Après avoir mené un « examen complet » des activités de la Banque Laurentienne cet automne pour évaluer l’impact des récents évènements survenus au sein de l’organisation, l’agence de notation de crédit DBRS Morningstar décote l’institution financière québécoise.

La cote de crédit de la Laurentienne passe de A (faible) à BBB (élevé) avec perspectives « négatives ».

Cette décision pourrait avoir une incidence sur les coûts d’emprunt de la banque. Une note de BBB signifie que la capacité d’une entreprise à s’acquitter de ses obligations financières est acceptable, mais qu’elle peut être vulnérable à des évènements futurs.

Les investisseurs s’appuient sur les cotes de crédit des entreprises pour se faire une idée de la manière dont les titres de créance doivent être évalués.

La décote et les tendances négatives reflètent l’opinion de DBRS selon laquelle la solidité de la franchise et les perspectives de rentabilité de la Laurentienne se sont « considérablement affaiblies », avec une visibilité « limitée sur la trajectoire stratégique à long terme de la banque ».

DBRS avait indiqué en octobre qu’elle entreprenait un examen de révision pour évaluer en détail l’impact, notamment, des départs de la PDG Rania Llewellyn, du président du conseil d’administration Michael Mueller, ainsi que de la panne informatique qui a touché les services bancaires de l’organisation en septembre.

L’agence de notation de crédit souligne que la capacité de la banque à améliorer ses bénéfices et ses perspectives de croissance à court et à moyen terme sera probablement affectée par le départ inattendu et soudain de Rania Llewellyn et la succession rapide de départs d’autres dirigeants alors que l’incertitude liée au plan stratégique persiste.

Environnement opérationnel

DBRS précise que la banque fait face à ces changements et à des problèmes opérationnels dans un environnement économique incertain, avec des vents contraires de plus en plus forts.

« En conséquence, l’environnement opérationnel difficile rendra probablement plus compliquée l’exécution d’un nouveau plan stratégique », lit-on dans le rapport de DBRS publié au cours du week-end.

Appelée à réagir à la décision de DBRS, la direction de la Laurentienne répond que la banque dispose de « solides » niveaux de capital et de liquidités.

Nous avons récemment mis en œuvre des changements organisationnels afin de nous concentrer encore davantage sur nos clients, en rationalisant nos processus et nos services pour mieux répondre à leurs besoins.

Merick Séguin, porte-parole de la Banque Laurentienne

« La banque a récemment introduit trois priorités stratégiques : être davantage centrée sur le client, améliorer son efficacité et investir dans des systèmes technologiques fondamentaux afin d’assurer le succès durable de la Banque Laurentienne », ajoute-t-il.

L’équipe de direction révisera son plan stratégique au cours des prochains mois. Ce plan révisé sera présenté au printemps.

Rehaussement possible

DBRS pourrait rehausser les perspectives de « négatives » à « stables » si la nouvelle équipe de direction démontre une amélioration soutenue de la position de la franchise et de la performance financière tout en maintenant un profil de risque similaire.

Inversement, précise DBRS, d’autres erreurs opérationnelles ou un échec dans l’exécution des initiatives stratégiques conduisant à une nouvelle détérioration de la solidité de la franchise et des profits entraîneraient un abaissement de la cote.

La Laurentienne est dirigée par Éric Provost depuis le début d’octobre. Les changements à la direction et la panne sont survenus après que la banque a annoncé, à la mi-septembre, avoir conclu l’examen de ses options stratégiques en excluant une vente potentielle.

Dans un effort de réduction des coûts, la Laurentienne a annoncé au début du mois le licenciement de 2 % de son effectif, c’est-à-dire 55 employés.

L’agence de notation de crédit Standard & Poor’s avait de son côté révisé en octobre les perspectives de la Laurentienne en les faisant passer de « stables » à « négatives », tout en réaffirmant la cote de crédit globale de la banque à BBB.