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Le travail hybride : la révélation la plus extraordinaire issue de la pandémie ? Le bouton à quatre trous, le pain tranché… puis le télétravail qui vient ensuite ?

Tout d’un coup, les employés disent atteindre l’équilibre travail-vie parfait et même être plus performants. Au point qu’un employeur qui exige de son équipe d’être entièrement en présentiel, ou même seulement trois jours au bureau, fait face à un défi de recrutement de taille. Après le salaire, le travail en mode hybride ou en télétravail est l’élément qui fait pencher le plus la balance dans le choix d’une nouvelle occasion professionnelle.

Déjà, avant la pandémie, les employés souhaitaient plus de flexibilité pour concilier travail et vie personnelle. Nous n’imaginions toutefois pas nous rendre à cinq jours à distance du jour au lendemain ! Le choc pandémique semble pourtant vouloir établir le télétravail comme étant LA révélation pour l’humain… alors que c’était une solution de « survie » il n’y a pas si longtemps.

Pendant ce temps, on parle de charge mentale difficile à gérer, d’anxiété, de niveau de stress tellement élevé que la simple idée de se rendre au bureau à l’occasion devient un élément nécessitant une gestion bienveillante.

Et en même temps, il est de plus en plus question d’un sentiment de solitude, de langueur qui nous habite. C’est un fait : plus de gens vivent seuls (ce nombre a doublé au Canada dans les 35 dernières années). Les lieux pour se retrouver sont de moins en moins fréquentés… et maintenant, on croit que placer une population active, chacun de son côté, devant des écrans à longueur de semaine est un concept bénéfique ? Vous me direz que les réseaux sociaux ont remplacé les sorties en groupe et que le tissu social est désormais virtuel. Il y a un peu de vrai là-dedans, mais cette proximité est… virtuelle. Notre vie sociale ne devient qu’un mirage.

Pendant ce temps, les cafés sont bondés de travailleurs qui ont besoin de sortir de chez eux en quête de chaleur humaine. Je me permets – en tant qu’entrepreneure, mais aussi observatrice du milieu du travail – de remettre fortement en question l’abandon de la présence au bureau pour les humains, des êtres intrinsèquement sociaux, qui ont besoin d’énergie, d’échanges et de partages en « vrai » pour s’épanouir pleinement.

J’aimerais proposer un concept qui, depuis la nuit des temps, a permis à l’humain de passer à travers les hauts et les bas de notre Histoire : la propinquité ou la proximité physique et psychologique entre les gens.

Le bureau pourrait-il plutôt devenir un catalyseur du bien-être ? Une équipe qui travaille à résoudre un enjeu, ensemble autour d’une table, c’est un moment d’interaction sociale, et une étude a démontré que l’impact du stress diminue proportionnellement selon le niveau de proximité.

Depuis des années, on parle de leadership collaboratif, participatif, de bienveillance… et si tout cela rimait aussi avec proximité physique et psychologique entre les individus ? Posons-nous la question collectivement : comment favoriser le sentiment d’appartenance et faire preuve d’une véritable inclusion de la diversité tout en n’étant jamais ensemble ?

Les entreprises ont la responsabilité de veiller à la santé mentale de leurs employés. Aussi, au lieu de voir les jours au bureau comme un fardeau, faisons-en plutôt un moment privilégié où nous prenons soin de notre santé sociale. Parfois, la meilleure solution est celle qui nous « tente » le moins… Comme dans la pratique d’un sport : débuter, installer la routine, c’est toujours l’étape la plus difficile à franchir. Après, devant les bienfaits, on se demande pourquoi on n’avait pas commencé plus tôt !

Au lieu de penser que le bureau est un concept dépassé, l’ennemi de l’humain, voyons-le comme un lieu d’interactions favorisant la propinquité… pour notre santé mentale et sociale.