Facture plus salée et guerre de prix dans les supermarchés. Faire l’épicerie en 2024 ne sera visiblement pas une sinécure alors qu’une famille composée de quatre personnes pourrait débourser en moyenne 313,40 $ par semaine pour un montant annuel de 16 297,20 $, une augmentation de 701,79 $ par rapport au total prévu pour 2023.

Aller au supermarché engendrera encore des dépenses supplémentaires avec une hausse du prix des aliments pouvant aller jusqu’à 4,5 % à travers le pays, selon les prédictions contenues dans le Rapport sur les prix alimentaires au Canada 2024, publié ce jeudi.

Le pain, les légumes ainsi que la viande contribueront essentiellement à faire gonfler le prix du panier d’épicerie. Ils représentent les catégories d’aliments qui devraient enregistrer la plus forte hausse de prix avec une augmentation variant entre 5 % à 7 %.

« Cette hausse anticipée des prix alimentaires peut être principalement attribuée à l’augmentation du coût des intrants, à l’accroissement des frais de transport et aux effets néfastes du changement climatique sur le rendement des cultures », peut-on lire dans l’étude réalisée conjointement par l’Université Dalhousie, l’Université de la Colombie-Britannique, l’Université de Guelph et l’Université de la Saskatchewan.

Guerres de prix à prévoir au Québec

Dans la Belle Province, où la hausse anticipée sera inférieure à la moyenne canadienne — avec une augmentation des prix variant entre 2,5 % et 3,5 % — les différentes enseignes risquent de se livrer une féroce bataille de prix, croit Sylvain Charlebois, directeur principal du laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie.

J’ai l’impression qu’en 2024, il va avoir des guerres de prix. Il y a vraiment un vent d’économie qui souffle partout au Québec. Les consommateurs sont programmés pour épargner.

Sylvain Charlebois, directeur principal du laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie

« Si on retourne aux années 1980 où les gens n’achetaient rien si ce n’était pas en solde, c’est un peu ça qui va se passer en 2024, ajoute-t-il. On voit que les épiciers se préparent pour combattre le chef de file de la déflation qui est Walmart. »

Les auteurs du rapport indiquent d’ailleurs que cette « déflation légère » pourrait se traduire par des prix plus bas pour de nombreux produits alimentaires essentiels.

Depuis la dernière année, 6 aliments sur 10 vendus en épicerie sont en promotion, révélait la semaine dernière Francis Parisien, vice-président principal, ventes PME Canada pour NielsenIQ, au cours d’une conférence intitulée Le consommateur à l’heure des choix, présentée dans le cadre d’un évènement organisé par le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ).

« Une proportion de 57,7 %, on n’a jamais vu ça ! On n’a jamais vu autant d’activités promotionnelles », avait-il alors affirmé.

Moins de dépenses en 2023… malgré les hausses de prix

Fait intéressant : si les prix ont augmenté cette année, les consommateurs ont dépensé moins à l’épicerie que ce qu’avaient prédit les experts. « Sur la base des prévisions pour 2023 et des données du rapport de l’année dernière, les dépenses annuelles totales d’une famille (…) devaient à l’origine s’élever à 16 288,40 $, sur la base de ce que nous considérions comme un régime alimentaire sain, ont-ils écrit. Toutefois, cette année, compte tenu des habitudes de consommation réduites des Canadiens, une estimation plus précise des dépenses annuelles d’une famille de quatre personnes au cours de l’année écoulée est de 15 595,40 $. En d’autres termes, les ménages ont dépensé 693 $ de moins en raison des changements dans leurs habitudes d’achat, malgré la hausse des prix des denrées alimentaires. »

Que s’est-il passé ? Les consommateurs se sont-ils privés en arpentant les allées d’épicerie ? Pas nécessairement, répond M. Charlebois. « Soit que les gens gaspillent moins, ou qu’ils trouvent d’autres canaux d’approvisionnement », dit-il en rappelant qu’un grand nombre de Canadiens ont eu recours aux banques alimentaires pour compléter leur épicerie.