(Montréal) L’Administration portuaire Vancouver-Fraser a indiqué lundi que les volumes globaux de fret avaient chuté de 3 % l’an dernier, alors que l’économie mondiale commençait à montrer des signes de ralentissement.

Même si les exportations de céréales et d’engrais ont bondi au second semestre, les gains n’ont pas suffi à contrebalancer un départ hésitant attribuable à une faible récolte et aux problèmes persistants de chaîne d’approvisionnement, a expliqué l’autorité portuaire.

Après plus d’un an d’augmentation du trafic de conteneurs, les importations ont également chuté de 4 % en raison d’une plus faible demande des consommateurs et de stocks excédentaires, a souligné le chef de la direction de l’autorité portuaire, Robin Silvester, lors d’un entretien téléphonique.

Malgré la baisse, il a souligné qu’une plus grande capacité était « désespérément nécessaire » en raison de l’augmentation du commerce et des prévisions démographiques. Un nouveau terminal à conteneurs qui augmenterait cette capacité de près de 50 %, surnommé le projet du terminal 2 de Roberts Bank, a reçu l’approbation du cabinet fédéral le mois dernier.

Même s’il s’agissait d’une étape critique pour le projet, ce dernier devra encore obtenir divers permis pour aller de l’avant. Un feu vert du ministère des Pêches et des Océans devrait prendre au moins un an, a-t-il ajouté, avec des permis également nécessaires du bureau d’évaluation environnementale de la Colombie-Britannique.

Les croisières ont été l’une des activités à connaître un retour en force après une interruption pandémique de deux ans, avec un nombre record de 307 navires qui ont jeté l’ancre dans la ville – bien que le nombre de passagers ait encore chuté de 24 % par rapport à 2019.

La vague des navires de croisière ne montre aucun signe de reflux, a souligné M. Silvester depuis son bureau au bord de l’eau, où le Grand Princess, le Koningsdam et le Norwegian Jewel étaient visibles par la fenêtre. Pendant ce temps, une récolte céréalière exceptionnelle en 2022 ainsi qu’une forte réduction de l’offre en Russie et en Biélorussie – des retombées de l’invasion de l’Ukraine – annoncent une augmentation des expéditions de céréales cette année.

Mais le trafic de conteneurs au Canada a continué de diminuer alors que les Canadiens resserrent leurs budgets, dans un contexte de taux d’intérêt plus élevés et d’inflation soutenue.

En mars, les volumes de conteneurs à travers le pays ont chuté de près de 12 % d’une année à l’autre, selon la Banque Nationale.

« Nous avons toujours de plus faibles dépenses de consommation. Et nous entendons certainement aussi parler de congestion dans la chaîne d’approvisionnement avec des entrepôts pleins dans les principales zones de population autour de Toronto et de Montréal, les stocks ne traversant pas par le système aussi rapidement que d’habitude », a ajouté M. Silvester.

Le lent déplacement des conteneurs reflète une production économique à la traîne – les chiffres préliminaires de Statistique Canada suggèrent que l’économie s’est contractée de 0,1 % en mars.

« Le commerce des conteneurs suit normalement assez étroitement le produit intérieur brut (PIB). Ainsi, lorsque nous constatons une baisse du PIB, nous nous attendons à voir le commerce des conteneurs diminuer », a expliqué M. Silvester.

Greg Rogge, directeur des opérations terrestres de l’autorité portuaire, a indiqué en mars, dans une entrevue, que le port s’attendait à ce que le trafic de conteneurs chute de 2 % à 3 % cette année.

Éléments positifs à l’horizon

Néanmoins, le port a traité l’année dernière son deuxième volume annuel de conteneurs le plus élevé jamais enregistré, a noté M. Silvester – bien que 28 % d’entre eux soient vides, contre 18 % en 2020. Cette proportion plus élevée est attribuable à la baisse des exportations de céréales et à la hausse des taux de fret, a indiqué le port.

Pendant ce temps, une grève de 12 jours de plus de 150 000 fonctionnaires fédéraux – maintenant terminée pour la majorité après l’annonce d’un accord de principe – a déjà commencé à ébranler le fret conteneurisé, dont une plus grande partie se dirige vers les ports de la côte est via le canal de Panama, a ajouté M. Silvester.

« Les lignes maritimes sont toujours inquiètes du risque de voir des conteneurs coincés derrière la ligne de piquetage », a-t-il affirmé.

Malgré les obstacles persistants de la chaîne d’approvisionnement et une économie au point mort, M. Silvester a mis en évidence des éléments positifs à l’horizon à court terme.

« À ce stade, 2023 devrait être une année solide avec des volumes de céréales très importants grâce à la reprise après la sécheresse de 2021 », a-t-il noté, ajoutant que le trafic de potasse et de charbon sidérurgique restait des ressources demandées.

L’année dernière, le volume global de fret a reculé à 141,4 millions de tonnes, contre 146,5 millions de tonnes en 2021.

Les expéditions d’engrais ont augmenté de 13 %, tandis que celles de charbon et de produits pétroliers ont augmenté de 6 % chacun, selon le port. Le trafic de produits des secteurs de la construction et des matériaux a bondi de 15 %.

Les expéditions de céréales ont chuté de 23 % et celles des produits forestiers, de 7 %.