(New York) Les deux compagnies aériennes saoudiennes, Saudia et la toute nouvelle Riyadh Air, ont chacune commandé mardi à Boeing 39 long-courriers 787 Dreamliner, et posé des options pour 43 appareils supplémentaires, dans l’objectif de faire du pays une plateforme majeure du trafic aérien dans le Golfe.

En comptant les options, il s’agit de la cinquième plus grosse commande en valeur jamais enregistrée pour Boeing, qui n’a toutefois pas souhaité préciser le montant. Selon la Maison-Blanche, elle s’élève au total à 37 milliards de dollars.  

La monarchie pétrolière, dans le cadre du programme de réformes de son prince héritier, Mohammed ben Salmane, ambitionne d’ici 2030 de transporter, via ces deux compagnies, 330 millions de passagers par an. Et d’ainsi mieux rivaliser avec les autres grands aéroports du Golfe, à Dubaï, Doha et Abou Dabi.

Le pays a, à cette fin, annoncé dimanche la création d’une deuxième compagnie, Riyadh Air, détenue par le fonds souverain du royaume, PIF, et basée à Riyad, où se construit un nouvel aéroport.  

La commande ferme de 39 appareils et l’option pour 33 avions supplémentaires, « signale clairement que l’Arabie saoudite a l’intention de devenir une plaque tournante de l’aviation mondiale », a souligné PIF dans un communiqué.

Le patron de Riyadh Air et ancien directeur de la compagnie émiratie Etihad Airways, Tony Douglas, a relevé dans une interview sur la chaîne CNBC que « l’ambition du royaume [était] énorme », la compagnie ayant notamment pour objectif de desservir 100 destinations en 2030.

« Pour éviter tout doute, il y aura d’autres commandes », a-t-il ajouté.

La compagnie existante Saudia, qui selon son site internet opère actuellement 93 avions Airbus et 51 avions Boeing, espère, en étoffant sa flotte, étendre son réseau. Elle est basée dans la ville côtière de Jeddah, qui accueille chaque année des millions de musulmans effectuant les pèlerinages à La Mecque.

Sur un marché régional généralement considéré comme « saturé » par les analystes, les transporteurs saoudiens ont l’avantage, par rapport à leurs concurrents Emirates, Etihad ou Qatar Airways, de pouvoir compter sur un marché intérieur d’environ 35 millions d’habitants.

Partenariat stratégique

La Maison-Blanche a salué cet accord, finalisé « après des années de discussions, et d’intenses négociations au cours des derniers mois ». Des officiels américains sont intervenus, a indiqué le secrétaire d’État américain Antony Blinken dans un communiqué séparé.

Les relations entre Washington et Riyad se sont parfois tendues ces derniers temps, notamment en octobre quand le président américain Joe Biden a promis des « conséquences » après la décision de l’Arabie saoudite d’abaisser sa production de pétrole.  

C’est un « partenariat stratégique » depuis 80 ans entre les deux pays, et il est ponctué « de hauts et de bas », a souligné John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, lors d’un point presse. L’administration veille à ce qu’il soit « dans l’intérêt de la sécurité » des États-Unis, a-t-il ajouté.

Ce partenariat « durable » passe par « la coopération dans différents domaines, tels que les transports », a relevé de son côté l’ambassadrice saoudienne à Washington, la princesse Reema Bandar Al-Saoud, en saluant un accord symbolisant « la solidité des liens commerciaux » entre les deux pays.

Le patron de Boeing, Dave Calouhn, a assuré sur CNBC que le constructeur, qui peine actuellement à monter en cadence en raison de fournisseurs encore affectés par les conséquences de la pandémie, serait en mesure de répondre à la commande.

« La situation s’améliore » et « nous sommes convaincus […] que nous pourrons atteindre les rythmes de production » que le groupe s’est fixés fin 2022, à savoir la construction de 10 avions 787 par mois d’ici 2025 ou 2026, a-t-il affirmé.

Le constructeur n’a cependant pas précisé quand les avions sont censés être livrés.  

Il n’a pas indiqué non plus comment les commandes se répartissaient entre les versions 787-9 et les 787-10. Ces modèles sont respectivement vendus à 292 millions de dollars et 338 millions l’unité selon les derniers prix catalogues transmis par Boeing en 2019, qui ne sont toutefois jamais appliqués en raison des ristournes consenties.

Boeing a, en revanche, précisé qu’ils seront tous équipés de moteurs General Electric (GE).

À la Bourse de New York, l’action de Boeing montait en fin de séance de 1 % et celle de GE de 1,6 %.