cambridge pourrait lui servir pour réorganiser le système de santé québécois en prenant la direction de Santé Québec, où toutes les rumeurs semblent la conduire ?

« Je suis concentrée sur le mandat que je termine et je veux accompagner nos équipes jusqu’à la fin, mais je n’ai pas l’intention de me retirer après. J’ai le goût de continuer à contribuer à la société qui nous a si bien accueillis, ma famille et moi », répond de façon très ouverte la PDG.