Tous les vendredis, un décideur se dévoile dans notre section. Cette semaine, Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ) depuis 2020, répond à nos questions.

Un mauvais patron, c’est quoi ?

J’aurais tendance à penser qu’un mauvais patron, c’est quelqu’un qui est fermé, qui n’est pas ouvert aux idées des autres, aux changements. Quelqu’un qui pense qu’il a le monopole de la vérité et qui est égoïste.

Un conseil que vous êtes content de ne pas avoir écouté ?

En arrivant au Conseil du patronat, quelqu’un m’avait dit qu’il fallait que je change ma personnalité par rapport à mon rôle. Je suis content de ne pas l’avoir écouté parce que les gens démasqueraient vite que ce n’est pas la vraie personne qu’ils voient devant eux. On me suggérait d’être moins extraverti, moins intense, moins passionné. On ne peut pas changer la personnalité qu’on a après 50 ans, alors c’est non ! Je suis une personne engagée, spontanée, passionnée et intense, mais je suis également une personne empathique et à l’écoute de l’autre, ouverte et transparente.

Quel autre emploi auriez-vous aimé occuper ?

Médecin. Parce que j’ai toujours été interpellé par ce que les autres vivent. J’ai beaucoup d’empathie, et les médecins arrivent à faire du bien pour les autres. Quand j’étais tout petit, ce n’était pas bien compliqué, j’allais faire des affaires, j’allais devenir un homme d’affaires comme mon père. Ma voie était tracée, alors je suis allé à l’école avec ça en tête. Cette question-là de la médecine m’est plutôt venue autour de la trentaine. Je me questionnais sur différentes options et, à ce moment-là, j’avais songé à la médecine. Je m’étais même informé, mais malheureusement, j’avais fait des choix dans mes cours précédents, que ce soit au secondaire ou à l’université, qui me faisaient partir de pas mal trop loin.

Avez-vous un talent caché ?

J’aime beaucoup cuisiner. Je n’ai pas un talent particulier, mais je ne m’arrête à rien. Il n’y a pas grand-chose que je ne fais pas en cuisine et si je ne sais pas, eh bien, je regarde dans les livres de recettes ou sur l’internet et, généralement, ça donne des résultats intéressants. Et j’aime beaucoup jardiner, c’est un intérêt que j’ai pris de ma mère. J’ai une plante à la maison, ça fait 32 ans que nous l’avons. Elle a des petits problèmes de pucerons régulièrement, je nettoie les feuilles une par une avec des produits. Ma femme me trouve très patient. J’ai le pouce vert et le pouce culinaire !

Y a-t-il une application sur votre cellulaire dont vous ne pourriez plus vous passer ?

Je ne dis pas ça pour vous faire plaisir, c’est La Presse. Systématiquement, quand j’ouvre mon téléphone, c’est l’application de La Presse, les nouvelles en continu. Ça me permet de voir ce qui s’est passé et c’est la même chose avec la tablette, je regarde La Presse+.

Avez-vous un objet significatif sur votre bureau de travail ?

Il est au bureau à la maison. C’est une œuvre qui représente une main avec le pouce dans les airs que mon épouse m’a achetée. Ça vient démontrer, peut-être, un type de personnalité. Quand il y a des problèmes, pour moi, il y a des solutions. J’ai souvent le pouce dans les airs. Et dans ma voiture, depuis au moins 20 ans, j’ai un petit tigre que mes garçons m’avaient donné parce que j’aime beaucoup Rocky et la chanson Eye of the Tiger. Il est rendu pas mal sale, mais c’est un porte-bonheur.

Comment faites-vous pour trouver des idées ?

Je suis toujours en mode alerte, en mode recherche de solutions. J’oserais dire que je suis une machine à génération d’idées. Ça se fait en parlant, en écoutant la radio, les informations, en faisant du vélo, en cuisinant, en jardinant. Quand je pense à quelque chose, je me mets une note, j’ai des Post-it un peu partout. C’est justement pour ça que nous avons créé un poste spécial de développement stratégique au CPQ, pour être capables d’évaluer ces idées-là. Est-ce que c’est possible, réalisable ?

Quelles sont votre pire habitude et votre meilleure habitude ?

Mon plus grand défaut, je vous dirais, c’est d’avoir mon téléphone 24 heures sur 24. Je dis toujours aux gens que mon téléphone n’est jamais plus loin que mon bras. Alors si vous avez besoin de moi, n’hésitez pas, et si je ne vous réponds pas, c’est parce que je dors. Ma meilleure habitude, c’est peut-être d’être disponible pour les gens, que ce soit la famille, les connaissances, les amis. Je considère que je suis très, très, très disponible.

Y a-t-il un livre ou un film que vous aimez recommander ?

Je suis un gars d’émotions, alors j’aime les films d’émotions. Je dis souvent Rocky. Les Rocky, c’est toujours des films qui viennent me chercher. J’aime les films d’action avec des héros ou des gens qui se sacrifient pour les autres ou qui sont sous-estimés. Ça vient me chercher. Je ne suis pas un grand lecteur, pour moi c’est un effort parce que je suis plus dans l’action. Mais il y a un écrivain qui m’a particulièrement touché, c’est David Goudreault. Ses livres sont colorés, différents, ça t’emmène ailleurs. Je pense surtout à Ta mort à moi et Maple. J’aime beaucoup ce genre d’écriture là.

Quel a été votre meilleur investissement ?

Ça n’a rien à voir avec l’argent. C’est ma famille, ma femme, mes enfants. Et là, je suis rendu grand-père. Je dis souvent qu’en affaires, en politique ou peu importe, ce qui était important avant c’était la famille, ce qui est important pendant c’est la famille, et ce qui est important après, ce qui reste, c’est la famille. C’est mon meilleur investissement et, aujourd’hui, j’en tire les bénéfices parce que nous sommes une famille qui est très proche. Nos quatre garçons sont tous proches de nous physiquement et émotivement, et ça nous permet de pouvoir profiter de leur présence sur une base régulière. Ça me rend très fier.

Qui est Karl Blackburn ?

• Né le 27 décembre 1967 à Chicoutimi, il est président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec depuis 2020.

• Après avoir été député libéral de Roberval (2003 à 2007), il a été organisateur puis directeur général du parti. Il a quitté la politique pour devenir directeur principal, affaires publiques et relations gouvernementales pour le Canada, chez Produits forestiers Résolu.

• S’implique dans Centraide du Grand Montréal, en plus d’être membre de plusieurs conseils d’administration, dont ceux de Forces Avenir, de la fondation Je marche vers mon avenir et du Centre de robotique et de vision industrielles (CRVI).

• Titulaire d’un baccalauréat en administration, option droit et gestion, de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), et diplômé de l’ELS International Language School de Londres