(Québec) L’incapacité du Québec d’attirer l’usine de batteries de Volkswagen en raison d’un manque d’électricité dans la région de Montréal pousse le gouvernement Legault à envisager l’érection de nouvelles lignes de transport électriques vers la métropole.

« L’électricité est là. […] C’est de l’emmener à Montréal, le problème. Ce n’est pas tellement d’avoir d’autres sources que de la transporter. Je pense qu’on va devoir aujourd’hui, et le Québec est d’accord, commencer en amont à dire où on va développer des lignes de transmission excédentaires puissantes pour qu’on puisse être prêt à avoir des projets », a lancé le ministre de l’Énergie Pierre Fitzgibbon jeudi lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale.

Le ministre était questionné sur des propos qu’il a tenus mardi sur les ondes de Radio-Canada, pour expliquer le fait que la multinationale Volkswagen avait choisi de s’établir en Ontario : « Si on avait eu le courant électrique, on aurait été au rendez-vous, mais on ne l’avait pas. »

Or, comme l’écrivait La Presse1, Hydro-Québec a de l’énergie disponible, sauf que les exigences de l’entreprise et les délais très courts pour y répondre ont rendu toute entente impossible.

Volkswagen voulait un immense terrain de 640 hectares, soit l’équivalent de 1400 terrains de football, et 700 mégawatts d’énergie sur les lieux, dans un très court laps de temps. Le rehaussement du réseau de transport qui aurait été requis n’aurait pas pu être réalisé à temps « en fonction de l’échéancier agressif du promoteur », a expliqué Hydro-Québec.

Il était impossible de se conformer aux demandes du constructeur automobile, a expliqué le ministre.

Pénurie de main-d’œuvre

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le ministre de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon

Je ne suis pas un magicien, je suis juste ministre de l’Énergie.

Pierre Fitzgibbon

M. Fitzgibbon a cependant soutenu que l’entreprise aurait pu s’établir au Saguenay–Lac-Saint-Jean ou à Sept-Îles. Dans ces régions, le réseau électrique est suffisant. Mais dans ce cas-ci, c’est la pénurie de main-d’œuvre qui rendait la proposition caduque. L’entreprise avait besoin de 4000 à 6000 travailleurs. Il aurait fallu beaucoup d’« audace » pour promettre à Volkswagen d’attirer autant de personnes à Sept-Îles, a dit le ministre.

« La discussion n’a pas été longue. Ils ont dit : “Voici ce qu’on veut.” On a dit : “On ne peut pas le faire.” On peut le faire au Saguenay, à Sept-Îles, mais ils voulaient Montréal », a-t-il expliqué.

Objectif 2050

Du côté d’Hydro-Québec, on souligne également que la capacité du réseau électrique de la grande région de Montréal devra être mise à jour. « Selon les prévisions récentes d’Hydro-Québec, la demande québécoise d’électricité augmentera de 25 térawattheures (TWh) au cours des 10 prochaines années. […] Il faudra donc accroître de manière importante la production d’électricité dans le futur, mais aussi la capacité de transport sur le réseau », note Caroline Des Rosiers, porte-parole d’Hydro-Québec.

Et c’est sans compter la volonté affichée du gouvernement Legault et d’Hydro-Québec de hausser de façon importante la production d’énergie d’ici 2050 pour électrifier l’économie québécoise – un ajout de 100 TWh en 2050. « Cette production supplémentaire devra être transportée jusqu’à nos clients, à travers une grande partie du territoire québécois, ce qui impliquera de moderniser le réseau et d’ajouter des lignes de transport », note-t-elle.

Lisez l’article « Il y a assez d’électricité pour Volkswagen, selon Hydro-Québec »