Les employeurs québécois planifient des augmentations salariales d’environ 3,7 % en moyenne en 2024, selon une enquête sur les projections salariales réalisée par la firme Normandin Beaudry.

Les employeurs se trouvent dans un « drôle de contexte » tandis qu’ils doivent jongler avec l’inflation, la rareté de main-d’œuvre, mais aussi un ralentissement économique, constate Anna Potvin, associée et cheffe de la pratique rémunération chez Normandin Beaudry. « Je dirais que les organisations ont une approche d’optimisme prudent », décrit-elle en entrevue.

La rareté de main-d’œuvre préoccupe un peu moins les employeurs, tandis que des réductions d’effectifs ont eu lieu dans certaines industries, comme le jeu vidéo, les technologies ou les services financiers. L’enjeu n’a toutefois pas disparu de l’écran radar des organisations.

« Trouver les talents, c’est un petit peu plus facile peut-être que l’année passée, répond-elle. On entend que c’est plus facile de recruter, qu’il y a un peu plus d’opportunités d’aller chercher des talents.

« Par contre, disons qu’on a un congé de maternité à remplacer, j’entends que c’est encore très difficile de trouver quelqu’un pour une période temporaire parce qu’on est encore dans une situation de plein emploi, pour l’instant », ajoute l’associée.

Au Québec, le budget des employeurs table sur des augmentations de 3,7 % en 2024, selon l’enquête effectuée auprès de 296 organisations dans la province.

Les prévisions budgétaires sont ainsi légèrement plus élevées au Québec que dans le reste du pays. Au Canada, le budget d’augmentations salariales projetées est de 3,6 %, selon l’enquête faite auprès de 430 organisations à travers le pays.

Même si l’inflation se tempère, le rythme des augmentations salariales demeure plus élevé qu’avant le retour en force de l’inflation. « On était généralement sous la barre du 3 %, puis c’était entre du 2,4 % et 2,7 %. À 2,8 %, c’était une grosse année. Il y a quand même un écart significatif par rapport à ce qu’on pouvait voir avant 2021. »

Les employeurs du Québec prévoient aussi un budget supplémentaire de 1,1 %. Cette enveloppe pourrait servir à faire des ajustements ponctuels, augmenter la rémunération des personnes les plus performantes ou fidéliser les employés jouant un rôle stratégique.

C’est au Québec que le budget supplémentaire des employeurs est le plus élevé. En comparaison, ce chiffre est de 0,9 % au Canada et de 0,8 % en Ontario.

Mme Potvin estime qu’on ne peut expliquer cette situation par un seul facteur. Elle souligne toutefois que le taux de chômage est plus bas au Québec que dans le reste du pays. « C’est peut-être une des raisons, probablement pas la seule. »

En décembre, le taux de chômage était de 4,7 % au Québec, comparativement à 5,8 % pour l’ensemble du pays, selon les données de Statistique Canada.

Dans sa pratique, Mme Potvin a vu de nombreuses organisations déployer des offensives pour attirer des employés. « Depuis deux ans, avec les clients qu’on accompagne, il y en a beaucoup qui offrent différents éléments pour attirer des employés, comme des primes d’engagement, par exemple. »